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Allemagne: le service du renseignement de Brandebourg diffame le World Socialist Web Site

Déclaration du comité de rédaction du WSWS
20 octobre 2003

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Le service du renseignement de l'État de Brandebourg en Allemagne de l'Est (Verfassungsschutz) a publié un article sur son site web qui accuse le World Socialist Web Site (WSWS) de promouvoir la violence. L'article déclare que le WSWS fait partie du milieu de la « gauche extrémiste » violente. Le comité de rédaction du WSWS rejette entièrement cette accusation diffamatoire et se réserve le droit de prendre des actions légales pour forcer le service du renseignement à se rétracter et à publier une réplique du World Socialist Web Site.

L'article du service du renseignement est une diffamation malveillante contre un quotidien en ligne qui défend le socialisme et les droits démocratiques. C'est une attaque contre la liberté d'expression de la part d'un département de l'État qui doit supposément se soumettre à la constitution allemande.

Le service du renseignement justifie son insinuation sur la base qu'un article du WSWS publié il y a deux ans et demi a été trouvé sur la scène d'une attaque contre un bureau de l'immigration de la ville de Francfort-sur-l'Oder. Les vitrines d'un bureau de l'immigration ont été fracassées au petit matin du 16 septembre et un liquide malodorant a été lancé à l'intérieur. De plus, les serrures des portes donnant sur l'extérieur avait été bourrées de colle et des slogans avaient été peints sur les murs extérieurs du bâtiment.

L'article du WSWS était une critique de la politique du gouvernement allemand sur les réfugiés. Le service du renseignement a dû concéder que l'article était «légalement inattaquable». Néanmoins, il le cite comme une preuve que l'origine de cette action se trouve dans «le milieu de l'extrême gauche». Il continue en affirmant que l'article peut être «rangé parmi un nombre de publications du même genre qui prises comme un ensemble prônent ou incitent à utiliser la violence». Il conclut : «La voie qui mène aux actes criminels est pavée de ces textes.»

Il faut dire ce qui suit de ces allégations :

1. Le World Socialist Web Site est un quotidien socialiste et non une publication de «l'extrême gauche». Il est publiée par le Comité International de la Quatrième Internationale et sa section en Allemagne, le Parti de l'égalité socialiste (SPG). Il adopte une orientation socialiste et défend les droits démocratiques et sociaux. Le SPG a souvent pris part à des élections en Allemagne et est officiellement reconnu comme parti par la commission électorale d'Allemagne. C'est pour lui une question de principe que de s'opposer aux méthodes de la violence individuelle.

2. L'article qui fut supposément trouvé sur la scène de l'attaque fut publié par le WSWS le 24 février 2001 (le 8 mars 2001 en anglais). L'article en anglais portait le titre «The deadly consequences of Germany's refugee policy», que l'on pourrait traduire par « Les conséquences fatales de la politique allemande sur les réfugiés ». Il critiquait la politique de l'État allemand envers les étrangers. L'article est exact tant dans les faits qu'il présente que dans son évaluation politique. Il critique les conditions scandaleuses qui attendent les immigrants et donne des chiffres concrets sur le nombre de victimes qui sont décédées ou ont été blessées en conséquence d'actions de la police aux frontières de l'Allemagne et de l'Europe. Il se base sur des sources d'information généralement disponibles qui peuvent être facilement contre-vérifiées comme l'émission de télévision de la chaîne ADR Monitor, l'Initiative antiraciste de Berlin (ARI), et le quotidien Tageszeitung. L'article dénonce le double langage du gouvernement fédéral allemand qui condamne régulièrement «la violence contre les étrangers lorsque la violence est le fait de néonazis et de racistes dans la rue», alors que « le message transmis par les actes antiréfugiés de l'État allemand renforce les calomnies néonazies que les vies des étrangers "dont on ne veut pas" ne valent rien. »

3. L'affirmation du service du renseignement de Brandebourg selon qui publier un tel article prône ou incite à utiliser la violence a de vastes implications. Elle revient à considérer que toute critique d'une politique gouvernementale est assimilable à une activité illégale. Si cela devait être accepté, il serait suffisant qu'une personne confuse ou un provocateur brise quelques vitrines pour avoir un prétexte pour faire taire les opposants politiques du gouvernement. Avec ce même argument, celui qui critique «Agenda 2010», le programme de reculs sociaux du gouvernement allemand, pourrait être tenu responsable pour les gestes d'un chômeur désespéré qui perdrait les pédales. Ou encore, on pourrait accuser tout opposant de l'adoption de l'euro en Suède «de paver la voie» au meurtre du ministre des Affaires étrangères suédois, Anna Lindt. Celle-ci défendait ardemment l'adoption de l'euro et fut poignardée au sommet de la campagne référendaire sur cette question.

4. Ce type d'argument rappelle les jours les plus noirs de l'histoire allemande. Ce pays a des décennies d'expérience avec les États policiers, autant fasciste que stalinien. Les régimes policiers de tels États ont toujours maintenu que la critique politique du gouvernement revient à appuyer la violence et donc qu'ils étaient justifiés de supprimer leurs opposants politiques. Le droit à la liberté d'expression garantit par la constitution allemande, d'un autre côté, comprend explicitement le droit de critiquer un gouvernement sans que cela n'entraîne la moindre poursuite.

5. Le service du renseignement justifie sa déclaration que le WSWS est de l'extrême-gauche en amalgamant demi-vérités et mensonges. D'un côté, il maintient que le texte publié par le WSWS prouve que l'origine de cette action se trouve dans «le milieu de l'extrême gauche». De l'autre, il veut démontrer la nature d'extrême-gauche de l'article avec le fait qu'il a été supposément trouvé sur les lieux de l'attaque. C'est un raisonnement circulaire.

Incapable de rien trouver dans l'article qui pourrait être interprété comme une incitation à la violence, le service du renseignement cherche à brouiller les pistes pour imposer la caractérisation qu'il en fait. Il écrit : «Dans plusieurs publications de l'extrême-gauche, on trouve une argumentation qui tente d'établir qu'en vertu de son activité, l'État encourage directement l'extrême-droite à utiliser la violence envers les étrangers et les réfugiés. Ce serait ainsi que l'État montre son véritable visage, son visage fasciste. Voilà pourquoi les antifascistes considèrent que l'État est leur ennemi.»

Une fois encore, le service du renseignement utilise un raisonnement circulaire. Il soutient que l'article du WSWS est «d'extrême-gauche» et tente ensuite de prouver cette affirmation au moyen de déclarations inventées de toute pièce provenant de «publications d'extrême-gauche». On ne trouve nulle part de telles déclarations dans l'article du WSWS déjà mentionné ou encore dans tout autre article publié sur le WSWS. La déclaration que l'État «montre son véritable visage, son visage fasciste» fait plutôt référence au langage banal qu'utilise la Faction Armée rouge. Cette formulation, même si elle n'est rien d'autre que le produit de l'imagination du service de renseignement lui-même, est attribuée au WSWS.

6. C'est un fait bien documenté que les services du renseignement allemand utilisent les méthodes de l'infiltration et de la provocation. Ils ont massivement infiltré les cercles de l'extrême-droite et des agents secrets des services du renseignement ont à l'occasion pris part à des actes de violence commis par ces groupes.

À la fin des années 1970, des agents des services secrets ont creusé un passage à l'explosif dans le mur d'une prison de la ville de Celle dans le but de simuler une tentative violente de libérer un membre proéminent de la Faction Armée rouge. Au printemps de cette année, les tentatives d'interdire légalement le NPD néonazi (le Parti national démocratique d'Allemagne) ont échoué après qu'il eût été révélé qu'un dirigeants sur sept de cette organisation était sur les listes de paie des services secrets allemands. L'ampleur de l'infiltration du NPD était telle qu'un juge constitutionnel a commenté que plusieurs des activités du parti pouvaient considérer avoir été « organisées par l'État ». Il y a une série de cas connus où le service du renseignement de Brandebourg a embauché des extrémistes de droite avec un passé violent. Le milieu des radicaux de gauche a aussi été infiltré par des agents de l'État, le ministre de l'Intérieur avertissant régulièrement, alors qu'il régnait un climat de violence d'extrême-droite, qu'il était dangereux de «sous-estimer l'extrême-gauche».

À la lumière de ces événements, il est nécessaire de poser la question suivante : y avait-il des agents des services du renseignement impliqués dans l'attaque du bureau de l'immigration de Francfort le 16 septembre? Est-ce que le service du renseignement brandebourgeois en sait plus que ce qu'il dit? A-t-il été directement impliqué dans le fait qu'on ait trouvé un article du WSWS sur les lieux de l'attaque?

Il y a une différence surprenante entre le niveau des accusations portées contre le WSWS et l'enquête officielle de l'attaque contre le bureau de l'immigration de Francfort. Selon le procureur de l'État en charge de l'affaire, deux semaines d'enquêtes sur cette affaire n'ont produit aucun résultat tangible. Il semble n'y avoir que bien peu d'effort pour pousser l'enquête plus loin. Quant au service du renseignement de Brandebourg, il a publié un article peu de temps après l'attaque qui ne consacrait que quelques lignes à l'attaque elle-même. Les quatre cinquièmes du texte consistaient en une attaque contre le WSWS.

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