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France: des millions rejoignent la grève d'une journée pour la défense des retraites.

Par une équipe de reporters du WSWS
13 juin 2003

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Les fonctionnaires français, rejoints par des salariés de certains secteurs du privé ont perturbé ou stoppé les transports en commun, le service de la poste et d'autres services de base lors d'une grève massive d'une journée le 10 juin. La grève, la troisième de ce genre en un mois, fut appelée pour coïncider avec l'ouverture des débats à l'assemblée nationale sur le projet de loi du gouvernement visant à réduire radicalement la retraite de millions de salariés.

Ce projet signifierait, pour les fonctionnaires, l'allongement de la durée de la vie active à 40 années avant de pouvoir prendre sa retraite, et non 37,5 comme c'est le cas maintenant. Après 2008 cela s'allongerait encore à 42 ans. L'impact sur les retraites est estimé à une réduction de 30 % ou plus.

La mobilisation de mardi était appelée par toutes les plus importantes fédérations syndicales à l'exception de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), qui a signé l'avant-projet de réforme sur les retraites préparée par le gouvernement de centre droit du président Jacques Chirac et du premier ministre Jean-Pierre Raffarin. La CFDT est traditionnellement liée à l'aile droite du Parti socialiste. La CGT (Confédération générale du travail) qui entretient depuis longtemps des liens avec le Parti communiste et FO (Force ouvrière) qui est lié au Parti socialiste s'opposent officiellement au projet gouvernemental.

Des salariés de la poste, des cheminots, des employés de banque, des salariés des télécommunication, des infirmiers, des enseignants, des salariés du gaz et de l'électricité, de la justice, de la défense et des douanes ont rejoint la grève nationale. Des policiers aussi participèrent à la mobilisation.

La circulation à Paris était quasiment paralysée, et des bouchons de plusieurs kilomètres s'étendaient à l'entrée de la capitale du fait de l'impact de la grève des transports. Les transports urbains furent perturbés dans bien d'autres villes aussi, petites et grandes, dont Marseille, où ce fut presque un blocage total. Le transport aérien interne fut aussi très réduit.

Dans de nombreuses villes, les ordures ne sont pas ramassées depuis plusieurs jours. De nombreux journaux ne sont pas parus et des chaînes de télévision ont été perturbées.

Plus de 30 % d'enseignants du primaire et du secondaire ont participé à la grève. Les salariés de l'Education sont le fer de lance du mouvement de grève car ils lutent aussi contre des réductions de personnel et le projet de transfert de 110 000 personnels non enseignants du service public d'éducation aux collectivités territoriales. Des milliers d'enseignants, rejoints par des cheminots et des salariés d'autres secteurs, sont en grève reconductible depuis un mois, et certains même depuis début mars.

Quelques 200 000 personnes ont manifesté à Paris et Marseille, bien que les estimations de la police et des syndicats soient très différentes. Quelques 50 villes ont vu des manifestations de plus de 5 000 personnes avec 50 000 à Toulouse, Clermont-Ferrand, Grenoble, Montpellier et Rouen. Il y eut 8 000 personnes à Amiens.

L'immense cortège de Paris alla de la Place de la Bastille à la Place de la Concorde. Il y avait des gens de tous âges, de lycéens et d'étudiants à un large éventail de salariés des secteurs publics et privés. Les contingents les plus grands étaient constitués d'enseignants, mais de nombreux salariés des impôts, d'EDF-GDF (électricité et gaz de France) et d'autres secteurs encore étaient bien représentés. De grands groupes défilaient derrière les banderoles et drapeaux de la FSU (fédération enseignante majoritaire), la CGT et d'autres syndicats.

Malgré les perturbations causées par les grèves, les fonctionnaires jouissent du soutien massif de la population. Un sondage publié le 7 juin par le Figaro annonçait que 66 % des personnes interrogées soutenaient ou avaient de la sympathie pour les grévistes.

Tout en soutenant officiellement la grève, les directions de la CGT et de FO ont travaillé assidûment à en limiter la portée et à décapiter une mobilisation plus généralisée qui poserait un défi politique direct au gouvernement Chirac-Raffarin. La coalition de centre-droit a une large majorité de députés à l'Assemblée nationale, et le premier ministre Raffarin a maintes fois déclaré qu'il entend bien faire adopter son projet de loi.

Néanmoins, la position des syndicats c'est que le mouvement d'opposition n'est pas « politique » et ne tient absolument pas à renverser le gouvernement. Son objectif, d'après les dirigeants syndicaux est de simplement faire pression sur le gouvernement pour lui faire soit abandonner son projet de réforme soit l'amender.

Les partis politiques d'opposition parlementaire de la Gauche plurielle, conduits par le Parti socialiste et le Parti communiste ont gardé leur distance par rapport au mouvement de grèves et de protestations. Des personnalités marquantes du Parti socialiste, dont l'ancien premier ministre Michel Rocard ont ouvertement déclaré leur soutien au projet de loi du gouvernement.

L'évènement clé de mardi fut la rencontre des ministres concernés par l'éducation et des syndicats enseignants, mise en place pour anticiper toute perturbation du baccalauréat, examen que doivent passer les élèves du secondaire désirant poursuivre des études universitaires. Plus de 600 000 lycéens étaient attendus pour commencer leurs examens le 12 juin par l'épreuve écrite de philosophie. De nombreux enseignants grévistes espéraient perturber les examens pour augmenter la pression exercée sur le gouvernement.

Le 10 juin, lors de l'assemblée départementale des quelques 400 salariés de l'éducation grévistes de la Somme, où se trouve Amiens, la principale discussion a tourné sur les moyens les plus efficaces d'organiser des piquets de grève des centres d'examen et d'empêcher le bon déroulement de l'examen.

Une déclaration affichée sur le site web du Snes, principal syndicat des enseignants du second degré et le plus grand syndicat de la FSU, a provoqué beaucoup de colère. La déclaration répudiait un article du Monde disant que le Snes envisageait de lancer un mot d'ordre de grève pour le 12 juin.

Le résultat de la réunion du 10 juin entre les ministres de l'éducation et les syndicats fut un accord conclu entre le ministre de l'intérieur, chargé des collectivités territoriales et de la décentralisation, qui accepta de laisser les 20 000 médecins scolaires, conseillers d'orientation et assistants sociaux dans le giron du service public d'éducation en échange d'une déclaration publique des syndicats garantissant qu'il n'y aurait pas de perturbation du baccalauréat.

La déclaration dit: "Soucieuse de l'intérêt des jeunes, les organisations syndicales réaffirment leur opposition à toute forme de boycott, de blocage ou d'action de nature à nuire au bon déroulement des examens. » Quant au ministre de l'éducation nationale, Luc Ferry, il a réaffirmé l'intention du gouvernement de transférer des dizaines de milliers de salariés de l'éducation (les personnels techniques et ouvriers) aux collectivités locales lorsqu'il a dit : « Les projets de réforme n'ont en aucune façon été retirés. »

Des équipes de sympathisants du WSWS ont distribué lors des manifestations à Paris et Amiens des milliers de tracts de la Déclaration du World Socialist Web Site du 24 mai, remise à jour, « Une stratégie politique pour la défense des retraites en France. »

Entretiens avec des manifestants à Paris le 10 juin

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