Israël a lancé un assaut sur Rafah, la ville la plus méridionale de Gaza, où plus d’un million de personnes cherchent à s’abriter, ne pouvant se rendre nulle part en sécurité.
Des images publiées par l’AFP ont montré des frappes généralisées dans toute la ville située à la frontière égyptienne mardi. La semaine dernière, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré: «Nous accomplissons nos missions à Khan Younis et nous atteindrons également Rafah pour éliminer les éléments terroristes qui nous menacent».
Mardi, le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), Jens Laerke, a averti que l’assaut sur Rafah pourrait constituer un crime de guerre. «L’intensification des hostilités à Rafah dans cette situation pourrait conduire à des pertes massives de vies civiles, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter cela», a-t-il déclaré.
«Nous, en tant qu’ONU et États membres de l’ONU, pouvons témoigner», a déclaré Laerke. «Nous pouvons dire clairement ce que dit le droit: en vertu du droit international humanitaire, les bombardements aveugles de zones densément peuplées peuvent être assimilés à des crimes de guerre.»
Alors qu’Israël poursuit son avancée vers Rafah, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé en Israël mardi, pour sa cinquième visite en Israël au cours des trois derniers mois. Dans le cadre de sa visite dans la région, Blinken a rencontré le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, dans le but de «normaliser» les relations entre l’Arabie saoudite et Israël.
Les États-Unis sont pleinement complices du génocide perpétré par Israël à Gaza. Face aux preuves évidentes de crimes de guerre systématiques et à la rhétorique ouvertement génocidaire des responsables israéliens, Blinken et d’autres responsables américains ont déclaré leur soutien illimité au «droit d’Israël à se défendre» et ont insisté sur le fait qu’il n’y a «aucune ligne rouge» quant au nombre de civils qu’Israël sera autorisé à tuer.
Environ la moitié de la population de Gaza a été forcée de se réfugier dans la ville de Rafah, ce qui a entraîné une augmentation de la population. «Les réfugiés qui font face à de graves pénuries de nourriture, d’eau, d’abris et de médicaments continuent d’affluer à Rafah alors que les combats s’aggravent dans les environs», a rapporté UN News.
Entre le 5 et le 6 février, 107 Palestiniens ont été tués et 143 ont été blessés par les attaques israéliennes, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Depuis le 7 octobre, Israël a tué 35.096 Palestiniens à Gaza, dont 13.642 enfants et 7.656 femmes, selon l’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme. La grande majorité des personnes tuées sont des civils, 30.571 non-combattants ayant perdu la vie. En outre, 67.240 personnes auraient été blessées.
On estime à 2 millions le nombre de Palestiniens déplacés. Israël a détruit 79.200 maisons et en a endommagé 207.000 autres, faisant de la grande majorité de la population des sans-abri, même s’ils étaient autorisés à retourner dans leurs maisons détruites.
Le système de santé à Gaza a également été dévasté, avec 309 professionnels de la santé tués et 380, blessés. Quelque 235 établissements de santé, dont 26 hôpitaux et 63 cliniques, ont été détruits ou endommagés, ainsi que 146 ambulances.
Dans un communiqué, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré que «84 pour cent des établissements de santé de Gaza ont été touchés par les attaques». L’agence a ajouté que seules quatre de ses 22 installations à Gaza restaient opérationnelles, dans un contexte d’attaques incessantes des forces israéliennes contre les travailleurs humanitaires.
Dans un rapport publié mardi, l’observatoire Euro-Med a révélé que «la nudité forcée, le harcèlement sexuel et les menaces de torture sexuelle» à l’encontre des détenus par les forces israéliennes étaient très répandus.
L’organisation a indiqué que «les témoignages d’un groupe de détenus récemment libérés qui ont passé des périodes plus ou moins longues dans les prisons et les centres de détention israéliens […] ont confirmé qu’ils ont été battus et attaqués par des chiens, ont subi des fouilles à nu et se sont vu refuser de la nourriture et l’accès aux toilettes, parmi d’autres pratiques cruelles qui s’apparentent à de la torture».
Le rapport poursuit: «Les témoignages les plus inquiétants qu’Euro-Med Monitor a reçus concernent des détenues qui ont été directement harcelées sexuellement. Les détenues, qui ont préféré rester anonymes pour des raisons de sécurité, ont déclaré que les soldats israéliens les avaient harcelées en touchant leurs organes génitaux et en les obligeant à retirer leur foulard».
Euro-Med «a confirmé que les soldats ont forcé les détenues et leurs familles à fournir des informations sur d’autres personnes en les menaçant d’attenter à leur pudeur, voire de les violer».
Lundi, une enquête du New York Times a compilé des vidéos de médias sociaux montrant les forces israéliennes en train de se filmer en train de détruire des infrastructures civiles à Gaza.
Selon le Times, les vidéos «montrent des soldats en train de vandaliser des magasins locaux et des salles de classe, de faire des commentaires désobligeants sur les Palestiniens, de détruire au bulldozer ce qui semble être des zones civiles et d’appeler à la construction de colonies israéliennes à Gaza, une idée incendiaire qui est promue par certains politiciens israéliens d’extrême droite».
L’ONU a averti que les attaques contre les hôpitaux se poursuivent et s’intensifient. «Depuis plus de deux semaines, des combats violents continuent d’être signalés près des hôpitaux Nasser et Al Amal à Khan Younis, mettant en péril la sécurité du personnel médical, des blessés et des malades, ainsi que des milliers de personnes déplacées à l’intérieur de la bande qui cherchent refuge dans les deux hôpitaux.»
Le 6 février, poursuit l’ONU, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que les forces israéliennes avaient intensifié leur siège de l’hôpital Nasser, mettant en danger la vie de 300 membres du personnel médical, de 450 blessés et de quelque 10.000 personnes déplacées cherchant refuge dans l’enceinte de l’hôpital.
Pendant ce temps, la faim monte en flèche dans toute la bande de Gaza. Selon les Nations unies, les examens de 3.500 enfants âgés de 6 à 59 mois ont révélé que près de 10 pour cent d’entre eux souffraient de malnutrition aiguë, soit 12 fois plus que depuis le début de l’offensive israélienne. Dans le nord de la bande de Gaza, les chiffres sont encore plus élevés, avec 15 pour cent d’enfants souffrant de malnutrition sévère.
Alors même que le bilan du génocide de Gaza s’alourdit, de nouvelles questions sont soulevées quant au rôle des forces israéliennes dans l’assassinat de citoyens israéliens.
Mardi, Haaretz a rapporté que l’armée israélienne avait ouvert une enquête sur la mort de 12 otages dans une maison du kibboutz Be’eri, tués par des tirs d’obus des forces israéliennes lors de l’invasion initiale par le Hamas le 7 octobre.
Haaretz a fait état de «soupçons selon lesquels le général de brigade Barak Hiram, le commandant de la 99e division de l’armée qui a mené les combats dans le kibboutz, a ordonné à une équipe de chars de tirer sur la maison de Cohen alors qu’il savait que des otages y étaient détenus».
(Article paru en anglais le 7 février 2024)