« Construire le parti mondial était le but de la vie d'Helen, sa contribution à cet égard est impérissable »

Nous publions ici l'hommage à Helen Halyard écrit par Patrick Martin, membre du comité de rédaction américain du World Socialist Web Site et membre de la Workers League et du Socialist Equality Party depuis 52 ans, et Esther Galen, membre du Socialist Equality Party, et la Workers League depuis 53 ans. La camarade Helen, membre dirigeante du SEP (États-Unis) et du Comité international de la Quatrième Internationale pendant plus de 50 ans, est décédée subitement le 28 novembre à l'âge de 73 ans.

Nous sommes parmi les plus anciens camarades et amis d'Helen. Esther la connaissait depuis 51 ans et Marty depuis 50 ans, et nous avons tous deux collaboré étroitement avec Helen tout au long de notre vie d'adulte. Elle est irremplaçable, tant politiquement que personnellement.

Helen était, comme l’ont dit beaucoup d’autres qui lui ont rendu hommage, un exemple des plus belles qualités de la classe ouvrière américaine. Elle était intransigeante dans son indignation face à la brutalité du capitalisme américain, que ce soit la violence et les coups montés de la police, le meurtre de grévistes sur les piquets de grève, ou la sauvagerie de la guerre impérialiste, de la guerre du Vietnam qui a contribué à sa radicalisation initiale jusqu'au génocide soutenu par les États-Unis à Gaza, durant les derniers mois de sa vie.

Cette opposition s’accompagnait de la compréhension que la classe ouvrière aux États-Unis ne pouvait vaincre la classe dirigeante impérialiste la plus puissante du monde que dans le cadre d’une lutte internationale, mobilisant les travailleurs de tous les continents dans une lutte unie pour le socialisme.

Hélène salue Esther à l'occasion de son 60ème anniversaire. Marty est assis entre elles.

Sur tous les continents, des travailleurs de tous types, avec des langues et des coutumes diverses, sont rassemblés par le CIQI pour former la force la plus puissante du monde, un mouvement révolutionnaire international et conscient de la classe ouvrière. C'était le but de la vie d'Hélène, la contribution qu’elle a y apporté est impérissable.

Helen a apporté au parti non seulement son énergie et sa détermination incroyables, mais aussi sa stature intellectuelle et son désir continu d'apprendre et de transmettre cet enseignement aux autres. Elle était à la fois instruite et formatrice. Rien ne lui procurait plus de bonheur que l’instant «aha» où les travailleurs ou les jeunes entrant dans le parti commençaient à saisir pleinement l’importance de la perspective révolutionnaire internationale, de sorte que leur compréhension commençait à refléter leur position de classe objective.

C’est pour cette raison que l’attaque menée contre le marxisme par les dirigeants du Workers Revolutionary party (WRP) a suscité chez elle une réaction de classe furieuse. Elle détestait la mystification de la dialectique utilisée par Healy, Banda et Slaughter pour dissimuler leur abandon du programme et de la perspective de la Quatrième Internationale développés au cours de l’histoire et pour justifier une pratique basée sur les formes les plus grossières de l’opportunisme.

Helen avait passé un an à faire un travail politique dans la section britannique ; cela lui avait donné une idée de la crise et de la décadence du WRP, qui avait contribué au développement de la lutte de la Workers League contre lui. Cela a également renforcé sa conviction que le parti mondial devait être précisément cela: un parti dans lequel chaque cadre de chaque section était lié à tous les autres camarades du monde dans une lutte commune.

Étant quelqu’un qui avait été gagné à la Quatrième Internationale grâce au combat que Healy avait mené dans ses meilleures années, Helen a salué la résurgence de cette lutte pour les principes reprise au sein du CIQI en 1985-1986.

Durant cette période, Helen était secrétaire nationale adjointe de la Workers League ; elle assuma une grande responsabilité dans le travail du parti lors du voyage de Dave North en Grande-Bretagne et dans d'autres sections pour consolider les acquis de la scission d’avec les opportunistes du WRP et pour développer la perspective et le cadre du mouvement international.

Marty a travaillé en étroite collaboration avec Helen alors que le journal Bulletin était le fer de lance des nombreuses interventions du parti auprès de la classe ouvrière au cours d'une série de batailles de classes dans les années 1980. Et ils eurent d'innombrables discussions sur les développements politiques, tant dans le travail éditorial qu'au comité politique du parti.

La plate-forme d'un meeting de la Workers League en 1986, de gauche à droite, Patrick Martin, Helen Halyard, David North (à la tribune) et D'Artagnan Collier.

Esther considéra Helen comme sa camarade la plus proche dès les premiers jours de leur activité politique. Elles ont fait campagne au Brooklyn Navy Yard (chantier naval), aux côtés de Tom Henehan, et dans la construction des Jeunes Socialistes à Brooklyn. Pendant une période à Manhattan, elles étaient colocataires.

Elles ont ensuite travaillé ensemble sur des projets tels que la publication des mémoires de Nadezhda Joffe, fille de l’éminent trotskyste Adolf Joffe, Back in Time: My Life, My Fate, My Epoch . Lorsque Nadezhda s'est rendue aux États-Unis pour promouvoir la publication de ses mémoires en anglais, Esther et Helen ont aidé à organiser à Manhattan l’événement de lancement du livre, qui attira beaucoup de monde.

Helen était une vraie «personne sociable», comme on dit, une personnalité très extravertie. Elle adorait faire la campagne politique, qu'il s'agisse de s'adresser aux travailleurs et aux jeunes assistant à une réunion ou de vendre le Bulletin aux travailleurs aux portes des usines, que ce soit aux États-Unis, au Sri Lanka, en Allemagne ou ailleurs. Elle a donné vie à la perspective du parti, au sens plein du terme.

Elle était patiente dans l’éducation politique les travailleurs, établissant des relations qui ont duré des années. Elle était respectée pour sa fermeté, notamment pour son intransigeance dans la collecte de fonds pour soutenir le parti. Elle savait quels sacrifices les travailleurs seraient prêts à faire et n’hésitait pas à les solliciter.

Helen était également une amie très chère et elle et Esther ont partagé des moments de déception, de chagrin et de joie. Lorsque nos filles grandissaient, elles pouvaient toujours se confier à Helen et lui rendre visite lorsqu'elles avaient besoin d'une pause ou d'une vision différente de leurs problèmes.

L’une des pires conséquences de la pandémie de COVID a été la séparation forcée des membres du parti, en particulier de ceux qui sont les plus à risque en raison de leur âge et de leur état de santé. Mais Helen était dans notre «bulle» et nous pouvions toujours lui parler et la voir même lorsqu’elle était malade. Ces souvenirs resteront avec nous aussi longtemps que nous vivrons.

(Article paru en anglais le 31 janvier 2024)

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