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Sri Lanka : Menaces de violence contre une réunion du PES à Jaffna

Par le Parti de l'Egalité socialiste
Le 5 novembre 2005

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Le Parti de l'Egalité socialiste (PES) ne fut pas en mesure de tenir une réunion publique prévue à Jaffna dans le cadre de sa campagne électorale pour les présidentielles en raison de menaces de violence visant à empêcher la population locale de prendre connaissance de la politique du parti.

La réunion devait se tenir le 30 octobre à 14 heures 30 à la Cooperate Union Auditorium pour discuter de la perspective et du programme politiques avancés par le PES pour l'élection du 17 novembre. Le PES est jusqu'ici le seul parti présentant un candidat à l'élection à organiser une réunion à Jaffna, ville au nord de l'île qui est ravagée par la guerre.

Un avis avait été épinglé avant la réunion sur la porte d'entrée fermée de la salle disant : « Boycottez les actuelles élections présidentielles au Sri Lanka. Il n'y a aucune raison pour que les Tamouls soutiennent un quelconque candidat aux élections présidentielles au Sri Lanka. L'expérience de l'époque passée nous suffit. Ne vous aventurez pas dans des activités visant à entériner les élections présidentielles. »

Menaçant, sans erreur possible, à la fois le PES et toute personne se rendant à la réunion, la note poursuivait : « Ceci est un avertissement. Si des activités de ce genre devaient être entreprises par quiconque ne respectant pas notre consigne, le Makkal Padai (armée du peuple) réagira de manière appropriée. » Le Makkal Padai est de toute évidence un faux nom servant à masquer l'identité réelle des auteurs.

Le jour de la réunion, deux jeunes gens s'étaient présentés chez le concierge pour l'avertir de ne pas ouvrir la porte de la salle de réunion. Ensuite, comme les gens qui étaient venus assister au meeting se rassemblaient devant la salle, deux hommes coiffés d'un casque de motard couvrant leur visage s'approchèrent de la foule. Ils firent des tours à moto et partirent en criant : « [S]i vous persistez à tenir la réunion nous lancerons une grenade dans la salle. »

Compte tenu du passé riche en provocations violentes à Jaffna, le PES décida à contre cur d'annuler la réunion. La ville est au cur d'une guerre civile de vingt ans et est fortement militarisée. Les forces de sécurité assujettissent la population tamoule locale à un régime oppressif de contrôles et de fouilles arbitraires. Les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) sont également actifs dans la ville. Ils contrôlent une partie de la péninsule de Jaffna et ont la triste notoriété d'user de violence contre leurs adversaires politiques.

Il est tout à fait possible que le LTTE ou l'une de ses organisations écran soit responsable de cette attaque contre les droits démocratiques. L'Association étudiante des institutions d'éducation supérieure pro-LTTE avait publié une déclaration le 26 octobre appelant à un boycott et dénonçant en termes racistes tous les candidats d'être des « cinghalais ».

En 1998, le LTTE avait arrêté quatre membres du PES à Wanni pour avoir fait campagne pour le programme du parti. En 2002, le LTTE avait proféré des menaces de mort et harcelé des membres du PES qui avaient constitué et dirigé un syndicat de pêcheurs à Ampihainagar sur l'île de Kayts.

De tels actes crapuleux pourraient également être l'uvre d'une des organisations armées tamoules telle le Parti démocratique du peuple d'Eelam (EPDP) qui collabore étroitement avec les forces armées. L'EPDP, qui fait partie de l'Alliance pour la liberté des peuples unis (UPFA), parti au pouvoir, a déjà, par le passé, menacé et harcelé des membres du PES pour avoir fait campagne contre les méthodes employées par l'armée. En 2000, un député parlementaire de l'EPDP attaqua physiquement des membres du PES à Kayts.

Le LTTE, au même titre que ses adversaires, est fortement engagé dans la politique communautariste et profondément hostile à la perspective du PES qui cherche à unir sur la base d'un programme socialiste tous les travailleurs ­ tamouls, cinghalais et musulmans. Il est évident que les menaces du Makkal Padai avaient pour objectif d'empêcher toute discussion de la politique du PES, y compris sa perspective de classe pour mettre fin à la guerre civile.

Après vingt ans de guerre et un cessez-le-feu depuis 2002 qui n'a rien résolu, nombreux sont les Tamouls ordinaires en quête d'une alternative. Ni le Parti uni national (UNP) ni le Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP) ­ les deux principaux partis bourgeois ­ n'ont de solution à la guerre ou à l'inégalité croissante. Les méthodes antidémocratiques du LTTE engendrent une hostilité grandissante, tout comme son incapacité à satisfaire les besoins sociaux fondamentaux de la population laborieuse.

Le responsable, quel qu'il soit, craignait, à l'évidence, que la campagne du PES n'ait un impact politique significatif. Durant la campagne, le parti avait fait apposer des centaines d'affiches et distribué des tracts et de la littérature en langue tamoule, il avait aussi fait du porte à porte dans les îles de Kayts et de Karaitivu, à Karainagar et dans la ville même de Jaffna. Plusieurs réunions locales, rassemblant beaucoup de monde, avaient été organisées par le PES et les détails du principal meeting lors duquel Nanda Wickremasinghe, membre du comité central du PES, devait prononcer un discours, avaient été reproduits dans les journaux locaux.

Soixante personnes s'étaient retrouvées devant la salle avant le début de la réunion. Parmi elles il y avait des pêcheurs, des travailleurs de l'usine de Ceynor, des ménagères et des jeunes filles. Quatre personnes avaient fait le voyage de Wanni, région contrôlée par le LTTE. Tout le monde fut écoeuré et furieux de ce qui venait de se passer.

Somasundaram, membre du PES, expliqua à la foule : « Nous sommes obligés d'annuler cette réunion suite à une menace lâche émise par des forces réactionnaires qui redoutent toute discussion politique sérieuse des questions qui se posent à la classe ouvrière. Cette menace est une violation flagrante des droits démocratiques.

« Assurément, il est temps que les travailleurs du Nord et de l'Est discutent de leurs expériences cruelles vécues durant plus de deux décennies de guerre civile. Il apparaît clairement à présent que le soi-disant processus de paix qui a démarré avec l'accord de cessez-le-feu de 2002 est un piège pour les travailleurs et spécialement pour les Tamouls. Ni le gouvernement UNP, qui a initié cet accord avec l'aide des puissances internationales, ni l'actuel gouvernement UFPA n'ont rien fait en faveur des masses. Les armées d'oppression de Colombo se trouvent encore dans le Nord et dans l'Est.

« S'il est une chose que les expériences passées ont confirmé, c'est que la politique du LTTE, placée sous le patronage des grandes puissances prédatrices, est un échec total. » L'orateur remercia tout le monde de sa présence en demandant de soutenir activement la campagne électorale de Wije Dias, candidat du PES.

Quelques-uns pensaient que le LTTE était responsable. Plusieurs posèrent la question : « Pourquoi empêche-t-on le parti qui exige le retrait des forces armées sri lankaises des régions tamoules de tenir une réunion publique ? »

Le PES, tout comme son prédécesseur la Ligue Communiste Révolutionnaire (RCL) [aucun lien avec la LCR française], est le seul parti à s'être opposé de façon conséquente à la guerre depuis 1983. Son candidat, Wije Dias, fait campagne pour le retrait immédiat et inconditionnel des forces de sécurité sri lankaises du Nord et de l'Est du pays.

Parallèlement, le PES insiste sur le fait que le LTTE n'offre aucune solution à la classe ouvrière. Au lieu de cela, il représente les intérêts de la bourgeoisie. Depuis 2002, il s'efforce d'établir un accord de partage du pouvoir avec les divers gouvernements de Colombo dans le but d'exploiter mutuellement la classe ouvrière.

Le PES fait campagne pour que tous les travailleurs, quelles que soient leur groupe ethnique, leur langue ou leur religion s'unissent et luttent pour l'établissement de la République socialiste du Sri Lanka et d'Eelam, comme faisant partie de la lutte plus large pour le socialisme sur l'ensemble du sous-continent indien et à l'échelle internationale.
Nous invitons tous les jeunes, les travailleurs et les intellectuels sur toute l'île à condamner l'attaque contre les droits démocratiques du parti à discuter publiquement de sa perspective et de sa politique, et à soutenir notre campagne pour l'élection du 17 novembre.

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