Jusqu’à 250.000 personnes ont manifesté à Londres samedi dans le cadre d’une journée mondiale d’action contre le génocide israélien à Gaza. Des manifestations ont eu lieu dans 145 villes sur six continents, avec des manifestations importantes à Istanbul et à Madrid. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Glasgow et à Dublin.

La manifestation londonienne est partie de Marble Arch pour se rendre à proximité de l’ambassade d’Israël. Quelques heures avant le début de la manifestation, la police métropolitaine a prévenu que 1.500 agents avaient été mobilisés et que des restrictions au titre de la loi sur l’ordre public (Public Order Act) seraient mises en place. Elle n’avait pas le pouvoir d’interdire la manifestation ou de la détourner, a-t-elle souligné, mais elle était prête à utiliser des pouvoirs juridiques étendus pour la réprimer.
Ils ont finalement décidé de ne pas recourir à une répression trop forte, compte tenu du nombre considérable de personnes qui se sont rendues à la neuvième manifestation nationale britannique contre le génocide et de l'opposition internationale permanente de millions de personnes aux massacres et au nettoyage ethnique perpétrés par Israël.
Alors que l’invasion terrestre de Rafah par les forces de défense israéliennes est imminente, la Grande-Bretagne s’est jointe à plusieurs puissances impérialistes pour s’opposer verbalement aux plans d’Israël visant à attaquer le lieu où vivent un million de Palestiniens déplacés et affamés.
Mardi, une résolution de cessez-le-feu sera présentée aux Nations unies, que les États-Unis devraient bloquer en utilisant leur droit de veto. Mercredi, le Parti national écossais (SNP) soumettra à nouveau au parlement une résolution sur le cessez-le-feu que le chef du Parti travailliste, sir Keir Starmer, a déjà exhorté son parti à rejeter. Lui et le Premier ministre conservateur Rishi Sunak ont proposé l’alternative d’un cessez-le-feu «durable», ce qui signifie que le génocide doit se poursuivre. S’exprimant dimanche lors de la conférence du Parti travailliste écossais, qui a adopté une motion appelant à un cessez-le-feu immédiat, Starmer a déclaré qu’il fallait «mettre fin aux combats. Pas seulement pour l’instant, pas seulement pour une pause, mais de façon permanente. Un cessez-le-feu qui dure. C’est ce qui doit se produire maintenant. Les combats doivent cesser maintenant».
La manifestation était annoncée comme devant se rendre à l’ambassade, mais la police métropolitaine l’a empêchée de s’en approcher à moins de 100 mètres. Ce n’est que la deuxième fois depuis qu’Israël a commencé ses frappes aériennes sur Gaza en octobre qu’une manifestation dirigée vers l’ambassade d’Israël a été autorisée.
Pour tenter de faire passer la marche pour une menace pour les juifs, la police a demandé aux organisateurs de repousser l’heure de rassemblement d’une heure, «pour tenir compte d’un événement dans une synagogue située le long de l’itinéraire». Les manifestants ont descendu Park Lane, adjacente à Hyde Park, en restant à proximité du périmètre, et ont traversé Knightsbridge et Kensington Road avant de se rendre à la jonction avec Kensington Court où une scène avait été montée.
La police a procédé à 12 arrestations au cours de la journée, en commençant par saisir une manifestante alors qu’elle se préparait à quitter Park Lane, au motif qu’elle portait une bannière soutenant une organisation terroriste interdite. Deux des arrestations concernaient des manifestants qui portaient des masques, ce que le gouvernement a l’intention de criminaliser dans sa prochaine législation. Les manifestants qui ne respectent pas les ordres de la police de les retirer risquent une amende pouvant aller jusqu’à 1.000 livres sterling et un mois de prison. Il n’a pas été précisé si cette mesure s’applique aux masques de protection personnelle.

La police a déjà le pouvoir de demander à des personnes de retirer leurs masques lors de manifestations désignées et a procédé aux deux arrestations avant l’entrée en vigueur des nouvelles lois.
Les observateurs de la police métropolitaine prenaient des photos depuis l’intérieur des bâtiments et depuis les toits de Kensington pendant que les manifestants écoutaient les discours.
Les médias spéculent sur le fait que Starmer pourrait convenir d’une formulation avec le SNP suffisamment vague pour que les députés travaillistes la soutiennent, évitant ainsi une répétition de la rébellion de 56 de ses députés en novembre, dont huit membres de son cabinet fantôme qui ont démissionné ou ont été renvoyés par Starmer. Mais les travaillistes restent en phase avec les conservateurs et font exactement ce que leur demande l’impérialisme britannique et américain.
Néanmoins, la Stop the War Coalition et la Palestine Solidarity Campaign, organisateurs des rassemblements de Londres, cherchent à canaliser l’opposition au génocide en insistant sur le fait que le seul rôle des manifestants est de maintenir la pression sur le gouvernement et, surtout, sur le Parti travailliste pour qu’il soutienne un appel au cessez-le-feu, comme l’ont fait la France et plusieurs puissances impérialistes, mais qui n’a aucun impact sur la poursuite de l’offensive israélienne.
Ce fut à nouveau le thème principal du discours de samedi. Lindsey German, coordinatrice de Stop the War Coalition et dirigeante du groupe de pseudo-gauche Counterfire, a déclaré lors du rassemblement: «Juste un mot pour nos politiciens, Rishi Sunak et Keir Starmer […] tout député qui ne vote pas en faveur d’un cessez-le-feu mercredi va se couvrir de honte à jamais. Mon message est le suivant: pas de cessez-le-feu, pas de vote [lors des élections générales qui se tiendront plus tard dans l’année].»
Jeremy Corbyn, figure de proue de Stop the War, l’ancien chef travailliste qui a été expulsé du parti parlementaire il y a trois ans sur la base de fausses accusations d’antisémitisme portées par Starmer, a déclaré: «Je veux que chacun d’entre vous ici exige de son représentant élu qu’il soit présent et qu’il vote en faveur d’un cessez-le-feu. Pas de “si”, pas de “mais”, pas de conditions, appelez simplement à un cessez-le-feu total.»
L’ancien chancelier fantôme de Corbyn, John McDonnell, a fait appel aux partisans du génocide pour des raisons entièrement morales en déclarant: «Je le dis à mes collègues du Parlement, votez avec votre conscience, votez pour la paix, votez pour un cessez-le-feu [...] dans ce vote, nous pouvons dire très clairement, par milliers, par millions, que nous sommes tous Palestiniens.»
(Article paru en anglais le 19 février 2024)