La vague hivernale de COVID se poursuit au Canada

Une vague hivernale de COVID-19 se poursuit au Canada, entraînant une forte augmentation des hospitalisations et des décès, ainsi que l'infection et la réinfection massives de millions de personnes. Bon nombre des personnes infectées souffrent déjà des effets débilitants à long terme du COVID long.

Selon la Dre Tara Moriarty, spécialiste canadienne des maladies infectieuses basée à Toronto, un Canadien sur vingt (environ 1,9 million de personnes) est actuellement infecté par le COVID-19. Les prévisions de la Dre Moriarty pour les deux dernières semaines de 2023 classent chaque province et territoire du Canada dans la catégorie « grave » en ce qui concerne le niveau de risque de surmortalité lié à la maladie.

Le nombre quotidien de lits d'hôpitaux et d'unités de soins intensifs occupés par des patients atteints de COVID-19 a grimpé en flèche depuis le creux de l'été. Au cours des trois derniers mois, les hospitalisations ont atteint leur niveau le plus élevé depuis l'hiver précédent. Selon les données fédérales, au 9 janvier 2024, 4705 patients étaient hospitalisés dans l'ensemble du pays, soit une augmentation de 20 % par rapport aux chiffres d'octobre. La majorité des décès continue de concerner les personnes âgées de 70 ans et plus.

Salle d'urgence d'un hôpital québécois : les patients attendent souvent des heures, voire des jours, sur des civières en attendant d'être pris en charge. [Photo: FIQ/X(Twitter)]

Les experts en santé publique et même le gouvernement fédéral considèrent que les chiffres officiels sont largement sous-estimés. L'échantillonnage des eaux usées, qui a été fortement réduit depuis le démantèlement de toutes les protections de santé publique anti-COVID, ne couvre actuellement que la moitié de la population canadienne. Le peu de données disponibles pour le grand public est délibérément formulé par les autorités en termes opaques, partiels et trompeurs. Les médias n'en parlent que très peu et de manière superficielle, si tant est qu'ils le fassent.

Avec la fin des tests obligatoires et des subventions pour les tests rapides, le dépistage dans la population générale est lamentablement bas, avec quelque 47.644 tests effectués au cours de la semaine se terminant le 16 janvier, couvrant moins de 2 % de la population du pays. L'inexactitude des rapports officiels est telle qu'une étude réalisée en 2022 a conclu qu'en raison des faibles taux de dépistage, le nombre de cas de COVID-19 en Colombie-Britannique pourrait être 100 fois plus élevé que ne le suggèrent les données provinciales.

De plus, les données scientifiques sont censurées par les autorités, y compris le travail de principe de la Dre Moriarty. Les recherches qu'elle a menées en 2022 pour démontrer que les décès dus au COVID-19 sont constamment sous-détectés et sous-déclarés par les autorités dans tout le pays ont été dénoncées par le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, comme relevant de la « désinformation la plus flagrante ».

Il y a donc un quasi-black-out sur les informations avertissant le public des dangers actuels de la pandémie : une dissimulation criminelle pilotée par l'État.

La vague hivernale actuelle est due au variant JN.1, hautement contagieux, qui s'est rapidement propagé à travers les États-Unis pour devenir la souche dominante. À la fin du mois de décembre, le variant JN.1 était à l'origine d'environ 66 % des cas au Canada, selon les données de l'Agence fédérale de santé publique. L'Organisation mondiale de la santé a classé la souche JN.1 parmi les « variants d'intérêt », notant que sa propagation rapide suggère qu'elle est plus transmissible ou qu'elle résiste mieux au système immunitaire que d'autres variants en circulation.

En décembre, l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, Teresa Tam, a reconnu que le COVID-19 ne présentait toujours pas de « saisonnalité » quatre ans plus tard et qu'il « évoluait encore assez rapidement au fur et à mesure qu'il se transmettait dans le monde ». Son aveu met en lumière l'affirmation frauduleuse colportée par les gouvernements capitalistes du monde entier selon laquelle la pandémie de COVID-19 se « stabiliserait » au niveau de l'endémie grâce à la seule stratégie nationale de vaccination.

Tam et le gouvernement libéral de Trudeau, soutenu par le Nouveau Parti démocratique, sont directement responsables de la propagation dévastatrice de la pandémie de COVID-19 qui, selon les chiffres officiels, a tué plus de 57.000 Canadiens. En accord avec leurs homologues des gouvernements provinciaux du Canada et de la communauté internationale, leur réaction tardive à la menace pandémique identifiée en janvier 2020 et l'incitation prématurée au retour au travail qui s'en est suivie ont entraîné des morts en masse dans les maisons de soins de longue durée du pays. Ensuite, au milieu de la vague catastrophique d'Omicron qui a entraîné un nombre record de décès depuis le début de la pandémie, le gouvernement Trudeau a donné le feu vert aux provinces pour démanteler toutes les protections restantes en matière de santé publique. Cette politique homicide du 'laisser-faire', du profit avant la vie, a été mise en œuvre à la demande des grandes entreprises, qui ont utilisé le Convoi de la liberté d'extrême droite, soutenu par le Parti conservateur, pour écraser l'opposition populaire à la levée des mesures d'atténuation du COVID.

Une dissimulation criminelle coordonnée par l'État d'une pandémie qui continue à se développer dans le monde entier, créant des conditions optimales pour l'évolution virale et l'émergence de variants plus mortels, est en bonne voie.

Les efforts de Tam et des grands médias pour présenter le COVID-19 comme étant en passe de devenir une maladie « saisonnière » semblable à la grippe ou même au rhume sont une tentative à peine voilée de normaliser la mort et la débilitation de masse causées par une maladie que l'on peut prévenir. Dans ce cas, ce que l'on entend par « saisonnalité », c'est l'élimination régulière des personnes les plus vulnérables de la société afin de libérer les fonds nécessaires à la poursuite de l'enrichissement des entreprises et à la conduite de la guerre impérialiste à l'étranger.

La dissimulation, qui comprend nécessairement une attaque incessante contre les connaissances scientifiques en matière de santé publique, a rendu pratiquement impossible pour la population de comprendre pleinement son véritable risque d'infection et de prendre les mesures appropriées pour se protéger et protéger les êtres chers. Le port du masque, même dans les établissements médicaux, et la participation à la vaccination dans la population générale n'ont jamais été aussi faibles. Selon le COVID Vaccination Tracker, 82 % des Canadiens ont reçu les deux premières doses du vaccin, mais seulement 50 % sont vaccinés avec une troisième dose. Pire encore, seuls 15 % des Canadiens ont reçu une dose de rappel l'automne dernier.

La vague de l'automne et de l'hiver fait partie d'une explosion de virus respiratoires dangereux, une « triple épidémie » de COVID-19, de grippe et de VRS (virus respiratoire syncytial). Elle a rapidement submergé le système de santé publique canadien qui s'effondre. Les salles d'urgence sont « débordées » dans tout le pays, avec des temps d'attente « jamais atteints », selon un médecin d’expérience des salles d'urgence de Toronto, la ville la plus peuplée du pays. Il a décrit des situations où des patients meurent dans la salle d'attente parce que « nous n'avons pas d'endroit où les mettre ». En Colombie-Britannique, plus de 10.000 personnes sont actuellement soignées à l'hôpital, ce qui constitue un nouveau record effroyable dans cette province de la côte ouest.

En août, une étude publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne a établi qu'en mars 2023, plus de 75 % de la population canadienne avait été infectée par le COVID-19. En juin, Statistique Canada a indiqué que 19 % des adultes canadiens infectés déclaraient souffrir de séquelles débilitantes connues sous le nom de COVID long, un ensemble complexe de symptômes comprenant le brouillard cérébral, la fatigue chronique, l'essoufflement et les maux de tête, et pouvant avoir des effets débilitants sur presque tous les organes du corps.

Le mois dernier, Statistique Canada a indiqué que l'espérance de vie au Canada avait diminué en 2022 pour la troisième année consécutive. Les chercheurs attribuent ce phénomène à l'exposition à de nouveaux variants hautement transmissibles et au « retour progressif à la normale ». En d'autres termes, la politique du « COVID pour toujours » et sa dissimulation criminelle sont en train d'inverser un siècle de progrès presque ininterrompus en matière de santé publique. Le COVID-19 est désormais la troisième cause de décès au Canada, derrière les maladies cardiaques et le cancer.

Alors que nous entrons dans la cinquième année de la pandémie de COVID-19, les élites capitalistes mondiales et leurs représentants politiques ont prouvé hors de tout doute leur totale indifférence à l'égard de la vie des personnes les plus vulnérables de la société. Le panel qui s'est réuni au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le 15 janvier, pour « se préparer » à la prochaine pandémie imminente, nommée de manière inquiétante « maladie X », n'était rien d'autre qu'une réunion d'entreprise pour l'industrie de la santé afin de discuter de la manière dont elle pouvait le mieux tirer parti de la prochaine catastrophe pandémique.

Les horribles atrocités commises contre les Palestiniens de Gaza par le gouvernement israélien soutenu par l'impérialisme soulignent à quel point la normalisation de la mort et de l'affaiblissement dus à des maladies évitables s'est rapidement transformée en formes les plus ouvertes de barbarie.

La lutte contre les catastrophes interdépendantes que sont les pandémies et la guerre mondiale ne peut être résolue dans les limites de l'État national et sous la direction d'un gouvernement capitaliste sociopathe, mais uniquement sur la base de la mobilisation politique de la classe ouvrière mondiale, armée d'un programme socialiste international pour le renversement du capitalisme.

(Article paru en anglais le 22 janvier 2024)

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