Les frappes israéliennes sur le Liban ont tué huit personnes, dont sept civils, lundi, alors que le génocide à Gaza continue d’évoluer en une guerre régionale dans tout le Moyen-Orient.
Il s’agit du plus grand nombre de morts en une seule journée au Liban depuis le début de l’assaut israélien contre Gaza. Depuis le 7 octobre, les forces israéliennes ont tué plus de 200 personnes à l’intérieur du Liban.
Mercredi soir, une frappe israélienne a tué quatre civils, dont deux femmes, d’une même famille dans un immeuble résidentiel de la ville de Nabatiyeh.
«Les résidents de l’appartement visé n’ont aucun lien avec le Hezbollah», a déclaré une source à l’AFP.
Lors d’une frappe précédente, les forces israéliennes ont pris pour cible une maison dans la ville de Sawwaneh, tuant trois membres d’une famille, dont des enfants âgés de 2 et 13 ans. Plus tôt dans la journée, un tir de missile en provenance du Liban a tué un soldat israélien, le sergent Omer Sarah Benjo, dans une base du nord d’Israël.
L’agence de presse nationale libanaise a déclaré que les frappes avaient «causé d’importants dégâts à des établissements commerciaux, des magasins, des maisons et des voitures».
Herzi Halevi, chef d’état-major des Forces de défense israéliennes, a menacé d’étendre la guerre au Liban.
«Nous nous concentrons maintenant sur la préparation de la guerre dans le nord», a-t-il déclaré. «Nous intensifions les frappes en permanence et le Hezbollah paie un prix de plus en plus lourd. La prochaine campagne sera très offensive et nous utiliserons tous nos moyens et toutes nos capacités».
Le ministre israélien de la guerre, Benny Gantz, a réitéré ces déclarations: «Nous devons être clairs: les responsables des tirs en provenance du Liban ne sont pas seulement le Hezbollah [...] mais aussi le gouvernement libanais et l’État libanais qui autorise les tirs depuis son territoire». Et de conclure: «Il n’y a pas de cible ou d’infrastructure militaire dans le nord du pays qui ne soit pas dans notre ligne de mire».
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a effectivement approuvé les frappes israéliennes, déclarant que les États-Unis cherchaient à assurer «un résultat dans lequel la sécurité d’Israël est garantie et où son peuple peut rentrer chez lui». Il a condamné la «menace terroriste du Hezbollah», qui «se rapproche de plus en plus de la frontière».
L’escalade s’est produite alors que les responsables israéliens ont clairement indiqué qu’ils ne reprendraient pas les négociations sur un cessez-le-feu temporaire à Gaza, le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, déclarant qu’il «insiste sur le fait qu’Israël ne cédera pas aux demandes délirantes du Hamas».
Les frappes aériennes se sont poursuivies à Rafah, la ville la plus méridionale de la bande de Gaza, où plus d’un million de personnes déplacées ont trouvé refuge, alors que les forces israéliennes se préparaient à lancer une offensive terrestre imminente.
Entre le 13 et le 14 février, 103 Palestiniens ont été tués, ce qui porte le bilan officiel à 28.576 Palestiniens tués dans la bande de Gaza, sans compter les milliers de personnes toujours portées disparues et présumées mortes.
L’armée israélienne a ordonné l'évacuation du complexe médical Nasser à Khan Younis, le dernier grand hôpital du sud de Gaza, où des centaines de travailleurs médicaux, de patients et de réfugiés sont assiégés.
Dans une déclaration, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré: «Je suis alarmé par ce qui se passe apparemment au complexe médical Nasser à Gaza, assiégé depuis environ une semaine. Les hostilités auraient détruit les installations de stockage de matériel et de fournitures médicales. L’accès à l’hôpital reste obstrué – il n’y a pas de couloir sûr pour les personnes dans le besoin».
Il a ajouté: «Deux missions de la @WHO ont été refusées au cours des quatre derniers jours, et nous avons perdu le contact avec le personnel de l’hôpital. Nous avons déjà vu comment le fait de priver les hôpitaux de ressources et d’accès interrompt les services de sauvetage. Nasser est l’épine dorsale du système de santé dans le sud de la bande de Gaza. Il doit être protégé. L’accès humanitaire doit être autorisé. Les hôpitaux doivent être protégés afin qu’ils puissent remplir leur fonction de sauvetage».
Lors d’une réunion d’information, le Dr Ashraf al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, a déclaré que plus de 1.500 personnes déplacées se trouvaient toujours à l’intérieur de l’hôpital, ainsi que 190 membres du personnel et 273 patients qui ne peuvent pas se déplacer. L’hôpital est à court de nourriture, d’électricité et d’autres fournitures essentielles après avoir été assiégé pendant des semaines.
Dans une déclaration faite mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a promis de lancer une offensive terrestre contre Rafah. «Nous nous battrons jusqu’à la victoire complète, et cela inclut une action puissante à Rafah», a déclaré Netanyahou.
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi à la Maison-Blanche, le conseiller à la sécurité nationale, Sullivan, a admis qu’Israël n’autorisait pas l’entrée de l’aide alimentaire dans la bande de Gaza, bien qu’il ait promis de le faire.
Malgré cela, il a réaffirmé que l’objectif des États-Unis était que «le Hamas soit finalement vaincu», confirmant une nouvelle fois le soutien illimité des États-Unis au génocide israélien.
Lundi, le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a été interrogé sur la question de savoir si les États-Unis réduiraient leur aide militaire à Israël si ce dernier attaquait Rafah sans tenir compte des «conséquences pour les civils».
À cette question, Kirby a répondu: «Nous continuerons à soutenir Israël. Ils ont le droit de se défendre contre le Hamas, et nous continuerons à nous assurer qu’ils ont les outils et les capacités pour le faire».
Pour enfoncer le clou, Politico a rapporté mardi, sur la base des déclarations de trois responsables américains, que «le gouvernement Biden ne prévoit pas de punir Israël s’il lance une campagne militaire à Rafah sans assurer la sécurité des civils». Le reportage poursuit: «Aucune réprimande n’est prévue, ce qui signifie que les forces israéliennes pourraient entrer dans la ville et blesser des civils sans subir de conséquences de la part des États-Unis».
Dans un communiqué publié mercredi, l’Institut Lemkin pour la prévention des génocides a averti que «le gouvernement Biden est complice d’un génocide et doit prendre des mesures immédiates pour empêcher d’autres destructions, pertes de vies et déplacements à Gaza et en Cisjordanie». Et de conclure: «Aucune des tactiques du gouvernement Biden qui visent à nier le génocide et à éviter de rendre des comptes ne résistera à l’épreuve du temps. Le président Biden et les principaux responsables du gouvernement sont sur la bonne voie pour que l’on se souvienne d’eux comme les principaux facilitateurs de l’un des pires génocides du XXIe siècle».
(Article paru en anglais le 15 février 2024)