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États-Unis : Delphi réclame que les travailleurs américains de l'auto acceptent un salaire de misère

Par Jerry Isaacs
Article originalement paru le 1er novembre 2005

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Delphi Corporation, le plus grand équipementier américain, a envoyé le 21 octobre une lettre confidentielle au syndicat des Travailleurs unis de l'auto (United Auto Workers, UAW) qui exposait une série de coupures sans précédent en ce qui concerne les salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail des 34.000 ouvriers syndiqués et des 12.000 retraités de Delphi aux États-Unis. Les propositions, publiées la semaine dernière sur le site web de la cellule 292 de l'UAW à Kokomo, Indiana, établissent un nouveau point de référence dans le processus de la baisse draconienne du niveau de vie pour les travailleurs de l'industrie automobile et de toute l'économie américaine.

Dans cette lettre, les cadres de Delphi indiquent le besoin de se libérer des «contrats de travail qui ne sont pas concurrentiels» et réclament :

* Une diminution des salaires de 65 pour cent pour les ouvriers, y compris une réduction du salaire horaire pour les travailleurs actuels de 27$ à 9,50$ dans certains cas. Les futurs ouvriers débuteront avec un salaire horaire de 9$ au lieu de 14$ présentement.

* L'élimination de la méthode traditionnelle de rémunérer les heures supplémentaires. Les heures supplémentaires ne se paieront plus après une journée de huit heures, mais seulement après une semaine de plus de 40 heures. Les ajustements pour le coût de vie et l'intéressement des salariés aux bénéfices seront éliminés.

* La multiplication par dix des cotisations médicales payées par les travailleurs, y compris l'introduction d'une franchise. Les cotisations des salariés pour l'assurance-maladie passeront de 250$ pour un individu et $500 pour une famille qu'elles sont actuellement à 2500$ et 5000$ respectivement. Les soins des yeux et les soins dentaires ne seront plus remboursés.

* Le gel des prestations pour les retraités. La caisse de retraite n'acceptera plus de nouveaux adhérents après le premier janvier. Les paiements pour les retraités seront réduits de façon draconienne en correspondance avec la réduction des salaires. Les retraités perdront leurs droits à l'assurance-maladie.

Si ces revendications étaient acceptées, les dimutations salariales signifieraient que des milliers des travailleurs chez Delphi sont jetter dans la pauvreté. À 9$ de l'heure, beaucoup de travailleurs Delphi gagneraient 18.720$ par an, soit 600$ de moins que le seuil fédéral de la pauvreté pour une famille de quatre personnes. D'après les données du dernier recensement, le revenu médian des ménages au Michigan, lieu de résidence de 14.700 travailleurs de Delphi, est de 44.315$.

En plus de réductions de salaire sans précédent dans l'histoire, l'entreprise réclame une augmentation de la productivité, l'annulation de quatre jours fériés payés et la réduction des vacances, dont le maximum passera de cinq semaines à quatre semaines. Commentant cette revendication, le directeur-général de Delphi, Robert «Steve» Miller, a dit «Si vous cherchez 10 semaines de vacances, soit, mais attendez-vous à un salaire de 5$.»

L'entreprise va mettre en place une politique plus sévère en ce qui concerne l'absentéisme. Les absences du travail réduiront les paiements pour les vacances et les jours fériés. L'entreprise éliminera son programme appelé «Jobs Bank», sous lequel Delphi garantit les salaires et l'assurance-maladie de 4000 travailleurs en chômage technique, et elle réclame le droit de fermer, vendre ou fusionner sans restriction la plupart de ses installations aux États-Unis pour les trois années à venir.

Dans les usines, Delphi cherche à avoir carte blanche pour annuler toute clause des contrats du travail qui protègent les emplois syndiqués. Delphi réclame qu'il n'y aucune contrainte sur l'embauche de travailleurs temporaires contractuels et sur le transfert à des entreprises non-syndiquées d'un nombre important d'emplois qui sont normalement syndiqués, tels ceux de réparateur de machines, de menuisier et de fabricant d'outils. L'entreprise cherche aussi à reclasser les métiers plus qualifiés et mieux payés.

D'après le Wall Street Journal, Delphi a également l'intention d'éliminer l'obligation de longue date pour un acheteur d'une usine Delphi de conserver le syndicat et d'honorer le contrat de travail en vigueur au moment de l'achat. Cela donnerait aux acheteurs «un incitatif important de licencier tous les travailleurs syndiqués et d'en embaucher d'autres qui ne seront pas syndiqués» a déclaré une avocate de travail à Detroit, Mary Ellen Gurewitz, au Journal. Le directeur-général de Delphi, Robert «Steve» Miller, a déjà annoncé son intention de fermer ou vendre un nombre «significatif» des 31 usines que possède Delphi aux États-Unis.

Un site web du Syndicat international des électriciens (International Union of Electrical Workers, IUE), également fortement représenté chez Delphi, a dit que l'entreprise cherche à éliminer 5500 des 8500 travailleurs syndiqués avec l'IUE par le biais des ventes des usines, des fermetures, des retraites et des licenciements. Selon l'IUE, Delphi a dit qu'elle a l'intention de fermer six des dix installations où l'IUE représentent les travailleurs.

Enfin, les cadres Delphi essaient de réduire les postes et les privilèges de la bureaucratie des UAW elle-même. Leurs revendications comprennent une réduction du nombre des représentants syndicaux élus dans chaque usine, même si cela devait entraîner l'élimination de fonctionnaires de l'UAW qui font partie de divers comités gérés conjointement par le syndicat et les patrons, tels les équipes de qualité et de sécurité, le recyclage des travailleurs et les programmes d'aide aux employés.

La lettre envoyée à Richard Shoemaker, le vice président des UAW responsable pour les négociations chez Delphi, a indiqué que les concessions réclamées du syndicat des UAW risquent d'être même plus dures si la position financière de Delphi continue à se détériorer, comme le prévoit la direction de l'entreprise. Cela comprend la menace de mettre fin à la caisse de retraite, ce qui entraînerait que les autorités fédérales la prennent en charge et que les retraités perdent jusqu'à la moitié de leurs prestations.

L'entreprise veut un contrat d'une durée de six ans qui comprend la garantie qu'il n'y aura pas de grèves. Si les syndicats ne se mettent pas d'accord avant le 16 décembre, Delphi demandera au juge Robert Drain, qui siège à la cour des faillites des entreprises (US Bankruptcy Court), que les contrats existants soient annulés à partir du 17 janvier pour que l'entreprise puisse imposer son propre contrat. Le juge a approuvé cette échéance, en dépit des objections des syndicats.

Les spéculations se multiplient que l'entreprise, en avançant ces revendications, qui sont plus dures que la proposition finale qui avait été faite avant le dépôt de bilan du 8 octobre, ont pour but de provoquer une grève. Malgré que Miller, qui a reçu trois millions de prime pour embauche, ait nié que c'était là l'intention de Delphi, ses déclarations ont provoqué une intense colère chez les travailleurs de base.

Des articles ont signalé une grève du zèle dans l'usine Delphi à Lockport dans l'État de New York, où les 4700 travailleurs produisent des radiateurs et d'autres pièces indispensables. Les travailleurs sont de plus en plus pour qu'on entreprenne la lutte pour la défense des salaires et des conditions du travail qui ont été obtenus après des luttes de plusieurs générations.

En dénonçant les travailleurs à Lockport, Miller a déclaré «Il y aura toujours une faction qui croit que nous vivons toujours les années 1970.» Puis il a menacé directement les travailleurs qui essaieraient de résister, en ajoutant «Si une usine voulait nous signaler qu'elle veut se trouver à la tête de la liste des usines qui fermeront, elle n'a qu'à entreprendre la grève. Le message sera clairement reçu.» Il a ajouté que toute perturbation des opérations chez Delphi augmenterait la probabilité que l'entreprise mette fin à sa caisse de retraite.

Miller compte que la bureaucratie des UAW continuera à collaborer. Quand le syndicat des UAW était incapable d'empêcher les grèves, soit chez Caterpillar ou dans la série de grèves dans les usines Delphi à Flint, Michigan, et à Dayton, Ohio, dans les années 1990, il isolait les grévistes et mettait fin à la lutte sur les termes des dirigeants de l'entreprise. En dernière analyse, la bureaucratie syndicale a négocié la défense de ses propres avantages et privilèges et pas celle des emplois et des conditions de vie des travailleurs de l'auto.

Miller a souligné ce point, déclarant que le syndicat des UAW avait une direction «compétente, adulte, honnête» qui se rend compte qu'une grève ne servirait qu'à aggraver la situation.

La bureaucratie des UAW, qui vient de négocier une réduction sans précédent des droits d'assurance-maladie pour les retraités chez General Motors, n'a pas de stratégie à opposer aux attaques sur les travailleurs de Delphi. En réponse aux revendications de l'entreprise, l'organisme international du syndicat des UAW ne pouvait pas faire mieux qu'affirmer qu'il «lutterait pour quelque chose de mieux».

À Dayton en Ohio, un centre majeur de Delphi, la bureaucratie syndicale a organisé une manifestation de moins de 100 personnes, pour la plupart des représentants syndicaux et leurs familles, qui s'est terminée par un rassemblement avec divers politiciens du Parti démocrate. À cette rencontre, on a proposé de tenir des séances de prières jusqu'à l'échéance de l'accord éventuel avec les syndicats en décembre. A Kokomo en Indiana, les représentants syndicaux des UAW ont supposément dit aux travailleurs lors d'une réunion du syndicat qu'ils auraient dû voter pour John Kerry plutôt que pour George Bush.

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