Profitant de la mort, dimanche, de trois soldats américains lors d’une attaque aérienne de la milice irakienne en Jordanie, les États-Unis prévoient une offensive militaire de longue durée dans tout le Moyen-Orient.
Selon NBC News, des responsables américains ont déclaré que les frappes planifiées par le gouvernement Biden seraient une «campagne» qui durerait «des semaines». Les frappes incluront «des cibles iraniennes en dehors de l’Iran», a indiqué NBC.
Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a semblé confirmer les informations de NBC lors d’une conférence de presse mercredi, déclarant que la réponse des États-Unis «ne sera pas ponctuelle […] la première chose que vous verrez ne sera pas la dernière».
Ces plans sont élaborés sans aucun effort pour informer la population américaine ou demander son avis, qui est largement opposée à l’escalade militaire des États-Unis au Moyen-Orient et leur soutien au génocide à Gaza.
Lundi, Kirby a clarifié cette réalité en déclarant: «Le commandant en chef ne tient pas compte des sondages ni du calendrier électoral».
En réponse, le général de division Hossein Salami, chef du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, a déclaré que toute frappe à l’intérieur de l’Iran «ne resterait pas sans réponse». Il a ajouté: «Nous ne cherchons pas la guerre, mais nous n’avons pas peur de la guerre non plus».
Lundi, lors d’un briefing, la secrétaire de presse du Pentagone, Sabrina Singh, s’est vu demander: «En quoi ne s’agit-il pas d’une guerre régionale entre les États-Unis et les mandataires iraniens au Yémen, en Irak, en Syrie et maintenant en Jordanie»?
Elle a répondu: «Nous ne négligeons pas le fait que les tensions sont élevées dans la région, loin de là. Depuis le 17 octobre [sic], nous avons vu des attaques répétées contre les forces américaines, donc nous ne négligeons pas le fait que les tensions sont élevées, que ces groupes soutenus par l’Iran ciblent nos militaires avec l’intention de les tuer».
Le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a rencontré le secrétaire à la défense du Royaume-Uni, Grant Shapps, mercredi, pour discuter de ce qui devrait être des frappes conjointes dans tout le Moyen-Orient. Le Telegraph britannique a rapporté que le Royaume-Uni se prépare à envoyer un porte-avions en mer Rouge pour participer à l’opération.
Mercredi, l’armée américaine a mené sa dernière attaque au Yémen: des F-18 Super Hornets ont largué des bombes sur ce que les États-Unis ont affirmé être des sites de lancement de drones.
L’implication grandissante des États-Unis dans la guerre au Moyen-Orient intervient alors qu’Israël, avec le soutien des États-Unis, commet des crimes de guerre de plus en plus flagrants.
Mardi, des militaires de l’armée israélienne, déguisés en membres de personnel médical, ont infiltré l’hôpital Ibn Sina, dans le nord de la Cisjordanie, et ont exécuté trois personnes à bout portant, dont une qui se trouvait sur son lit d’hôpital.
Le docteur Naji Nazzal, directeur de l'hôpital, a déclaré à Reuters que les soldats «ont exécuté les trois hommes alors qu’ils dormaient dans la chambre. Ils les ont exécutés de sang-froid en leur tirant des balles directement dans la tête, dans la chambre où ils étaient soignés».
Il s’agit d’un crime de guerre flagrant à plusieurs niveaux, notamment l’exécution de personnes non armées et l’attaque d’un hôpital.
Dans un communiqué, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a déclaré: «Les forces israéliennes ont commis un crime complexe dans lequel il y a de multiples violations des règles du droit international humanitaire. Ces crimes comprennent l’assaut d’un hôpital civil protégé, la commission d’un crime de trahison en s’habillant comme des médecins, des infirmières et des civils, l’exécution extrajudiciaire de personnes qui ne représentaient aucun danger pour quiconque, y compris une personne gravement blessée, à un moment où les auteurs auraient pu être arrêtés pour les crimes susmentionnés, ainsi que la torture et le harcèlement du personnel médical».
Mercredi, les corps de 30 Palestiniens ont été retrouvés dans une école du nord de Gaza. Nombre d’entre eux étaient ligotés et avaient les yeux bandés, ce qui laisse penser qu’ils ont été tués par les forces israéliennes lors d’une exécution sommaire de masse.
Dans un communiqué, le Hamas a déclaré: «Les crimes du régime d’occupation contre le peuple palestinien se poursuivent jour après jour. Le dernier en date a été documenté par la Palestinian Prisoner Society et rapporté par des citoyens palestiniens au sujet de l’exécution d’une trentaine de Palestiniens, dont les corps ont été retrouvés dans une cour d’école au nord de Gaza, alors qu’ils étaient menottés et qu’ils avaient les yeux bandés.
La déclaration poursuit: «Cela indique que l’armée d’occupation a perpétré un massacre contre des civils en les exécutant sur place après les avoir brutalisés».
Alors que la famine s’aggrave à Gaza en raison du blocus israélien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a demandé la fermeture de la principale agence humanitaire à Gaza, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
« Il est temps que la communauté internationale et l’ONU elle-même comprennent que la mission de l’UNRWA doit prendre fin», a déclaré Netanyahou, affirmant que l’organisation devait être fermée «si nous voulons résoudre le problème de Gaza comme nous avons l’intention de le faire».
Plus tôt dans la journée, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait déclaré que l’UNRWA était «l'épine dorsale de toute la réponse humanitaire à Gaza».
Les commentaires de Netanyahou font suite à l’arrêt du financement de l’UNRWA par les États-Unis et d’autres puissances impérialistes, soulignant leur complicité dans l’imposition de la faim à la population de Gaza par Israël.
Dans un communiqué publié mercredi, Human Rights Watch a appelé les États-Unis et d’autres pays à annuler la levée de l’aide à l’UNRWA, déclarant que cette décision «pourrait accélérer la famine à Gaza».
«Retenir le financement de l’agence de l’ONU la plus à même de fournir immédiatement de la nourriture, de l’eau et des médicaments aux plus de 2,3 millions d’habitants de Gaza, c’est faire preuve d’une indifférence sans nom face au danger de famine, selon les experts les plus éminents du monde», a déclaré Akshaya Kumar de Human Rights Watch.
Mercredi, le directeur des urgences de l’Organisation mondiale de la santé, Michael Ryan, a déclaré: «Il s’agit d’une population qui meurt de faim», ajoutant: «Il s'agit d'une population qui est poussée au bord du gouffre et qui n'est pas partie prenante à ce conflit».
(Article paru en anglais le 1er février 2024)