Attal présente une discours de politique générale fascisant

Mardi, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal a fait son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Il a présenté un programme d’extrême-droite pour attaquer l’assurance-chômage et la santé, renforcer les forces de l’ordre et leur capacité à cibler les immigrants et les jeunes, et accélérer le retour au service militaire universel sur fond de guerre OTAN-Russie en Ukraine de génocide à Gaza.

Cette politique est dictée par la descente aux enfers du capitalisme dans une Troisième Guerre mondiale. L’année dernière, Macron a attaqué les retraites, malgré une opposition populaire écrasante et des grèves, pour détourner 100 milliards d’euros vers l’armée d’ici 2030. Alors que les bureaucraties syndicales corrompues ont appelé à la fin des manifestations, déclarant que l’opposition à Macron ne devait pas se développer au-delà de leur contrôle, les travailleurs sentent à présent que Macron gouverne contre le peuple.

La politique fascisante d’Attal confirme qu’une confrontation explosive se prépare entre son gouvernement et les travailleurs. Il s’est exprimé au milieu de manifestations des agriculteurs en France et en Europe, d’une grève nationale des cheminots allemands et d’appels à la grève des enseignants et des travailleurs des transports en France. Mais son discours, truffé d’incitations au nationalisme français, n’a fait qu’avancer avec arrogance un programme de réaction sociale.

Attal a commencé son discours en appelant les Français à ne pas perdre confiance dans l’État. Il a dit: «Le propre de toute société humaine, c’est de regarder en face l’avenir qui se dessine devant elle … Une société ne se perd jamais. Quand elle doute, elle perd.» Et d’ajouter que «France rime avec puissance. La France est un repère, un idéal. ... Je ne permettrai pas que notre identité soit diluée ou dissoute».

Ces invocations constantes et nocives du nationalisme ne sont rien d’autre qu’une défense de la volonté de pouvoir de l’oligarchie capitaliste contre le peuple.

Attal a proposé d’attaquer l’assurance-chômage, en supprimant l’ASS pour les chômeurs de longue durée. Ils seront mis au RSA, et les allocataires du RSA seront obligés de travailler au moins 15h par semaine pour leur allocation mensuelle de 607,75€. De nombreux travailleurs devraient ainsi travailler à un salaire inférieur au salaire minimum, effectuant un travail qui ne compterait plus pour leurs retraites.

C’est ce qui explique la promesse d’Attal de «débureaucratiser» et «désmicardiser la France ». Le SMIC est indexé sur l’inflation, qui a bondi, le portant à 1 398,70€ (1 766,92 € HT) mensuel pour un emploi à temps plein. Les salaires mensuels moyens stagnent à 1.880 € pour les employés et 1.940 € pour les ouvriers, contre 4 500 € pour les cadres: des couches de plus en plus importantes de travailleurs sont payées à peine au-dessus du SMIC. Le SMIC risque de ratrapper leurs salaires et d’obliger les employeurs à les augmenter en fonction de l’inflation galopante.

Pour continuer à piller les travailleurs, le gouvernement cherche des moyens pseudo-légaux, au-delà du recours au travail à temps partiel, pour permettre aux capitalistes de faire travailler les ouvriers en-dessous du SMIC.

Attal s’est également engagé à augmenter les coûts des soins de santé, en obligeant les patients à payer les visites médicales manquées et en augmentant le coût des médicaments. Il s’est engagé à attaquer l’Aide médicale d’État (AME), une cible de longue date des néofascistes, qui finance les soins médicaux pour les non-citoyens.

Après les émeutes l’été dernier suite au meurtre par la police d’un adolescent, Nahel, Attal a appelé à renforcer l’État policier. Il a promis d’embaucher 8.500 policiers, de former 238 nouvelles brigades de gendarmerie et d’augmenter le recours aux travaux forcés. Il a proposé de condamner les jeunes de moins de 16 ans à des «peines de travaux éducatifs», et les «parents de jeunes délinquants» que l’État considère comme s’étant «soustraits de leurs responsabilités parentales» à des «peines d’intérêt général».

Alors que les cercles dirigeants européens veulent réintroduire la conscription pour la guerre avec la Russie, Attal s’est engagé à accélérer les projets de Macron pour un service militaire universel. Il les a justifiés en invoquant la nécessité d’unifier la France: «Enfin, notre réarmement civique, c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse, permettre à toute la jeunesse française de former une seule nation. ... C’est le rôle du service national universel. Je commencerai à travailler pour le mettre en œuvre d’ici l’automne 2026».

Attal est ex-membre du PS, qu’il a quitté en 2016 avec Macron, et sans surprise il a évoqué la politique identitaire et la collaboration avec les appareils syndicaux. Il a terminé son discours en soulignant qu’il est non seulement le plus jeune Premier ministre de France, à 34 ans, mais aussi le premier à être ouvertement gay. «Être français en 2024, a-t-il dit, signifie que vous pouvez être Premier ministre tout en étant ouvertement homosexuel.»

«Je ne renoncerai jamais au dialogue», a-t-il ajouté. «Ma méthode a toujours été la même. Chaque Français porte une vérité sur notre pays. Nous devons l’écouter et y répondre. Forces politiques, organisations syndicales, élus locaux français».

Malgré la rhétorique d’Attal, son programme a un caractère indubitablement fascisant. Il est de plus en plus clair pourquoi, en 2018, Macron a salué le dictateur collaborationniste, le traître condamné Philippe Pétain, comme un « grand soldat ». Macron ne dirige pas un régime fasciste, mais ses politiques – appauvrir les travailleurs par l’inflation et l’austérité, réprimer l’opposition de masse et faire appel au nationalisme français alors que la guerre dévaste l’Europe – auraient suscité l’approbation de Pétain.

Le mépris d’Attal pour la population s’est manifesté dans sa réponse aix agriculteurs. Il a retardé la taxation du gasoile et claironné que les subventions européennes seraient versées aux agriculteurs d’ici le 15 mars. Il l’a présenté comme une concession majeure, mais des agriculteurs ont répondu que le 15 mars est la date limite légale pour le versement de ces subventions.

Le discours d’Attal confirme l’analyse du Parti de l’égalité socialiste (PES) dans la lutte pour les retraites l’année dernière. Comme lors de la dernière guerre mondiale, il n’y a rien à négocier avec l’État capitaliste français, qui défend les privilèges de l’oligarchie capitaliste contre le peuple. Les politiciens et les bureaucrates syndicaux qui négocient avec lui ne font que s’impliquer dans ses crimes, de sa répression des travailleurs à l’intérieur à son soutien au génocide contre Gaza.

Il faut préparer une lutte de la classe ouvrière en France, alliée aux travailleurs en lutte à travers l’Europe et dans le monde, pour faire chuter le gouvernement Macron. Ce centre névralgique de la répression policière, de la contre-révolution sociale et de la guerre impérialiste est incompatible avec les intérêts les plus fondamentaux des travailleurs.

Cela nécessité une rupture politique avec les partis de pseudo-gauche, alliés aux bureaucraties syndicales, qui lient l’opposition ouvrière à l’impasse de manœuvres parlementaires et de marchandages syndicaux avec Macron. Cette semaine, ces partis se sont sentis obligés de critiquer Attal. «Attal est très mécontent car le peuple refuse d'admettre qu'il vit au paradis.», a écrit Jean-Luc Mélenchon, chef de LFI, sur X/Twitter, affirmant que le discours d’Attal était «le plus réactionnaire depuis un siècle».

Le chef du PCF stalinien, Fabien Roussel, a critiqué le discours d’Attal pour sa «grande violence sociale pour les plus faibles», s’engageant à s’opposer à Attal «à l’Assemblée et dans les luttes».

Cependant, ils n’ont présenté qu’une énième motion de censure visant Attal, soutenue par environ 140 des voix sièges de l’Assemblée, et qui sera donc rejetée, comme avant. Mélenchon, Roussel et leurs alliés s’efforcent ainsi de démobiliser l’opposition ouvrière comme ils l’ont fait de manière flagrante lors de la lutte pour les retraites de l’année dernière.

La condition préalable essentielle pour arrêter l’escalade de la guerre et la marche vers une dictature fascisante est une lutte pour faire chuter le régime Macron-Attal. Cette lutte nécessite, toutefois, une lutte contre tout le système capitaliste, pour transférer le pouvoir aux travailleurs et construire le socialisme. La principale alternative à Macron avancée par la classe capitaliste, la néofasciste Marine Le Pen, ne ferait qu’intensifier la poussée vers un Etat policier fascisant en France.

Il faut lier les luttes des travailleurs en France à celles de leurs frères et sœurs de classe en Europe et à l’international, en bâtissant des organisations de la base, indépendantes des appareils syndicaux, et le PES en tant qu’avant-garde trotskyste contre le stalinisme et la pseudo-gauche.

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