Trudeau contraint d’annuler la réception de la première ministre fasciste italienne à cause des manifestations contre le génocide à Gaza se poursuivant au Canada

Dans le monde entier, des millions de personnes sont descendues dans les rues en fin de semaine pour protester contre le génocide des Palestiniens soutenu par l’impérialisme israélien. Les manifestations ont été alimentées par l’horrible «massacre de la farine» perpétré par les FDI (Forces de défense israéliennes) jeudi, lorsqu’au moins 115 Palestiniens ont été tués alors qu’ils attendaient une aide alimentaire dont ils avaient désespérément besoin dans la ville de Gaza.

Manifestation récente à Mississauga (Ontario) contre le génocide israélien des Palestiniens à Gaza

D’importantes manifestations ont eu lieu dans les grandes villes du Canada, notamment à Vancouver (Colombie-Britannique), où le pont Granville, très fréquenté, a été fermé pendant plus d’une heure. À Toronto, une manifestation contre le génocide a forcé l’annulation d’une réception au centre-ville prévue par le Premier ministre Justin Trudeau pour la chef fasciste du gouvernement italien, Giorgia Meloni.

Plus de 400 manifestants se sont rassemblés devant la Galerie d’art de l’Ontario, où l’activité devait avoir lieu. Le cabinet du Premier ministre a annulé la réception après avoir déclaré qu’il n’était pas possible d’assurer le passage sécurisé de Trudeau et Meloni jusqu’à l’édifice. Les manifestants brandissaient des pancartes en scandant des slogans dénonçant la complicité du gouvernement Trudeau dans le génocide.

Des manifestations sont survenues presque chaque semaine dans la région du Grand Toronto depuis le lancement en octobre dernier de l’assaut brutal par Israël contre les hommes, femmes et enfants sans défense de Gaza. Lors d’une récente manifestation à Mississauga, des familles et des personnes de tous âges et de toutes origines ethniques se sont rassemblées pour exprimer leur opposition au gouvernement israélien et à l’establishment politique canadien, complice du génocide depuis le premier jour. Les manifestants ont scandé divers slogans, dont «De la rivière à la mer, la Palestine sera libre!»

Plus de 30.000 personnes ont perdu la vie dans l’assaut israélien contre Gaza, un chiffre qui dépasse largement les 35.000 si l’on inclut les disparus. La plupart des infrastructures de l’enclave sont en ruines. La nourriture et l’eau sont rares, et les agences d’aide comme l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) ont vu leur financement réduit, notamment par le gouvernement canadien. Les données concernant les maladies infantiles et la famine sont terrifiantes.

Giovanni, un retraité qui a immigré d’Italie au Canada en 1968, a expliqué au World Socialist Web Site pourquoi il participait aux manifestations à Mississauga.

«Un génocide est en cours à Gaza, et les pertes sont atroces, déclare-t-il. Près de 20.000 enfants ont été tués et on compte 70.000 blessés. Le gouvernement canadien ne dit pratiquement rien à ce sujet. Nous avons donc un rôle à jouer pour sensibiliser les gens autant que possible à cette situation.»

Interrogé sur le rôle du gouvernement canadien et des partis d’opposition, Giovanni condamne tous les partis traditionnels : «J’ai regardé la télévision ces derniers jours, et tout ce qu’on voit c’est Navalny, Navalny, Navalny [figure de l’opposition russe pro-occidentale récemment décédée], déclare-t-il. Mais pas le moindre mot sur 20.000 enfants tués à Gaza.»

«Il n’y a pas d’opposition. Ils sont tous à l’unisson sur ce sujet. La classe dirigeante les contrôle, leur donne de l’argent et ils répondent aux besoins de la classe dirigeante. Nous ne donnons pas de contributions aux partis politiques. La plupart d’entre nous peuvent donner 10 dollars, mais pas les sommes importantes qu’ils reçoivent pour organiser les élections.»

Les partis d’opposition au Canada sont tout aussi complices que le gouvernement fédéral du Parti libéral dans le massacre du peuple palestinien perpétré par les sionistes. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) maintient les libéraux au pouvoir depuis 2022 par le biais d’un «accord de confiance et d’approvisionnement», même après qu’ils aient sommairement rejeté la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice et qu’ils aient retiré leur financement de l’UNRWA dans le cadre de leur soutien évident au gouvernement Netanyahou d’extrême-droite.

Tant le NPD, que les conservateurs de l’opposition officielle dirigés par le leader d’extrême-droite Pierre Poilievre, et le Bloc québécois nationaliste, dénoncent avec virulence les manifestations pacifiques contre le génocide. Le NPD s’en prend également aux dissidents dans ses rangs. Ainsi, en octobre dernier, le NPD expulsait la députée Sarah Jama du groupe législatif de l’Ontario pour avoir décrit Israël comme un «État d’apartheid».

Yasmina étudie en marketing à l’université. Sa famille d’origine palestinienne a immigré du Liban au Canada dans les années 1980. Elle participait à la manifestation avec son amie, qui est juive.

«Pour être clair, nous devons séparer le sionisme du judaïsme, déclare-t-elle. C’est très important. Ne les laissez pas faire l’amalgame que vous êtes antisémite si vous êtes antisioniste. C’est l’élément le plus important de cette affaire.»

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’elle pensait de l’idée que les puissances impérialistes, principalement les États-Unis, ont soutenu la création d’Israël pour projeter leurs intérêts de manière plus agressive au Moyen-Orient, Yasmina exprime son accord. «Je suis tout à fait d’accord avec cela, fait-elle remarquer. Mais il ne fait aucun doute qu’il existe une certaine culpabilité à l’égard de l’Holocauste, qui est utilisée de façon très efficace pour discréditer les gens. La triste réalité, c’est qu’on se rend au fond du baril avec cela. C’est un non-sens. Il y a eu plein de génocides dans l’histoire de l’humanité. L’Holocauste est certes le pire du XXe siècle, perpétré par un pays développé, fortement industrialisé, et à une échelle sans précédent. Mais cette victimisation constante que projette le sionisme ne rend pas service au peuple juif qu’au judaïsme. Comme l’islam, c’est vraiment une religion de paix et de non-violence. Le prophète Mahomet, à la fin de sa vie, était contre la guerre.»

Les accusations d’antisémitisme sont utilisées par tous les grands partis et leurs porte-parole dans les médias pour salir et réduire au silence toute opposition au génocide de Gaza. L’hypocrisie de ces accusations est évidente lorsqu’on pense qu’il y a moins de six mois, l’ensemble du parlement fédéral canadien ovationnait Yaroslav Hunka. Cet Ukrainien de 98 ans est un vétéran de la division Waffen-SS «Galicienne», une unité militaire qui a participé à l’Holocauste en massacrant des dizaines de milliers de Polonais. Par ailleurs, le gouvernement canadien continue de financer et d’armer l’Armée ukrainienne, truffée de néonazis, dans le cadre de la guerre contre la Russie provoquée par l’OTAN.

Greg, professeur d’histoire au secondaire, exprime son espoir que le génocide et la guerre impérialiste puissent être stoppés par un mouvement de masse de la classe ouvrière, en particulier de la jeunesse.

«Ce mythe qui veut que le Canada soit un pays pacifique est totalement absurde, déclare-t-il. J’enseigne l’histoire et j’essaie de sensibiliser mes élèves à ce sujet [...]

«J’ai confiance dans les jeunes. Ce qui est formidable, c’est que les États-Unis ont du mal à remplir les rangs de leur armée. Parce que les jeunes se réveillent. Même en Israël, les jeunes refusent de servir. Ils vont en prison et refusent de servir dans les Forces de défense israéliennes. Il y a de la résistance.»

Interrogé sur le lien entre les inégalités sociales, la croissance des luttes des travailleurs, y compris dans le secteur de l’éducation, et la guerre, Greg nous a dit : «Il est clair que les élites mettent le paquet. L’argent est acheminé vers les sociétés et les entreprises de défense – fondamentalement vers le complexe militaro-industriel. On assiste à un abrutissement de la population. Ils ne veulent pas que les gens connaissent la vérité. Ils ne veulent pas que les gens se rendent compte que, quelle que soit la guerre, c’est toujours la classe ouvrière qui part se battre. C’est ce que je montre à mes étudiants.»

«C’est la réalité. Ils ne veulent pas payer un salaire décent aux gens. Le fait que deux personnes soient mortes dehors à un refuge pour sans-abri à Mississauga, en dedans de deux semaines, est révélateur de la façon dont le Canada s’occupe des personnes les plus marginalisées, les plus faibles.»

Greg a ensuite évoqué son point de vue sur la voie à suivre pour le mouvement de protestation contre le génocide: «Nous avons besoin d’un mouvement mondial de travailleurs qui reconnaissent qu’ils sont utilisés et exploités. Qu’ils sont essentiellement du combustible pour la machine capitaliste. C’est ce qui la fait marcher.»

«Nous devons éduquer les gens, les informer. Il ne faut pas se contenter de rester isolés. Il faut unir tout le monde autour de cet enjeu. Nous voyons que les gouvernements du monde dépendent de la division raciale, en particulier aux États-Unis, et sur la division des gens – c’est la stratégie de division et de conquête qu’ils utilisent.»

(Article paru en anglais le 5 mars 2024)

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