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Entretiens avec des manifestants anti-guerre à Paris

Par David Walsh
19 février 2003

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Une majorité écrasante de la population française est hostile à la guerre américaine contre l'Irak. Selon un sondage fait par la société internationale de recherche IPSOS pour la télévision française et rendu public le 17 février, près de 9 Français et Françaises sur 10 (87 pour cent) s'opposent à une telle intervention militaire. L'opposition a augmenté de 10 pour cent depuis début janvier.

Cette opposition s'est exprimée dans la participation massive à des dizaines de manifestations anti-guerre tenues en France samedi dernier. En plus des centaines de milliers qui ont défilé à Paris, 20.000 personnes ont protesté contre la guerre imminente à Marseille, 15.000 à Lyon, 10.000 à Toulouse, Bordeaux, Montpellier et Nice, 5.000 à Strasbourg et Rennes, 2.500 à Nîmes, 2000 à Avignon. Un millier de gens ont manifesté à Albi, Metz, Nancy, Tarbes, Montauban, Besançon, Aurilla, Aubagne et Salon-de-Provence, Auch et Cahors.

Sur l'île de la Réunion, territoire français dans l'Océan indien, quelque 6.000 personnes ont défilé dans la plus grande ville, Saint-Denis (population: 131.000), selon la police. Plus d'un millier de gens ont protesté en Corse.

L'establishment français a cherché à traduire le sentiment anti-guerre en soutien pour le régime Chirac et effectivement le même sondage de l'IPSOS a révélé que 85 pour cent de la population approuvait la politique du gouvernement par rapport à l'Irak. Le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a félicité les manifestants du monde entier, affirmant que c'était la preuve que la France «peut être suivie». Il a déclaré que pour la France «ce n'est pas simplement la bataille du porte-feuilles» mais «des grandes causes». C'est une affirmation que repoussera quiconque ayant la moindre connaissance de la littérature, voire l'histoire, française.

La présence de centaines de milliers de manifestants dans les rues est aussi troublante pour le gouvernement français que pour tout autre. Les brûlantes questions sociales (chômage, hausse des sans-logis, sort des immigrés sans papiers, montée de la pauvreté) sont inévitablement soulevées dans de telles protestations. Si le gouvernement Chirac a la moindre stabilité, alors qu'il s'apprête à attaquer les pensions et d'autres acquis sociaux de la classe ouvrière, c'est en grande mesure à cause de l'impotence et de la lâcheté des partis de «la gauche» et de «l'extrême-gauche», qui ont tant fait pour légitimer le président français dans les élections du printemps dernier.

La grande majorité des participants à la manifestation de Paris semblaient sans affiliation politique, et ils ont accueilli avec un entrain visible la déclaration, «Les tâches que le mouvement contre la guerre doit confronter», qui était distribuée par des sympathisants du WSWS. Dans une marche où la littérature politique de type sérieux était peu en évidence, la vue d'un texte sérieux, qui pourrait offrir une explication des événements, a attiré l'attention.

Nous avons parlé à plusieurs manifestants.

Martine, aide-soignante, originaire de la Guadeloupe dans les Antilles

Je suis contre la guerre. C'est injuste, sans même l'accord de l'ONU. Chirac, ce qu'il fait avec l'Allemagne, c'est bon et peut-être ils amènent la Russie, heureusement.

WSWS : La France aussi est un pays colonialiste. Elle joue un rôle colonialiste en Côte d'Ivoire aussi.

D'accord. Cela passe par l'ONU de toutes façons en Côte d'Ivoire. Mais la guerre c'est inhumain.

WSWS : Pensez-vous que l'ONU peut défendre les gens?

Non, l'ONU ne peut pas défendre les gens. Non, désolée. Kofi Annan, quel est le rôle du secrétaire de l'ONU, je ne comprends pas. Les États-Unis envahissent partout. Ils ont envahi le Panama. Parfois ils soutiennent des dictateurs.

Corinne Bécourt, animatrice du Parti communiste [PCF] à St Quentin dans l'Aine

La guerre c'est ce qu'il y a de plus dégueulasse pour les peuples. Je pense que c'est toujours les mêmes qui en pâtissent. On y verse beaucoup d'argent pendant qu'il y a de graves maladies comme le Sida et le cancer. On ferait mieux de donner cet argent à la recherche et d'éradiquer ces maladies et ça on n'en a pas la volonté. Cette guerre est pour la pétrole et une guerre qui sent l'argent, quoi.

Les États-Unis et Bush qui veulent s'imposer en gendarmes du monde et si on les laisse faire ça sera de pire en pire. Je suis ici pour la paix en Irak et aussi en pensant au peuple palestinien.

WSWS : Que pensez-vous de la politique du gouvernement Chirac?

Chirac pour le moment il dit non, il n'y va pas mais par exemple on a appris depuis peu que dans leurs hauts ministères ils avaient décidé secrètement, ils avaient déjà chiffré à combien allait monter cette guerre. C'est à dire pas en termes de présence sur le sol mais en termes de présence sur les airs. Donc on sait pertinemment que Chirac a toujours été un menteur et moi je n'attends rien de lui. Même si en apparence il fait semblant de dire qu'il n'y va pas, on sait très bien qu'à terme on ira quand même. J'espère que la pression de toutes ces manifs, ça va continuer à monter, qu'on arrive peut-être à la stopper. Mais je n'en suis pas certaine.

WSWS : Vous avez confiance en l'ONU?

Aucune confiance

WSWS : Sur quelles forces devrait s'appuyer un mouvement contre la guerre?

Je crois que le seul appui solide pour agir contre la guerre c'est ce genre de rassemblement, c'est tous se rassembler, les progressistes, tous les gens de bonne volonté en faisant abstraction de nos divisions. Après honnêtement je ne vois pas trop.

WSWS : Comment voyez-vous le conflit entre la France et les États-Unis?

En fait, ça me fait rire. Je m'en tape. On sait que demain pour certains marchés ils seront bien alliés et que ça ne posera plus de problème. C'est du cinéma, c'est du théâtre.

WSWS : Juste après le 11 septembre, [le dirigeant du PCF] Robert Hue a dit qu'il soutenait l'effort de Bush contre le terrorisme

D'une part, sur cette question je n'étais pas d'accord, et d'autre part je suis en total désaccord avec la politique de Robert Hue depuis un certain nombre d'années. Je suis membre du parti depuis quatorze ans. Je suis responsable depuis quelques années de mon parti dans ma ville, St Quentin dans l'Aine.

Alain Guilmain, travailleur de l'auto, CGT, Loire et Cher

Les gens globalement sont assez contre cette guerre. Ils savent que c'est une guerre orchestrée par les États-Unis. Encore l'expérimentation des bombes. On va tuer des innocents au nom du fric, au nom de l'impérialisme américain.

WSWS : Que pensez-vous de la politique de Chirac?

On ne peut que se satisfaire que pour l'instant il refuse de s'engager dans le conflit. On espère qu'il va maintenir sa position. On est là pour faire pression sur le gouvernement français pour qu'il maintienne sa position.

WSWS : Mais la France a ses propres intérêts coloniaux.

Ah, aussi. On voit ce qui se passe en Côte d'Ivoire par exemple. Il y a encore des intérêts coloniaux de la part de la France, c'est indéniable.

WSWS : Qu'est-ce que vous pensez de l'ONU?

On sait qu'ils sont à la solde de l'impérialisme. On n'attend pas grand chose de l'ONU. En 1991 ils ont donné leur aval pour aller bombarder l'Irak et je pense que malheureusement il vont se rallier à la cause des États-Unis

WSWS : Pensez-vous que le nationalisme est une réponse à cette guerre?

Je pense qu'il faut qu'on arrive à réunir au niveau de l'Union européenne les pays qui sont défavorables à cette guerre. Si on avait tous une position commune cela pèserait plus dans la balance.

WSWS : Ne pensez-vous pas que la classe ouvrière sur l'échelle mondiale aurait son mot à dire en tant que classe plutôt que voir la chose en tant que nations?

Oui, tout à fait, c'est aux peuples de faire pression sur les États-Unis et sur les dirigeants de leurs pays pour s'opposer à ce qui peut dégénérer en un conflit plus large vu les tensions qui règnent déjà dans cette partie du monde. C'est au peuple de chaque pays de se prononcer fortement contre ce conflit. On sait que cette période est propice [pour les gouvernements et les employeurs] pour mettre en cause tous les acquis, ce n'est pas nouveau.

WSWS : Que pensez-vous du conflit entre la France et les États-Unis?

Ils ont déjà commencé à boycotter certains produits. Est-ce qu'ils vont amplifier le truc ? Ce n'est pas impossible. Maintenant il y aura certainement des négociations entre le gouvernement Raffarin et le gouvernement Bush.

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