Vague massive d’infections au COVID dans toute l’Europe

La pandémie de coronavirus qui se propage de manière incontrôlée à travers l’Europe provoque une flambée des taux de mortalité et fait que les hôpitaux atteignent leurs limites.

Des personnes portant des masques faciaux en attendant un rendez-vous avec un médecin dans un hôpital de Barcelone, en Espagne, le lundi 8 janvier 2024. Une vague massive d'infections au COVID-19 et d'autres virus respiratoires mettent le système de santé à très rude épreuve. [AP Photo/ Emilio Morenatti]

Le 10 janvier, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré: «En décembre, près de 10.000 décès dus au COVID-19 ont été signalés à l'OMS, et le nombre d'admissions à l'hôpital a augmenté de 42 pour cent par rapport à novembre, avec un nombre d'admissions en soins intensifs de 62 pour cent. Cependant, les tendances [sur la mortalité] sont basées sur des données provenant de moins de 50 pays, principalement en Europe et dans les Amériques. Il est certain qu’il y a aussi une augmentation dans d’autres pays qui n’est pas signalée.»

La vague actuelle est principalement alimentée par le variant JN.1 (Juno). C'est une émanation du BA.2.86 (Pirola). Pirola a plus de 20 mutations sur sa protéine de pointe, Juno n’en a qu’une de plus. Cependant, cela rend ce variant nettement plus résistant au système immunitaire.

L’Office britannique des statistiques nationales a également récemment rapporté qu’en plus des symptômes normaux d’une infection à coronavirus, Juno peut également provoquer des problèmes de sommeil et de l’anxiété. Selon l'enquête menée par des scientifiques britanniques, 10,8 pour cent des personnes infectées ont connu des problèmes de sommeil et 10,5 pour cent ont signalé des troubles anxieux.

Ce variant est déjà présent dans de nombreux pays européens, notamment en Islande, au Portugal, en Espagne, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Un certain nombre de pays d’Europe centrale et orientale ont également signalé une augmentation significative des maladies respiratoires à la fin de l’année dernière. En Espagne et en Italie, l’augmentation du nombre de patients fait que les hôpitaux sont arrivés à leurs limites. La vague de COVID coïncide également avec une augmentation des infections à la grippe et au VRS dans toute l’Europe.

Au Royaume-Uni, Juno atteint de nouveaux records. Fin octobre, la part de JN.1 était encore de 1 pour cent, à la mi-novembre elle était de 5 pour cent, mais à Noël, elle était passée à 51,4 pour cent. «Il y a clairement eu une augmentation massive des infections au COVID ces dernières semaines. Cela est sans doute dû à la socialisation à l’intérieur pendant la période des fêtes. Il est également probable que les retours dans les écoles, les universités et les entreprises augmenteront encore ce chiffre», a déclaré le professeur Steve Griffin, virologue à l’Université de Leeds.

Lorsqu’on lui a demandé si le Royaume-Uni pourrait établir un nouveau record ce mois-ci, il a répondu: «Oui, je pense que nous pourrions voir quelque chose de similaire à BA2 [la vague record précédente]». La professeure Christina Pagel, data scientist de l'University College de Londres, s'attend également à ce que les infections augmentent pendant encore une semaine ou deux, «égalant» ou «même dépassant» les vagues record du début de 2020.

En Allemagne, le nombre d’infections a atteint un niveau record à la fin de l’année, avec des taux d’hospitalisation comparables à ceux des vagues précédentes. Même si la vague s'est atténuée au cours des premières semaines de janvier, selon les données de Fluweb, le taux d'incidence reste à 500. Près de 8.000 personnes ont dû être hospitalisées au cours des trois premières semaines de l'année et 1.316 sont déjà décédées.

La situation en Espagne est particulièrement dramatique. Les hôpitaux sont soumis à une pression croissante depuis le début de l’année en raison d’une « triple-démie » de COVID-19, de grippe A et de VRS. Dans une grande partie du pays, les services d’urgence sont fortement surchargés en raison du grand nombre de patients. L'hôpital universitaire La Paz de Madrid, qui traite environ 500.000 patients, ce qui en fait l'un des plus grands hôpitaux d'Espagne, a dû reporter ses opérations pour faire place à de nouveaux patients.

En raison de cette situation dramatique, le gouvernement espagnol a été contraint de réintroduire le masque obligatoire dans les établissements de santé. Cependant, des gouvernements locaux, comme celui du Pays basque, ont réagi en intentant des poursuites judiciaires contre l'obligation de port du masque.

Le nombre croissant de décès dus à la grippe et au COVID-19 exerce même une pression sur les services funéraires. Selon un article paru dans Euro Weekly News, les opérateurs de services funéraires préviennent qu'ils auront du mal à faire face au nombre croissant de décès d'ici la fin janvier.

Manuel Tejadas, responsable de la chaîne de services funéraires Interfunerarias en Catalogne, a déclaré: «Nous sommes débordés. Je n’ai pas vu une telle montée des décès depuis la pandémie.»

Des entassements de cadavres sont également signalés dans les hôpitaux des régions de Madrid et de Valence. «Les hôpitaux nous appellent continuellement pour récupérer les corps et nous sommes très débordés ici», explique Tejadas. Dans certains cas, les familles doivent attendre jusqu'à quatre jours pour des funérailles. C'est deux fois plus long que le délai habituel de 24 à 48 heures.

Les médecins et les journaux locaux italiens préviennent également que les hôpitaux pourraient être submergés par la vague grippe et de COVID. Des centaines de patients doivent attendre des jours avant d’être transférés dans des services hospitaliers normaux ou des unités de soins intensifs. Selon l'Institut national italien de la santé (ISS), les cas d'infections respiratoires ont atteint des niveaux records au cours des deux dernières semaines de 2023, dépassant les périodes correspondantes de la pandémie. Fin décembre, le nombre de décès a culminé à 425 par semaine, et ce chiffre est resté à 371 au cours des premières semaines de janvier.

Foce, l'association italienne des oncologues, cardiologues et hématologues, a lancé un appel en forme de mise en garde au gouvernement italien: «Depuis quelques semaines, nous observons un phénomène d'aggravation du chaos dans nos systèmes d'urgence. Les services d’urgence sont dans une situation cauchemardesque et les services hospitaliers sont ‘assiégés’». Elle poursuit: «Il est clair que l’affirmation faite fin juillet que la pandémie de COVID est «numériquement terminée» n’est pas vraie. Le virus n’a jamais disparu. »

Au Portugal, le ministre de la Santé Manuel Pizarro a lui aussi admis publiquement qu'il était inquiet de l'augmentation des admissions dans les unités de soins intensifs dû aux infections respiratoires. «Le virus provoque des maladies très graves», a-t-il expliqué. Début janvier, les délais d'attente étaient longs, parfois supérieurs à 10 heures, dans les hôpitaux du pays.

Cette nouvelle vague massive de coronavirus est le résultat direct de la politique impitoyable de tous les gouvernements européens en matière de pandémie. Ils font passer les profits avant la vie et la santé de la population et ont depuis longtemps annulé toutes les mesures visant à contenir la pandémie.

La nécessaire lutte contre la pandémie doit donc venir d’en bas et être liée à la lutte contre le capitalisme, et à la réorganisation de la société sur une base socialiste. La seule façon de stopper la pandémie est «une stratégie d’élimination coordonnée à l’échelle mondiale, dans laquelle la population mondiale entière agit en solidarité et avec une détermination collective pour mettre en œuvre un vaste programme de santé publique», a écrit le WSWS dans ses perspectives du Nouvel An.

Et plus loin: «Après quatre années de pandémie, il est tout à fait clair qu’une telle stratégie mondiale ne verra jamais le jour sous le capitalisme mondial, qui subordonne toutes les dépenses publiques de santé aux intérêts insatiables d'une oligarchie financière avide d'argent. L’idée même qu’une maladie doit être éliminée ou éradiquée, une notion centrale en santé publique, a été abandonnée. Ce n’est que grâce à une révolution socialiste mondiale qu’il sera possible de mettre fin à la pandémie et d’arrêter la plongée dans la barbarie capitaliste et la Troisième Guerre mondiale.»

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