Des centaines d’étudiants manifestent à la Sorbonne contre le génocide à Gaza

Malgré l’interdiction de se rassembler, des centaines d’étudiants et de professeurs étaient présents devant l’université de la Sorbonne pour dénoncer la répression policière contre l’opposition au génocide à Gaza dans les universités, alors que le président Emmanuel Macron y tenait un discourt de campagne pour les élections européennes.

Interdite par la préfecture, le rassemblement organisé par des syndicats d’étudiants de l’université de la Sorbonne à l’occasion du discours sur l’Europe prononcé par le président de la République ce jeudi 25 avril finalement a eu , place du Panthéon. Une centaine de manifestants se sont réunis. Les manifestants étaient entourés d’un important dispositif de policiers venus boucler le quartier pour la présence du chef de l’État.

Relayé par le Huffington Post, la secrétaire fédérale du syndicat l’union étudiante, Emmy a dit: «On se rassemble pour montrer que les étudiants sont contre le génocide à Gaza, mais aussi qu’on attend des réponses de notre gouvernement». Elle a aussi indiqué qu’un «mouvement de répression sur ce sujet a actuellement lieu dans les universités sur ce sujet, que ce soit avec l’annulation de conférences ou lorsque des étudiants pro-palestiniens qui tentaient d’occuper Sciences Po Paris ont été délogés.»

Dans la nuit de mercredi à jeudi, une soixantaine d’étudiants avaient occupé des locaux à Sciences Po. Les forces de l’ordre, craignant un embrasement plus large des universités parisiennes, sont rapidement intervenues pour casser l’occupation et déloger les manifestants.

Le Huffington Post a aussi interrogé deux étudiants, Romain et Manal, qui ont voulu profiter de l’arrivée de Macron à la Sorbonne pour donner une visibilité plus grande à l’opposition contre le génocide à Gaza: «On n’est pas vraiment dans une optique de calquer notre discours sur le sien. Le but, c’est de rendre le peuple palestinien et sa souffrance visible. On ne peut pas laisser passer certaines actions dans le monde, il faut dire qu’on n’est pas d’accord».

Ce rassemblement a lieu dans un contexte de manifestations de masse à l’échelle internationale et notamment dans les universités aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en France contre le génocide à Gaza perpétré par l’État Israélien soutenu par les puissances impérialistes de l’OTAN.

Le régime de Netanyahu prépare un assaut imminent sur la ville de Rafah où plus de la moitié de la population, soit environ 1,5 millions de personnes, a fui pour se mettre à l’abri. Craignant les implications politiques de l’invasion imminente, les gouvernements lancent une campagne brutale et systématique de répression et de calomnie affirmant que les protestations contre le génocide de Gaza sont animées par l’antisémitisme.

À l’Université de New York, des policiers en tenue anti-émeute ont arrêté plus de 100 étudiants et professeurs dans la nuit de lundi à mardi, frappant les manifestants et utilisant du gaz poivré. À l’Université Yale, 47 étudiants ont été arrêtés lundi. À Cal Poly Humboldt, la police anti-émeute a fait irruption dans un bâtiment universitaire et a arrêté des étudiants. Neuf étudiants ont été arrêtés mardi à l’Université du Minnesota.

En France, toutes tentatives d’organiser des réunions sur le génocide à Gaza sont systématiquement censurés ou perturbés par des voyous d’extrême droite. Rima Hassan, candidate LFI aux élections européennes, et Anasse Kazib, du groupe moréniste Révolution permanente (RP), sont tous deux convoqués pour des auditions de police pour des soupçons d'« apologie du terrorisme ».

Jean-Luc Mélenchon, du parti La France insoumise (LFI), a vu ses réunions de défense de Delescaut,responsable syndical de la Confédération générale du travail (CGT) condamné à un an de prison avec sursis, interdites. La condamnation de Delescaut était basée sur la diffusion d'une déclaration, trois jours après le soulèvement du 7 octobre à Gaza. Faisant référence aux décisions répétées des Nations Unies selon lesquelles l'occupation et le blocus de Gaza par Israël, qui durent depuis 16 ans, sont illégaux au regard du droit international.

Dans l’analyse finale, cette répression policière et de calomnie vise la classe ouvrière dans son ensemble. Macron et les gouvernements impérialistes cherchent à faire taire toute expression de l'opposition de masse parmi les travailleurs et les jeunes, en France et à l'étranger, au meurtre systématique de dizaines de milliers de civils sans défense dans les hôpitaux, les camps de réfugiés et lors de distributions de nourriture à la population affamée de Gaza.

L’invasion imminente de Rafah fait craindre à Macron et à l’étranger une explosion sociale qu’ils cherchent à faire taire. Les gouvernements préparent une escalade militaire pour une implication direct des puissances impérialistes dans une troisième guerre mondiale qui a commencé, ils ont conscience qu’une énorme opposition parmi les jeunes et les travailleurs se manifestera.

Le spectre d’un Mai 68 à l’échelle internationale horrifie Macron et à l’étranger. Mai 68 avait commencé par un mouvement étudiant contre le régime conservateur du Général De Gaulle. La grève générale a éclaté avec l’entrée de la classe ouvrière en lutte contre la répression des étudiants par les forces de l’ordre, qui attaquaient violemment les étudiants et les jeunes dans le Quartier Latin à Paris. De Gaulle, qui n’avait pas pu compter sur l’armée pour réprimer l, a dû compter sur les appareils de la CGT et du PCF pour bloquer une révolution et sauver le régime gaulliste.

Aujourd’hui, des manifestations d’opposition au génocide à Gaza et aux guerres menées par les puissances de l’OTAN se répandent à travers le monde. Ceci souligne que les questions de génocide et de guerre impérialiste sont des questions mondiales nécessitant une stratégie internationale.

L’exemple de Mai 68 montre la voie à suivre contre la répression policière grandissante visant les manifestations de jeunes contre le génocide à Gaza. Pour se protéger de la répression, il faut alerter et mobiliser la seule force révolutionnaire capable de mettre fin au génocide et à la guerre: la classe ouvrière internationale. Les étudiants et les jeunes doivent se rendre sur les lieux de travail et alerter les travailleurs sur le génocide et les mesures d’État policier visant l’opposition au génocide.

Surtout, il faut construire dès le départ ce mouvement de manière internationale. Grèves, manifestations et réunions d’opposition au génocide doivent souder le mouvement international croissant d’opposition au génocide. Cela inclut les travailleurs de Google qui ont été licenciés et les étudiants des universités américaines menacés de répression après avoir dénoncé le génocide.

Surtout, cela nécessite la construction d'une direction marxiste révolutionnaire internationale dans la classe ouvrière. Les travailleurs ne peuvent pas attendre que LFI ou l’appareil de la CGT lancent un tel mouvement, ce qu'ils ne feront pas; ils sont issus des forces qui ont sauvé le régime gaulliste. Le PES appelle les étudiants et les travailleurs à participer au rassemblement international en ligne de la journée des travailleurs sur ce sujet organisé par le Comité international de la IVe Internationale et à promouvoir le rassemblement intenrational en ligne wsws.org/mayday .

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