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Défendons nos retraites: des perspectives pour la défaite de l'offensive mondiale contre tous les acquis des travailleurs

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Le baron de Seillières, patron des patrons français, président du Medef, a demandé au président Chirac et au premier ministre Raffarin de déployer autant d'efforts pour imposer des réformes sociales, notamment en matière de retraites, que ceux qu'ils déploient dans l'activité diplomatique pour défendre les intérêts de l'impérialisme français concernant la guerre contre l'Iraq.

Ceci n'est pas une figure de style: la guerre menée par le capitalisme français contre le niveau de vie, les acquis sociaux et les droits des travailleurs est un moyen crucial pour réduire le coût du travail et ainsi poursuivre les conflits toujours plus acharnés qui opposent la France et l'Union Européenne aux USA en matière de commerce, de marchés, de flux de devises et de ressources de la planète.

La rivalité pour le partage du butin (i.e. les réserves de pétrole des peuples du Moyen Orient) qui fait rage en ce moment- même sur les champs de bataille de l'Irak et dans les couloirs de l'ONU, est le prolongement inévitable sur la scène mondiale du processus de spoliation des services publics et des acquis sociaux qui se déroule dans tous les pays du monde et plus particulièrement aux Etats Unis.

M. Sarkozy et le gouvernement augmentent le budget de la police et de l'armée tandis que le ministre des finances, Francis Mer diminue ou gèle le budget pour les transports, la sécurité routière (!), les handicapés et l'éducation. L'effort croissant pour militariser la France et ses alliés européens confrontés à une agressivité américaine toujours plus grande ne peut qu'augmenter les pressions sur les services publics. Le slogan mondial des lycéens en grève et dans la rue exprime une aspiration profonde: « Books not bombs » ­ des livres, pas des bombes.

Le caractère international de l'offensive contre les droits des travailleurs est signalé dans un document du Medef traitant des retraites. Ce document sert à justifier les attaques en préparation en France en dénonçant de façon grotesque une concurrence déloyale. En effet en Grande Bretagne l'âge de la retraite vient d'être élevé à 65 ans et l'âge de 70 ans est envisagé. En Finlande et aux Etats Unis l'âge légal de la retraite va augmenter de 2 ans pour atteindre 67 ans. Il va monter de 3 ans en Nouvelle Zélande et de 5 ans au Japon, en Corée, en Espagne et en Italie.

Les manifestations massives contre le projet de privatisation d'EDF-GDF, industries publiques d'électricité et de gaz, auxquelles on assiste en France depuis la rentrée, et contre le projet de saccage des droits à la retraite, le NON des gaziers et électriciens prononcé contre le relevé de conclusions proposé par les patrons et leurs syndicats, vont dans le même sens que le mouvement mondial contre la guerre et la résistance du peuple iraquien à la destruction horrifique déclenchée par les forces armées des gouvernements américain et britannique, héritiers de Reagan et de Thatcher.

Raffarin craint une répétition du mouvement de masse qui affaiblit gravement le gouvernement de Juppé en 1995 lorsque celui-ci tenta d'attaquer les retraites des travailleurs du secteur public, l'état providence et les entreprises publiques en général, mais les pressions du Medef et les exigences de l'Union Européenne pour que la France respecte les contraintes d'un déficit public qui ne dépasse pas les 3% du PIB forceront Raffarin à serrer les dents et à déclarer ouvertement ses intentions: les retraites seront débattus à l'Assemblée Nationale en juillet et la réforme doit être bouclée pour août ­ en plein milieu des vacances.

Les travailleurs ne devraient se faire absolument aucune illusion: La Gauche ou les syndicats n'organiseront pas de résistance sérieuse aux projets de Raffarin. Le fait qu'ils s'alignent derrière Chirac sur la question de l'Irak est un signe inquiétant qui laisse présager que finalement ils suivront le gouvernement. Cela rappelle la période des élections présidentielles de l'année dernière quand, le 21 avril, après les résultats du premier tour, la Gauche toute entière, sans oublier l''extrême-gauche', a fait campagne pour appeler à voter Chirac et a rejeté un boycott actif des élections qui aurait mobilisé de façon indépendante la classe ouvrière. C'est ce qui a donné à Chirac la majorité dont il avait besoin pour mettre en place le gouvernement Raffarin et entamer son programme d'attaques accélérées contre les droits et les conditions de travail de la classe ouvrière.

Chirac et la guerre contre l'Irak.

S'il est juste et nécessaire que les travailleurs s'opposent avec véhémence à l'attaque américano-britannique en Irak, entreprise criminelle impérialiste, cette opposition ne doit être en aucune façon un soutien à la politique étrangère de Chirac. Chirac et Raffarin, représentants de la bourgeoisie française, ont leur propre programme impérialiste.

Ceux qui soutiennent la politique étrangère de Chirac acceptent implicitement la logique qui en découle. La concurrence économique mondiale, notamment avec les Etats-Unis, dans les circonstances d'extrême fragilité de l'économie mondiale, et l'intensification du militarisme français et européen comme contrepoids aux Etats-Unis, conduisent l'élite dirigeante à empiéter toujours plus brutalement sur les droits et conditions de travail de la classe ouvrière.

La Gauche toute entière, y compris l''extrême-gauche' soutient la politique étrangère de Chirac.

La semaine dernière, le discours d'ouverture de Bernard Thibault, président de la CGT, à la conférence nationale de sa confédération syndicale insista sur la mission de la France et de l'Europe dans le monde: " La CGT approuve la position et les initiatives prises par le Chef de l'état et la diplomatie française. Elle se félicite de la communauté de vue qui s'est instaurée entre la France, l'Allemagne et la Belgique".

L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius dit dans Le Monde (29.3.03): "Une deuxième leçon de la guerre et de sa genèse est la nécessité de renforcer la construction de l'Europe unie et de créer rapidement une défense européenne". Dans le même article, Fabius propose de faire de l'Irak un protectorat des Nations Unies afin d'empêcher l'exploitation sans entrave des ressources de ce pays par les Etats-Unis et de donner aux entreprises européennes une part du butin de la guerre.
Sur le tract de la LCR distribué le 15 mars on peut lire: "On verra si Chirac ira jusqu'au bout de son opposition en utilisant le veto". Quant au PT, ils utilisent la guerre pour faire avancer leur campagne de défense de l'unité de la République.

Le rôle de la Gauche et des syndicats.

En fait les attaques de Raffarin contre les retraites et les acquis sociaux sont la continuation de ce qu'on fait les gouvernements successifs de Gauche et de Droite qui ont essayé d'adapter la France aux exigences de la concurrence mondiale sur le dos de la classe ouvrière, à commencer par la politique des années Mitterrand, les années 80 et 90.

La tâche des partis de la Gauche plurielle, Parti socialiste, Parti communiste et Verts, ainsi que des bureaucraties syndicales, aidés et soutenus par les soi-disant trotskistes de la Ligue communiste révolutionnaire, Lutte ouvrière et le Parti des travailleurs a consisté à décapiter toute révolte de la classe ouvrière et de la jeunesse et à les contenir dans le cadre de la Cinquième république gaulliste.

Jospin expliqua très clairement sa position un peu avant les élections présidentielles de 2002, comme il l'avait fait auparavant au sujet des licenciements chez Michelin, en disant qu'on ne pouvait s'opposer aux lois du marché: « Je suis socialiste d'inspiration, mais le projet que je propose au pays n'est pas un projet socialiste. Il est une synthèse de ce qui est nécessaire aujourd'hui, c'est à dire la modernité. Il faut épouser son temps ».

La réforme de Balladur sur les retraites du secteur privé en 1993, suivie de la réforme de Juppé en 1996 (après que les syndicats lui aient sauvé la peau au sommet de décembre en mettant fin aux grèves massives de 1995), ne rencontra quasiment aucune opposition de la part des syndicats et fut laissée intacte par le gouvernement de Jospin. En fait le rapport Charpin, commandé par Jospin, proposa d'allonger la durée de contribution ouvrant ainsi la voie à Raffarin et au Médef.

Lors de la réunion des quinze membres de l'Union européenne au sommet de Barcelone en mars 2002, Chirac et Jospin votèrent pour le document formulant le projet d'allonger de cinq années l'âge effectif de départ à la retraite. Conformément à cela, Raffarin envisage d'imposer une lourde pénalité de 3% de perte de pension pour chaque année non payée de façon à obliger les gens à faire leur temps quelque soit leur état de santé ou leur situation familiale.

Les syndicats tentèrent d'imposer aux travailleurs d'EDF-GDF les projets de privatisation et le démantèlement de leur plan de retraite, ce qui aurait impliqué une augmentation de leurs contributions de plus de 50%, soit un passage de 7,58% à 12% du salaire.

Le manque de volonté de la part des syndicats à défendre les retraites a été révélé de façon flagrante dans la plateforme commune des principales organisations syndicales pour la manifestation du 1er février de cette année. Cette plateforme abandonna la revendication de limiter à 37,5 annuités la durée de contributions pour l'obtention d'une retraite à taux plein et alla jusqu'à soulever le chiffre de 40 annuités: un assaut frontal contre les travailleurs du secteur public et orchestré par leurs propres dirigeants syndicaux.

Ce sont là les signes manifestes qu'une fois de plus tous les syndicats vont trahir la lutte qui se prépare, tout comme ils l'ont fait à maintes reprises ces vingt dernières années. Chaque jour les liens qu'ils entretiennent avec l'état se renforcent et ceux qu'ils entretiennent avec la classe ouvrière s'affaiblissent.

Raffarin et Seillière, aidés des médias, des bureaucraties syndicales et de l'ancienne Gauche plurielle essaient de mettre la pression sur les gens pour qu'ils acceptent une baisse importante de leurs droits à la retraite du fait de l'allongement de la durée de la vie. Ils clament haut et fort que sans les mesures qu'ils proposent le système des retraites va s'écrouler. En fait, ce qu'ils veulent éviter c'est de devoir utiliser une plus grande part des bénéfices des patrons pour financer une retraite décente pour un nombre croissant de gens qui vivent plus longtemps. Les réformistes qui s'opposent au programme de Raffarin sèment l'illusion qu'il suffit juste de faire pression sur le gouvernement pour que celui-ci consacre 6% de plus du PIB pour les retraites afin de les maintenir à leur niveau actuel.

Seule une perspective socialiste internationale peut s'opposer aux attaques contre les acquis

La lutte contre la destruction des droits à la retraite et des acquis sociaux doit se baser sur une perspective socialiste internationale.

La lutte contre les tentatives des différents capitalismes nationaux à se faire concurrence en détruisant le niveau de vie et les droits de leur classe ouvrière respective ne peut se faire que sur la base d'une lutte internationale contre le système de profit lui-même.

Le pouvoir de la classe ouvrière ne peut se développer que si cette dernière est mobilisée indépendamment des partis capitalistes. Les partis de gauche ont montré leur incapacité à défendre les droits de la classe ouvrière et à s'opposer au militarisme impérialiste.

La lutte contre la guerre commerciale et le militarisme exige l'unité internationale de la classe ouvrière. La classe ouvrière a besoin de construire son propre parti politique et de lutter pour le pouvoir.

Nous vous invitons à lire régulièrement le World Socialist Web Site qui se bat pour une telle perspective internationale et si vous souhaitez davantage d'informations pour participer à la construction du mouvement contactez-nous.


Le 3 avril 2003


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