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France : la fermeture du centre de Sangatte intensifie les attaques contre les demandeurs d'asile.

Par Antoine Lerougetel
27 novembre 2002

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Le 5 Novembre, le centre de réfugiés de la Croix rouge à Sangatte, près de Calais au nord de la France était fermé à tout nouveau réfugié. Cette décision inattendue et prise sans en avertir personne dix jours avant la date officielle annoncée de fermeture, ne pouvait que créer une crise humanitaire.

Le centre sera définitivement fermé et tous ses 1 600 occupants actuels seront dispersés en avril 2003. Depuis trois ans le hangar désaffecté, de la taille de cinq terrains de football, est utilisé pour héberger quelques 6 000 réfugiés qui veulent demander asile en Grande Bretagne plutôt qu'en France.

Avant l'ouverture du centre, bon nombre de migrants se voyaient obligés de dormir sans abri dans Calais et ses environs. Même ouvert, Sangatte n'a jamais été capable d'héberger les dizaines de milliers de réfugiés qui fuient l'extrême pauvreté, la guerre, l'instabilité politique et la répression partout dans le monde. Rien qu'en 2001, plus de 80 000 interpellations ont été faites près du tunnel sous la Manche et le chemin de fer et 7 000 reconductions à la frontière. Plus de 10 réfugiés sont morts en tentant la traversée vers la Grande-Bretagne, accrochés aux trains ou cachés dans des camions.

La décision de Nicolas Sarkosy, ministre de l'intérieur gaulliste, de fermer le centre constitue une aggravation de la situation par rapport à 1999.

La municipalité de Calais est gérée par une coalition de la Gauche plurielle chapeautée par le Parti communiste français et le maire PCF Jacky Hénin. Ils ont tous collaboré, malgré certaines récriminations mutuelles et des différences d'approche, pour imposer les règles de plus en plus draconniennes qui sont introduites en France partout dans l'Europe Forteresse.

Le maire, M. Hénin estime à quelques 500 le nombre de nouveaux venus, à présent sans abri, aux environs de Calais depuis la fermeture du centre. La plupart sont de l'Irak kurde ou l'Afghanistan dévastés par la guerre.

Le 7 novembre, le Comité de soutien d'urgences aux réfugiés (C SUR) avait cherché à venir en aide aux réfugiés déplacés. Le Comité Sur - qui comprend l'organisation anti-mondialisation Attac, les Verts, Gisti (Groupe d'information et de soutien aux immigrés), les églises locales et la Chambre économique de la jeunesse de la Côte d'Opale - avait rassemblé 44 immigrés, pour la plupart des kurdes iraquiens, dans un gymnase municipal de Calais.

D'après Le Monde, Hénin arriva deux heures plus tard. Accompagné de conseillers de la majorité municipale - PCF, PS, MRG et les Verts Alternatifs ­ sa visite avait pour but de 'prendre connaissance' de 'cette initiative prise à son insu et qu'il [le conseil] désapprouve'. Hénin critiqua la fermeture de Sangatte par Sarkosy comme étant 'un geste médiatique'.

Il accepta d'apporter son aide aux associations, mais le 8 novembre les réfugiés occupèrent un autre gymnase , duquel ils furent expulsés sur ordre de Hénin.

Ce même jour, Hénin convoqua une réunion commune des élus et des associations de la région où selon le rapport du Monde du 11 novembre il reprocha violemment aux associations 'de faire supporter à la municipalité les conséquences d'une décision unilatérale de l'état'. A la fin de la réunion un accord fut trouvé: La Gauche accepterait la fermeture du centre de Sangatte et le maire ouvrirait aux réfugiés jusqu'au 12 novembre la petite église St Pierre-St-Paul, fermée pour travaux d'enlèvement de l'amiante.

Hénin se montra ravi de l'issue trouvée, surtout après que le préfet du Pas-de-Calais, Cyril Shott, ait proposé de transférer les réfugiés dans des centres éloignés de Calais.

Le dispositif était alors mis en place pour que la Gauche et les associations forcent les réfugiés à abandonner toute tentative d'entrer en Grande-Bretagne. Michel Dauvergne, porte-parole du collectif d' associations a dit: 'Jusque là (le 12 novembre) nous allons mettre en place des cellules d'information, ethnie par ethnie, pour expliquer aux migrants que la législation britannique a changé et que leur intérêt est désormais de rester en France'.

La pression excercée sur les immigrants pour les dissuader de lutter pour obtenir le droit d'asile en Angleterre va dans le sens de l'accord conclu entre les gouvernements britannique et français. Le camp de Sangatte était au coeur d'un bras de fer entre le gouvernement travailliste anglais et le gouvernement français alors socialiste.

Tony Blair, premier ministre britannique, avait exigé la fermeture de Sangatte, accusant les autorités françaises d'autoriser, voire d'encourager, en connaissance de cause, les réfugiés à essayer de s'échapper du camp pour se rendre au Royaume-Uni. En réponse à cela, le gouvernement Jospin avait accusé la Grande-Bretagne de faire preuve de trop d'indulgence à l'égard des demandeurs d'asile.

Le bras de fer au sujet de Sangatte est devenu un prétexte pour renforcer les mesures anti-immigration à travers l'Union européenne. En Grande-Bretagne, le gouvernement va imposer une série de mesures comme par exemple enfermer les réfugiés dans des foyers spéciaux et imposer des restrictions supplémentaires sur le droit d'asile.

Mais les partis politiques en France, à gauche comme à droite, ne sont pas satisfaits et pensent que l'Angleterre ne va pas assez loin. Libération annonça le 13 novembre que Sarkosy, Hénin et d'autres s'étaient rencontrés et mis d'accord pour envoyer une délégation commune à Londres début décembre. D'après Jack Lang, député socialiste de Boulogne-sur-Mer, le but de cette délégation est ' d'expliquer à nos amis anglais qu'ils doivent se montrer plus clairs et plus fermes et faire mieux connaître la nouvelle législation votée en Grande-Bretagne'. Albert Falcon, député de la Gauche Plurielle pour le Nord-Pas-de-Calais aurait fait la remarque suivante:' Il est fort ce Sarko. Il fait ce que nous on aurait dû faire'. Jacky Hénin, dans son entretien dans l'Humanité, quotidien du PCF, s'est répandu en injures contre la décision de Sarkozy ' de fermer le centre de Sangatte sans que le problème ait été réglé en Grande-Bretagne'.

De retour à l'église St-Pierre-St-Paul, les divers groupes ont commencé à persuader les réfugiés de quitter Calais. On a conseillé aux réfugiés en provenance d'Irak (officiellement désigné pays 'dangereux') de s'adresser à la Commission d'accès aux documents administratifs pour demander le droit d'asile, processus qui peut prendre jusqu'à 18 mois, période pendant laquelle ils ne peuvent être rapatriés de force ou expulsés.

Pour la minorité d'Afghans, cependant, on ne leur a proposé qu'un séjour de cinq jours dans un centre d'hébergement et de réinsertion sociale en attendant qu'ils décident de ce qu'ils veulent faire.

Les réfugiés avaient décidé de refuser de quitter l'église, mais le 11 novembre la police a interdit que des vivres entrent dans l'église et trois jours plus tard, suite à la demande de Hénin réclamant une assistance policière, les 120 réfugiés ont été expulsés de force. Personne n'a défendu leur droit à choisir de demander asile en Grande-Bretagne, de peur que cela ne crée un précédent pour d'éventuels réfugiés désirant transiter par la France.

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