La saisie par les États-Unis d’un pétrolier à destination de la Chine près du Venezuela intensifie le conflit entre Washington et Pékin

Un des hélicoptères de la garde côtière américaine se préparant à saisir le Centuries, un pétrolier chargé de pétrole vénézuélien à destination de la Chine dans les eaux internationales. 20 décembre 2025. [Photo: @Sec_Noem]

La garde côtière américaine a saisi un pétrolier à destination de la Chine au large du Venezuela samedi, la deuxième saisie d’un pétrolier en deux semaines, alors que Washington intensifie un blocus naval visant à renverser le gouvernement vénézuélien.

Comme pour la vague d’attaques américaines ayant tué 104 personnes lors de frappes contre des bateaux civils en mer des Caraïbes et dans le Pacifique oriental (les dernières près de la Colombie et de l’Équateur), la saisie de ces pétroliers n’a aucun fondement en droit international. Il s’agit d’un acte de piraterie en haute mer; et l’imposition d’un blocus contre le Venezuela constitue un acte de guerre d’agression — un crime selon le droit international.

La dernière saisie a intensifié le conflit entre les États-Unis et la Chine, montrant clairement que la nouvelle offensive de Washington pour dominer l’Amérique latine ne constitue pas un recul dans le conflit avec la Russie et la Chine, mais fait bien partie d’un plan visant à créer une base de ressources dans l’hémisphère occidental pour un conflit militaire mondial.

Le navire saisi samedi, le Centuries, transportait du pétrole brut vénézuélien acheté par une société commerciale chinoise. Le 10 décembre, les forces américaines avaient saisi le Skipper, un très grand pétrolier en route vers Cuba. Un troisième pétrolier, le Bella 1, a refusé de se soumettre à un contrôle dimanche et s’est enfui dans l’océan Atlantique, émettant plus de 75 signaux de détresse alors que les forces américaines le poursuivaient dans les eaux internationales.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a dénoncé ces saisies comme «une grave violation du droit international» lors d’une conférence de presse lundi à Pékin, ajoutant que la Chine «s’oppose à toute intimidation unilatérale». La Chine est le plus grand importateur de pétrole vénézuélien.

L’administration Trump a déployé une douzaine de navires de guerre, dont le porte-avions USS Gerald R. Ford — le plus grand navire de guerre au monde — et environ 15 000 soldats dans la région des Caraïbes. Cette région n’avait pas connu une telle présence militaire américaine depuis au moins trois décennies. Les conséquences économiques du blocus sont déjà graves. Cuba, qui dépend du pétrole vénézuélien, risque de perdre une aide économique vitale et subit une faim généralisée, des coupures de courant et des pénuries médicales.

Interrogé lundi sur son objectif de forcer le président vénézuélien Nicolás Maduro à quitter le pouvoir, Trump a répondu: «Je pense que ce serait intelligent de sa part.» Il a ajouté: «S’il joue au dur, ce sera la dernière fois qu’il pourra le faire.»

Le blocus effectif du Venezuela est indissociable de la campagne américaine plus large visant à établir sa domination sur l’Amérique latine comme base de pouvoir pour le conflit avec la Chine. La Stratégie de sécurité nationale publiée par la Maison-Blanche au début du décembre annonce une «Corollaire Trump à la doctrine Monroe», visant explicitement à restaurer la «prééminence américaine dans l’hémisphère occidental» et à empêcher la Chine «de posséder ou de contrôler des actifs stratégiquement vitaux dans notre hémisphère». Le document affirme effectivement une propriété américaine s’étendant sur les deux continents — présentés comme «notre hémisphère» — dont Washington entend s’emparer des ressources comme base de pouvoir en vue d’une confrontation avec la Russie et la Chine.

L’importance stratégique de l’Amérique latine dans les préparatifs de Washington pour un conflit avec la Chine repose sur les vastes réserves de minéraux critiques de la région. L’Amérique latine possède plus de la moitié du lithium mondial, un matériau essentiel pour les systèmes d’armes avancés, les véhicules électriques et l’électronique. La Chine contrôle actuellement jusqu’à 90 % de la capacité mondiale de traitement des terres rares, ce qui donne à Pékin un levier important que les stratèges américains cherchent désespérément à briser.

La campagne américaine lancée contre le Venezuela intervient alors que les États-Unis menacent d’annexer le canal de Panama, que l’administration Trump présente comme un point d’étranglement mondial critique auquel il faut empêcher la Chine d’accéder.

Dans le cadre de la campagne visant à s’emparer du contrôle de «notre» hémisphère, Trump a également exigé que le Groenland, territoire du Danemark, pays allié membre de l’OTAN, devienne une partie des États-Unis. Dimanche, il a nommé le gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, comme envoyé spécial au Groenland. Au cours du week-end, Landry a déclaré dans un post sur X qu’il chercherait «à faire du Groenland une partie des États-Unis».

Lundi, Trump a annoncé des plans pour construire une nouvelle «classe Trump» de cuirassés qui feraient partie d’une «Flotte dorée». S’exprimant depuis Mar-a-Lago, flanqué du secrétaire à la Défense Pete Hegseth et d’images de synthèse des navires proposés, Trump a déclaré que «chacun d’eux sera le plus grand cuirassé de l’histoire de notre pays, le plus grand cuirassé de l’histoire du monde jamais construit». Il a affirmé que les navires seraient «les plus rapides, les plus grands et de loin, cent fois plus puissants que tout cuirassé jamais construit», armés de missiles de croisière nucléaires, d’armes hypersoniques et de systèmes laser. Le premier navire porterait le nom USS Defiant. Trump a dit avoir approuvé la construction de deux navires immédiatement, avec des plans pour un total de 20 à 25.

Le Parti démocrate n’a opposé aucune résistance à la campagne d’agression militaire de Trump visant le Venezuela. La semaine dernière, la direction démocrate du Congrès s’est jointe aux républicains pour adopter le plus grand budget militaire de l’histoire des États-Unis. La loi d’autorisation de la défense nationale de 901 milliards de dollars a reçu les votes du chef de la minorité Hakeem Jeffries, du ‘whip’ de la minorité Katherine Clark et du président du Caucus démocrate Pete Aguilar.

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