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Le secrétaire général du PCF perd définitivement son siège de député

Par Peter Schwarz
Le 7 fevrier 2003

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Le Secrétaire général du PCF, Robert Hue, a perdu son siège de député d'Argenteuil, la cinquième circonscription de l'Oise pour la seconde fois dimanche dernier.

Hue n'avait été battu que de 244 voix par le député de l'UMP, le parti conservateur, Georges Mothron, lors de l'élection législative de juin 2002. Il contesta le résultat du vote et à l'automne dernier la cour constitutionnelle décida de faire recommencer l'élection arguant d'une enfreinte au règlement électoral de la part du candidat UMP. Dans cette nouvelle élection Mothron accentua son avance sur Hue ­ il obtint 969 voix de plus, soit trois pour cent des suffrages exprimés.

A présent les conservateurs ont bien en main ce qui fut longtemps un bastion du PCF. Mothron avait déjà chassé le PCF de la mairie aux élections municipales de 2001. Le PCF contrôlait cette municipalité depuis soixante-sept ans.

Cette nouvelle défaite de Hue met fin à sa carrière politique. Il avait déjà annoncé avant la nouvelle élection qu'il ne serait plus candidat à la direction du PCF au congrès d'avril. Il n'a plus à présent la possibilité de jouer un rôle dans une autre fonction dirigeante au sein du parti.

Hue, qui est est infirmier de métier, avait remplacé Georges Marchais à la tête du PCF juste avant la fin de l'ère Mitterrand. Le parti qui était le plus grand du pays après la Deuxième guerre mondiale, ralliant un quart de l'électorat, avait déjà à l'époque où Hue prenait ses fonctions, perdu une bonne partie de son influence. Sous sa direction cette chute alla s'accentuant..

De 8,7 pour cent des voix à l'élection présidentielle de 1995 (9,9 pour cent à l'élection parlementaire de 1997), son soutien tomba à 6,8 pour cent à l'élection européenne de 1999 et à 3,4 pour cent à l'élection présidentielle de 2002, lors de laquelle Hue fut lui-même candidat. Aux élections municipales de 2001, le PCF perdit, outre Argenteuil, de nombreuses autres communes dont il avait contrôlé les municipalité pendant des decennies. La nouvelle défaite de Hue a une signification symbolique.

Les opposants de Hue au sein du PCF réagirent à cette défaite avec une satisfaction maligne à peine dissimulée. Il firent porter la responsabilité de cette débâcle à la ligne de la mutation défendue par Hue ­ distanciation de l'ancienne phraséologie communiste et rappprochement d'avec le Parti socialiste. «C'est le résultat d'une stratégie qui a échoué » commenta le député André Guérin. « C'est l'échec symbolique de la subordination au Parti socialiste » dit son collègue Maxime Gremetz. Tous deux font partie de l'aile « orthodoxe » du parti.

Le fait qu'Hue porte une responsabilité personnelle et politique dans la déchéance du PCF ne fait aucun doute. Il serait toutefois faux d'attribuer le déclin de ce parti uniquement ou même principalement au rôle joué par ce politicien plutôt insignifiant. Ce sont ici des processus historiques beaucoup plus généraux qui sont en cause. En dernière analyse, la désintégration du PCF est la conséquence inéluctable de la politique stalinienne défendue pendant des décennies.

Ce parti qui est sorti du Parti socialiste au congrès de Tours en 1920, explusa de ses rangs les défenseurs de l'Opposition de gauche trotskyste au cours des années 1920 et se transforma en un bastion du stalinisme. Tout en continuant de se réclamer en paroles des buts du communisme, il devint un soutien fiable du pouvoir bourgeois en France et il sauva celui-ci de facon répétée en période de crise ­ dans les années 1930 quand le front populaire étouffa un mouvement de masse des travailleurs et isola la révolution espagnole; à la fin de la deuxième guerre mondiale lorsqu'il participa au gouvernment du général de Gaulle, et à nouveau en 1968, lorsqu'il combattit avec acharnement le mouvement étudiant et liquida la grève générale. Le PCF ne s'opposa au gouvernment français que lorsque les intérêts de Moscou et de Paris divergeaient ­ comme en 1939, lorsqu'il soutint le pacte Hitler Staline.

Dans les années 1960 et 1970, le parti alors dirigé par Marchais commença peu à peu à prendre ses distances vis-à-vis de Moscou et à se rapprocher plus encore de l'Elysée, la présidence de la République. Mitterrand put toujours compter sur son soutien lorsqu'il s'agissait d'imposer des mesures hostiles à la population ou de représenter les intérêts de l'impérialisme français à l'extérieur.

La liquidation de l'Union Soviétique fit perdre toute homogénéité au PCF. Hue voulait le rapprochement avec les socialistes et finalement la fusion avec eux. Il donna à Lionel Jospin un soutien sans faille durant tout son séjour au pouvoir. D'autres rêvaient d'un retour au passé stalinien ou encore glorifaient le militantisme syndical.

Cinq factions au moins s'opposent depuis au sein du parti : les partisans de Hue, ceux de la secrétaire nationale Marie Georges Buffet, qui critiquent la « mutation » de Hue avec retenue, tout en voulant la modifier légèrement, les adhérents de Marchais qui veulent un parti « ni social-démocrate ni ultra-gauche », les « Orthodoxes » tournés vers le passé stalinien et les « rénovateurs » qui sont pour la dissolution du parti en un mouvement commun avec la Ligue Communiste révolutionnaire.

Bien que toutes ces tendances soient engagées dans une lutte sans merci, aucune d'elles n'offre de perspective progressiste. Il s'agit sans exception des restes de la désintégration du stalinisme.

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