La Russie au lendemain de l’attentat contre le Crocus City Hall

Le danger du dépeçage impérialiste de l’ancienne Union soviétique et les tâches de la classe ouvrière

L’attentat terroriste perpétré le 22 mars dans la salle de spectacle Crocus City Hall, près de Moscou, a choqué non seulement la population russe, mais aussi le reste du monde. Cet attentat barbare a fait au moins 144 morts et près de 700 blessés.

Des personnes déposent des fleurs à un mémorial spontané en mémoire des victimes de l'attentat de Moscou à Saint-Pétersbourg, en Russie, dimanche 24 mars 2024. [AP Photo/Dmitri Lovetsky]

La Jeune Garde des bolcheviks-léninistes exprime ses sincères condoléances aux familles des victimes. Nous dénonçons l’attentat qui porte l’empreinte de l’OTAN et de son régime par procuration à Kiev. Mais nous nous opposons également à la réponse réactionnaire de l’oligarchie russe à cet attentat. Faisant le jeu des puissances impérialistes qui cherchent à fomenter un changement de régime et une guerre civile, le parlement russe et les oligarques d’extrême droite ont instauré une atmosphère de pogrom contre les immigrés en Russie.

Afin d’éviter un désastre, la classe ouvrière doit intervenir dans la crise sur une base indépendante. Cela nécessite une compréhension politique de l’impasse historique dans laquelle se trouve la classe ouvrière à la suite de la destruction stalinienne de l’Union soviétique et de la restauration du capitalisme.

Un attentat terroriste préparé à Washington et à Kiev

Tout dans l’attentat perpétré dans la capitale du pays indique que ses auteurs ont agi comme des mercenaires. Les quatre terroristes capturés étaient tous de jeunes travailleurs migrants originaires du Tadjikistan, une ancienne république soviétique désespérément pauvre d’Asie centrale. Deux d’entre eux avaient été formés en Turquie quelques semaines auparavant. Ils devaient recevoir 500.000 roubles, soit un peu plus de 5.400 dollars, pour leur acte. Les médias russes indiquent que les terroristes ont perpétré le massacre alors qu’ils étaient sous l’emprise de drogues destinées à réduire l’anxiété.

Sur cette photo tirée d’une vidéo publiée par le Comité d’enquête de Russie le samedi 23 mars 2024, des pompiers travaillent dans la salle de concert incendiée après un attentat contre le bâtiment du Crocus City Hall, à l’ouest de Moscou, en Russie. [AP Photo/AP Photo / Russlands etterforskingskomité]

Les démentis instantanés du gouvernement ukrainien et de la Maison-Blanche n’ont aucune crédibilité.

Les médias pro-OTAN font écho à ces dénégations en soulignant que l'organisation terroriste ISIS-K (Khorasan), basée en Afghanistan, a revendiqué l'attentat. Si c'est vrai, cela ne fait que renforcer la conclusion tout à fait évidente que ces quatre individus ont agi pour le compte des services de renseignement américains et ukrainiens. ISIS-K, comme son prédécesseur ISIS, est en grande partie un produit de l'impérialisme américain. On sait qu'il comprend des membres des services de renseignement et des militaires formés par les États-Unis qui avaient combattu pour l'OTAN en Afghanistan et qui ont commencé à rejoindre l'ISIS-K après le retrait des troupes américaines en 2021 pour lutter contre le régime des talibans, désormais au pouvoir.

Plus encore que l’aspect technique de l’attaque terroriste, l’évaluation du contexte politique et de la stratégie de l’OTAN dans la guerre contre la Russie suggère une implication directe de Kiev et de Washington. La situation sur le front est devenue catastrophique pour l’Ukraine. Elle souffre d’une grave pénurie d’hommes et de munitions et continue de perdre des territoires au profit des forces russes.

En réponse aux récents et importants revers militaires, Kiev et ses bailleurs de fonds impérialistes réagissent en intensifiant la guerre sur deux fronts: d’une part, par une intervention militaire de plus en plus directe en Ukraine, y compris l’envoi de troupes de l’OTAN par la France. D’autre part, en ouvrant un second front à l’intérieur de la Russie pour déstabiliser le régime de Poutine.

Les attaques terroristes et la mobilisation de divers éléments fascistes constituent en fait depuis longtemps une partie importante de la guerre de l’impérialisme contre la Russie. Cela inclut les bombardements continus et de plus en plus effrontés de la région russe de Belgorod, les attentats à la voiture piégée contre des partisans d’extrême droite de Poutine comme Daria Douguina, l’attaque terroriste sur le pont de Kertch et l’attentat contre le gazoduc Nord Stream.

Quelques jours avant l’attentat contre le Crocus City Hall et en pleine élection présidentielle russe, des forces néonazies ont lancé une incursion sur le territoire russe avec des chars d’assaut. Le New York Times a qualifié ces attaques d’«audacieuses», exprimant l’espoir qu’elles «mineraient le sentiment de stabilité en Russie et détourneraient des ressources militaires de l’Ukraine». Les forces néonazies à l’origine de ces incursions, comme le reconnaît le Times, «étaient ouvertement soutenues par les services de renseignement militaire ukrainiens». Utilisant un langage similaire, le Times s’est réjoui quelques jours après l’attaque contre le Crocus City Hall qu’elle constituait «un coup porté à l’aura de Poutine en tant que dirigeant pour qui la sécurité nationale est primordiale».

Comme l’a écrit le WSWS dans un article du 25 mars sur les événements du Crocus City Hall, les États-Unis et l’OTAN poursuivent trois objectifs:

Premièrement, renforcer l’opposition au régime de Poutine au sein de l’oligarchie et de l’appareil d’État; deuxièmement, provoquer une réponse militaire du Kremlin qui puisse servir de prétexte à une nouvelle escalade de la guerre par l’OTAN; et troisièmement, encourager les tensions ethniques et religieuses en Russie qui déstabiliseraient le régime et faciliteraient le découpage de toute la région par les puissances impérialistes.

La crise du régime de Poutine

L’attentat a déjà enhardi les forces soutenues par l’OTAN et la faction d’extrême droite de l’oligarchie russe et de l’appareil d’État sous le régime de Poutine.

Ilya Ponomaryov, qui vit à Kiev depuis 2015, est l’un des opposants à l’oligarchie soutenus par l’OTAN. Ponomaryov est également un ami de longue date de l’ex-oligarque et opposant soutenu par l’OTAN, Mikhaïl Khodorkovski. Dans une récente interview, Ponomaryov a fait l’éloge des terroristes en les qualifiant de «camarades du Tadjikistan» qui ont confirmé sa «prédiction» antérieure selon laquelle Moscou pourrait relativement facilement être saisie militairement.

Les commentaires de Ponomaryov sont significatifs: il a été une figure importante des incursions sur le territoire russe, des attaques de drones et du développement d’une contre-insurrection en Russie. Ponomaryov prône ouvertement le renversement du régime de Poutine et le découpage de la Russie en fonction de critères ethniques, en s’appuyant sur la mobilisation de certaines parties de l’appareil d’État. Depuis Kiev, Ponomaryov supervise les opérations du Corps des volontaires russes néofasciste et de la Légion de la liberté de la Russie, qui ont été le fer de lance des incursions sur le territoire russe.

Entre-temps, les oligarques d’extrême droite en Russie ont réagi à l’attaque en demandant au régime de Poutine d’intensifier la guerre et de réprimer les immigrants. Le milliardaire Konstantin Malofeev, fondateur de la chaîne Tsargrad, ouvertement réactionnaire et religieuse, a écrit qu’«un deuxième front a été ouvert contre la Russie» par les «Anglo-Saxons» dans le but de diviser et d’assujettir le pays. Il poursuit: «Mais nous ne sommes pas une colonie britannique ni une république bananière. Nous sommes la Grande Russie, héritière de l’Empire de la Troisième Rome […] Nous sommes devenus le plus grand État de l’histoire de l’humanité grâce à l’esprit impérial unique du peuple russe. Nous nous sommes battus et nous nous battrons jusqu’à la fin victorieuse contre nos vrais ennemis à Washington et à Londres.»

Dans le même article, Malofeev a dénoncé les terroristes comme étant «quatre sales toxicomanes» et a écrit que l’attaque avait «concrétisé les avertissements les plus sombres concernant la menace que représentent les immigrés “travailleurs” d’Asie centrale pour la sécurité nationale de la Russie».

Le parlement russe (Douma) et la police ont également contribué à créer une atmosphère de pogrom contre les immigrés. La Russie compte une population musulmane de 14 à 20 millions de personnes et environ 17 millions de travailleurs immigrés, dont la plupart sont originaires d’Asie centrale et du Caucase.

Dans un encouragement clair à la violence anti-immigrée et antimusulmane, les quatre suspects de terrorisme ont été manifestement torturés et violemment battus avant d’être traînés devant le tribunal. Dans la presse, des chauvins de l’extrême droite réclament le rétablissement de la peine de mort.

La Douma a rapidement adopté deux projets de loi anti-immigration: l’une limite à deux ans la durée de séjour des travailleurs immigrés dans le pays, l’autre supprime le congé de maternité payé pour les familles de migrants. Poutine a jeté de l’huile sur le feu en déclarant qu’en 2023 il y aurait eu une augmentation de 75 pour cent des «crimes» commis par des travailleurs immigrés «illégaux». Le gouvernement, a annoncé Poutine, élaborera des «mesures préventives de lutte contre la criminalité dans le domaine de la migration».

Immédiatement après l’arrestation des auteurs, les quelques 1 million de travailleurs tadjiks en Russie ont été invités à ne pas quitter leur domicile le soir. À Blagoveshchensk, un magasin appartenant à des citoyens tadjiks a été incendié. À Moscou, Saint-Pétersbourg et dans d’autres villes, des campagnes anti-immigrés à grande échelle ont été lancées dans des immeubles d’habitation et des usines.

Des groupes de défense des droits de l’homme ont décrit les passages à tabac et les tortures infligés sans discernement à des immigrants détenus à Saint-Pétersbourg. Sur les réseaux sociaux, des listes de noms de chauffeurs de taxi tadjiks ont été diffusées pour encourager le boycott. Comme l’a déclaré à un journal un immigrant qui a été violemment battu: «Nous sommes les plus démunis. Je ne suis même pas allé à la police parce que j’ai peur. Là-bas, ils me battent, ça fait mal et c’est dénigrant, mais si je vais à la police, ils risquent aussi de m’arrêter.» Le ministère tadjik du Travail a signalé qu’une atmosphère de «peur» et de «panique» régnait parmi les immigrants tadjiks, ce qui a incité nombre d’entre eux à fuir la Russie.

La Jeune Garde des bolcheviks-léninistes rejette catégoriquement cette promotion des sentiments anti-immigrés. Elle s’inscrit dans la tradition du chauvinisme grand-russe utilisé par le tsar puis par le régime stalinien contre la classe ouvrière. Sous le tsar, l’antisémitisme était systématiquement attisé par le gouvernement pour diviser le mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière. Le stalinisme a également eu recours au chauvinisme national, y compris à la promotion de la xénophobie et de l’antisémitisme purs et simples, pour désorienter la classe ouvrière et mobiliser les forces de droite en faveur de la bureaucratie. De même, aujourd’hui, la promotion du chauvinisme anti-immigré est fondamentalement dirigée contre la classe ouvrière et vise à empêcher son unification au-delà des frontières ethniques, religieuses et nationales.

Bien conscient de l’objectif impérialiste d’instiguer des divisions nationales au sein du pays, Poutine a été globalement plus prudent dans ses déclarations publiques que des personnalités comme Malofeev et continue de souligner que la Russie est un pays multinational et multireligieux. Néanmoins, il est contraint d’accommoder les éléments d’extrême droite de l’oligarchie et de l’appareil d’État en raison de la nature même et des origines historiques de son régime, de son hostilité à l’égard de la classe ouvrière et de sa dépendance croissante à l’égard du nationalisme grand-russe.

Le président russe Vladimir Poutine [AP Photo/Gavriil Grigorov, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP]

Comme nous l’avons expliqué dans notre déclaration sur les récentes élections présidentielles, Vladimir Poutine est une figure bonapartiste dont le régime est né de la restauration du capitalisme en Union soviétique. La fonction principale de son régime consiste, avant tout, à préserver les privilèges de la minuscule strate d’oligarques qui a émergé en tant que nouvelle classe dirigeante de la Russie grâce au pillage de la propriété de l’État soviétique. Comme l’a dit Trotsky:

Par bonapartisme, nous entendons un régime dans lequel la classe économiquement dominante […] se voit contrainte, dans l’intérêt de la préservation de ses biens, de tolérer le commandement incontrôlé d’un appareil militaro-policier couronné par un «sauveur». Une telle situation se crée dans des périodes d’aggravation particulière des contradictions de classe: le bonapartisme est destiné à les empêcher d’exploser. (Leon Trotsky, «More on Bonapartism», Bulletin of the Opposition, No. 43, April 1935).

Pour prévenir cette «explosion» des tensions de classe, Poutine cherche désespérément à servir de médiateur entre la classe ouvrière et l’oligarchie, entre les différentes factions de l’oligarchie, et entre les intérêts nationaux et économiques de l’oligarchie et les intérêts de l’impérialisme occidental. Mais l’offensive toujours plus agressive de l’impérialisme et le fait qu’il alimente les luttes intestines au sein de l’oligarchie, ainsi que le développement de la lutte des classes, rendent cet équilibre de plus en plus précaire. Au sein de l’oligarchie, Poutine est sous le feu des critiques de toutes parts. La pression exercée sur lui pour qu’il intensifie la guerre, capitule complètement devant l’impérialisme ou soit renversé dans le cadre d’une opération de changement de régime s’accroît de jour en jour.

La dissolution de l’Union soviétique et la campagne de l’impérialisme pour assujettir la région

L'impasse historique dans laquelle se trouve la classe ouvrière ne peut être comprise que dans le contexte de la réaction stalinienne contre la révolution d'octobre 1917, qui a abouti à la dissolution de l'Union soviétique en 1991. Alors que Poutine a déclenché l'invasion de l'Ukraine par une attaque contre la révolution d'octobre et Vladimir Lénine, le cours désastreux de la guerre a, en fait, confirmé que la révolution fournissait la seule solution viable aux grands problèmes historiques auxquels étaient confrontées les masses de cette région.

Le président américain George H.W. Bush et le premier ministre soviétique Mikhaïl Gorbatchev reconnaissent officiellement la dissolution de l’Union soviétique.

La stratégie du régime de Poutine consistant à déployer une pression militaire pour forcer un accord avec les puissances impérialistes a échoué. Chaque tentative du Kremlin de parvenir à un accord est interprétée par l’OTAN comme une faiblesse et est exploitée. Et maintenant que les forces supplétives de l’OTAN en Ukraine sont confrontées à une débâcle militaire, la réponse des puissances impérialistes a été d’ouvrir un autre front dans la guerre à l’intérieur même de la Russie et de préparer l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine. Les «lignes rouges» ont été abandonnées les unes après les autres. L’OTAN est essentiellement en guerre contre la Russie, la deuxième puissance nucléaire du monde.

Cette escalade apparemment irrationnelle et folle de la guerre par les puissances impérialistes est motivée par de profondes forces historiques et économiques.

La destruction de l’Union soviétique en 1991 a marqué une nouvelle période de guerres impérialistes et de révolution sociale. David North, président du comité éditorial international du World Socialist Web Site et du Socialist Equality Party (US), a expliqué en août 1990 que la crise qui se déroulait dans le golfe Persique,

[...] marque le début d'une nouvelle redivision impérialiste du monde. [...] En proclamant «l'échec du socialisme», la bourgeoisie impérialiste proclame, en actes sinon en paroles, l’échec de l’indépendance. L’aggravation de la crise à laquelle sont confrontées toutes les grandes puissances impérialistes les oblige à s'assurer le contrôle des ressources stratégiques et des marchés. Les anciennes colonies qui avaient atteint un certain degré d’indépendance politique doivent être soumises à nouveau. En attaquant brutalement l’Irak, l’impérialisme fait savoir qu’il a l’intention de rétablir le type de domination effrénée des pays arriérés qui existait avant la Seconde Guerre mondiale. (David North, «On the Eve of the First Iraq War», A Quarter Century of War: The U.S. Drive for Global Hegemony, 1990-2016, Mehring Books 2016, p. 6).

Quelques mois plus tard, les États-Unis ont commencé à bombarder l’Irak avec l’aval de la bureaucratie soviétique. Mais en embrassant l’impérialisme, la bureaucratie soviétique a ouvert la voie à l’asservissement colonial de toute la région. La révolution d’Octobre et la création de l’Union soviétique ont soustrait de vastes ressources du globe au contrôle et à l’exploitation impérialistes directs pendant des décennies. L’établissement d’un accès direct à ces ressources est redevenu une priorité majeure dans les calculs géopolitiques et économiques des puissances impérialistes. En mai 1991, le Comité international de la Quatrième Internationale a lancé un avertissement:

Avec la connivence du Kremlin, l’impérialisme affirme avec une effronterie croissante son droit à prendre le contrôle des vastes territoires de l’URSS. Il est impossible pour les impérialistes d’ignorer l’importance économique des matières premières, du vaste potentiel de production et de l’immense marché de l’Union soviétique.

Lors d’une conférence donnée à Kiev en octobre 1991, David North a déclaré à propos des républiques nationales de l’ex-Union soviétique, comme l’Ukraine, qu’il fallait prévoir ceci :

En déclarant leur «indépendance» de Moscou, les nationalistes ne peuvent rien faire d’autre que de placer toutes les décisions vitales relatives à l’avenir de leurs nouveaux États entre les mains de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la France, du Japon et des États-Unis. [...] Le retour au capitalisme, dont l’agitation chauvine des nationalistes n’est qu’un des aspects, ne peut conduire qu’à une nouvelle forme d’oppression.

David North donne une conférence à l’Institut des archives historiques de Moscou.

L’évolution des 30 dernières années a apporté une confirmation brutale et tragique à ces avertissements. De grandes parties du Moyen-Orient ont été dévastées par l’agression impérialiste et des millions de personnes ont été tuées. Les anciennes républiques soviétiques ont été transformées en États-nations capitalistes, dirigés par des oligarchies criminelles, déchirés par des conflits ethniques, tribaux, religieux et nationaux, et marqués par des niveaux extrêmes d’inégalité sociale.

La soi-disant «indépendance» de l’Ukraine a servi à l’enrichissement personnel d’une minuscule strate d’oligarques et de couches privilégiées de la classe moyenne. Pour la classe ouvrière du pays, ce fut une catastrophe. L’Ukraine, un pays qui avait été occupé par l’Allemagne au cours des deux guerres mondiales, a été transformée en rampe de lancement d’une nouvelle guerre impérialiste contre la Russie. Des centaines de milliers d’Ukrainiens ont déjà été massacrés. Ceux qui ont survécu jusqu’à présent sont confrontés à la misère sociale.

Le Tadjikistan, d’où sont originaires les terroristes présumés, est un autre exemple tragique du désastre combiné de la restauration capitaliste et de l’explosion des guerres impérialistes. C’est la plus pauvre de toutes les anciennes républiques soviétiques, près de la moitié de sa population n’ayant pas accès à l’eau potable. La moitié de son PIB provient des envois de fonds des travailleurs émigrés. La situation désastreuse dans laquelle se trouve le Tadjikistan a été fortement influencée par les interventions américaines dans l’Afghanistan voisin. Les militants islamistes afghans moudjahidines, financés par les États-Unis dans les années 1980 pour mener une guerre contre l’armée soviétique, ont été directement impliqués dans la guerre civile qui a ravagé le Tadjikistan de 1992 à 1997.

Les guerres impérialistes des trois dernières décennies et l’encerclement croissant de la Russie et de la Chine ont atteint une nouvelle étape qualitative: poussées par des crises internes et confrontées au déclin rapide de la position de l’impérialisme américain et européen à l’échelle mondiale, surtout vis-à-vis de la Chine, les puissances impérialistes s’orientent vers une nouvelle tentative de redécoupage du monde. De leur point de vue, les ressources de l’ancienne Union soviétique sont indispensables à la guerre imminente contre la Chine.

La classe ouvrière de l’ancienne Union soviétique est confrontée à une menace existentielle. Si la situation est laissée entre les mains de l’oligarchie au pouvoir, l’alternative posée est entre un conflit direct avec l’OTAN, qui menace d’utiliser des armes nucléaires, et un dépeçage de toute la région à travers une série de guerres civiles et d’opérations de changement de régime.

Les travailleurs et les jeunes de l’ancienne Union soviétique ne peuvent lutter contre la menace existentielle que représente l’assaut impérialiste qu’en revenant sur la voie de 1917, c’est-à-dire la voie de la lutte des classes et de la révolution socialiste. Ils ont besoin d’un parti totalement indépendant de toutes les factions de l’oligarchie et des puissances impérialistes, et qui lutte pour les intérêts historiques de la classe ouvrière internationale. Seul le mouvement trotskiste mondial, incarné par le Comité international de la Quatrième Internationale, représente un tel parti. Sa construction est donc la tâche la plus urgente dans la lutte pour unir les travailleurs au niveau international autour du programme de la révolution socialiste mondiale.

(Article paru en anglais le 9 avril 2024)

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