Les autorités canadiennes passent sous silence les ravages de la COVID longue

Bien que passée sous silence par les autorités et les grands médias, la COVID longue fait des ravages au Canada, comme en témoigne le cas de Sébastien Verret, un résident du Québec qui a contracté le virus dans une maison pour aînés (CHSLD) durant la première vague de la pandémie après y avoir travaillé comme bénévole pour pallier aux personnels réguliers tombés malades.

Dans un état constant de douleur, incapable d’être autonome et sans accès à des ressources physiques et économiques adaptées et suffisantes, il songe maintenant à utiliser l’aide médicale à mourir (AMM). «Ma demande, soulagez-moi, aidez-moi ou tuez-moi, j’en peux plus», a-t-il fait savoir publiquement. «Rassurez-vous, je ne suis pas suicidaire et je n’ai aucune idée noire, je veux vivre, mais une vie dans la dignité».

En plus de souligner comment la classe dirigeante est en train de pervertir l’AMM en mécanisme pour se débarrasser des plus vulnérables afin de réduire les dépenses sociales, cette histoire tragique jette la lumière sur le manque total de soutien social et financier de l’État pour les personnes atteintes de COVID longue – le syndrome post-infectieux du virus.

Caricature du Canadian Illustrated News de 1875 montrant les maladies infectieuses. La COVID aurait sa place sur la version contemporaine avec les gouvernements capitalistes à la place de la faucheuse. (PHOTO: Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Parmi les séquelles physiques les plus importantes associées à la COVID longue, on retrouve la fatigue extrême et incapacitante, des malaises post-effort, des maux généralisés, des palpitations, de la tachycardie et des étourdissements.

Globalement, la COVID longue a la capacité d’attaquer pratiquement tous les organes du corps, des reins aux poumons en passant par la peau. D’un point de vue neurologique, elle entraîne également des troubles cognitifs, des brouillards cérébraux, des pertes de mémoire et des conséquences sur la concentration et l’humeur.

Selon diverses études, la maladie augmenterait les risques de maladie auto-immune, doublerait les risques d’avoir une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un caillot sanguin dans les poumons, et triplerait les risques de développer un rythme cardiaque inhabituel, en plus d’accroître les risques de maladies comme Alzheimer, Parkinson et la démence.

Alors qu’on ne connaît toujours pas toutes les complications que peuvent entraîner des infections à répétitions par la COVID, le nombre de travailleurs qui vont devoir vivre avec des effets débilitants risque de croître massivement.

La maladie demeure peu reconnue par le système de santé, les études disponibles sont peu diffusées et il n’y a qu’une poignée de professionnels au Canada qui traitent directement la COVID longue.

Cela a pour conséquence d’accroître le sentiment de désespoir et d’isolement des malades qui seraient, selon certaines études, deux fois plus à risque de développer des symptômes associés à la dépression, à l’anxiété et au stress post-traumatique.

Alors que les conséquences à long terme de la COVID sont de plus en plus impossibles à dissimuler et que la pandémie qui a déjà fait des millions de morts évitables dans le monde se poursuit de plus belle, la classe dirigeante persiste et signe avec sa politique des «profits avant les vies».

Le Canada connaît une nouvelle vague estivale d’infections de COVID-19, alimentée avant tout par le variant KP.3, la dernière évolution du sous-variant JN.1 d’Omicron responsable de la vague de l’hiver passé.

Les chiffres exacts d’infections sont impossibles à déterminer en raison du démantèlement complet des mesures de santé publique. En ce qui a trait au dépistage de masse, le gouvernement fédéral a abandonné les suivis précis de la situation sur son site depuis le 11 juin dernier. Toutefois, les données disponibles sur les eaux usées, qui sont parmi les dernières données disponibles, soulignent que le virus continue de circuler au pays sans la moindre restriction.

Selon les données d’Ottawa et des provinces, le niveau national d’activité virale pour les eaux usées est à l’indicateur «élevé» et le taux de positivité des tests de dépistage se situe entre 10 et 20 pour cent dans la majorité des provinces.

Considérant qu’il y a seulement 65 sites d’eaux usées d’un océan à l’autre qui soumettent leurs données pour analyse, représentant 28,8 pour cent de la population canadienne, et que les hospitalisations et décès causés par la COVID longue sont volontairement omis des statistiques officielles, il est clair que toute estimation de la viralité actuelle est largement en dessous de la réalité.

Le Québec est l’une des provinces les plus touchées, avec des éclosions dans 110 établissements de soins de longue durée et dans 54 centres de soins de santé. Le nombre d’infections et d’hospitalisations est à son plus haut niveau depuis la dernière vague hivernale. En date du 20 août, plus de 1250 personnes étaient hospitalisées. Et 30 décès sont signalés chaque semaine en raison de la maladie.

Après des mois passés à insister que la pandémie est terminée et à démanteler ce qui restait des mesures limitées de santé publique, tous les paliers de gouvernement gardent la population dans le noir et font tout pour camoufler les données et les conséquences possibles de contracter la maladie et de développer des complications.

Pour cette raison, peu de travailleurs sont conscients du danger continu que représente le virus et plusieurs vivent avec les effets débilitants de la COVID longue sans être capables d’expliquer la provenance de leurs symptômes.

Uniquement en Europe, on estime à 36 millions le nombre de personnes qui auraient été victimes de la COVID longue durant les trois premières années de la pandémie, ce qui représente 1 personne sur 30. Étant devenue l’une des maladies les plus courantes dans le monde, l’OMS estime que de 10 à 20 pour cent des personnes qui contractent le virus développeront la COVID longue. Selon d’autres études, ce taux augmenterait à 50 pour cent chez les patients hospitalisés.

Au pays, selon Statistique Canada, environ 7 pour cent de la population adulte, ou 2,1 millions de personnes, vivraient avec les complications de la maladie.

Même si la science demeure nébuleuse sur les raisons exactes pour lesquelles les gens développent la COVID longue, l’expérience empirique souligne que la maladie sévit sans aucune discrimination par rapport à l’âge, l’origine, le genre et l’état de santé pré-infection du patient.

De plus, de nombreuses études soulignent une corrélation entre les réinfections et la possibilité de développer la COVID longue ou d’aggraver les symptômes chez les personnes déjà atteintes. Le seul élément sûr est que c'est la conséquence directe de la réouverture rapide de l’économie lors des premières vagues et de l’abandon graduel de toutes les mesures de santé publique dans les mois suivants.

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