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Le Canada interdit les LTTE en vertu d'une loi anti-terroriste draconienne

par Keith Jones
Le 14 avril 2006

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Le gouvernement conservateur du Canada a annoncé lundi dernier qu'il proscrivait les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), selon la loi draconienne anti-terroriste canadienne.

Dorénavant, quiconque supporterait financièrement et sciemment les LTTE sera passible d'une peine d'emprisonnement de 10 ans, alors que ceux qui organiseraient des levées de fonds ou participeraient autrement à «faciliter» le travail des LTTE seraient passibles de 14 ans d'emprisonnement.

L'annonce par le ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, que le gouvernement avait mis sur pied une ligne téléphonique pour dénoncer les LTTE a souligné l'intention du gouvernement d'utiliser ces dispositions pour emprisonner et déporter des partisans des LTTE. Day a fortement conseillé aux membres canadiens de la communauté tamoule, immigrants ou exilés du Sri Lanka, de dénoncer les activistes des LTTE aux autorités de l'État en utilisant cette ligne téléphonique spéciale.

Pour justifier l'interdiction, Day a affirmé que des activistes des LTTE avaient proféré des menaces violentes pour forcer des Tamouls canadiens à faire des contributions monétaires. Mais de telles menaces sont déjà illégales sous la loi criminelle canadienne.

L'interdiction des LTTE, qui gouverne la plupart des provinces du nord et de l'est du Sri Lanka, par le gouvernement canadien doit être opposée par la classe ouvrière et par tous ceux intéressés par les défense des droits démocratiques fondamentaux.

Les lois anti-terroristes du Canada constituent un assaut flagrant contre les droits démocratiques et les libertés civiles. Elles ont été invoquées par l'État pour créer une nouvelle catégorie de crime qui est plus sévèrement punie que les actes criminels et qui est soustraite aux principes juridiques élémentaires tels que la révélation de la preuve et la tenue d'un procès public.

Par ces lois anti-terroristes, l'État cherche à criminaliser les mouvements politiques considérés hostiles aux intérêts de la classe dirigeante canadienne, mouvements qui ont surgi dans plusieurs cas en réaction à la terreur d'État pratiquée par des gouvernements alliés au Canada. Non seulement ces lois n'établissent-elles aucune distinction entre des attaques visant des civils et des actions dirigées contre les forces de sécurité de régimes répressifs, mais elles permettent aussi de trouver coupables de terrorisme des gens qui n'ont jamais projeté ou pris part à un acte de violence. Quiconque facilite en quelque façon les activités entreprises par une organisation qualifiée de terroriste, que ce soit en levant des fonds, en diffusant de la propagande politique ou en aidant des organismes de secours, s'expose à être emprisonné pour une décennie ou plus.

Le recours à ces lois va de pair avec la décision du Canada de soutenir et participer à une supposée guerre globale contre le terrorisme, qui sert à justifier l'expansion et le réarmement des forces armées canadiennes et la participation du Canada à des guerres et à des interventions militaires visant à établir ou appuyer des régimes plus compatibles avec les intérêts de la bourgeoisie nord-américaine et internationale.

À la conférence de presse de lundi dernier, Day a lancé une pointe au gouvernement libéral précédent, que les conservateurs ont longtemps accusé d'être «mou» envers le terrorisme et pas assez solidaire du gouvernement Bush. «La décision de mettre les LTTE sur la liste [d'organisations terroristes] aurait dû être prise il y a longtemps et c'est quelque chose que le gouvernement précédent n'a pas jugé assez sérieux pour qu'il agisse. Notre gouvernement, a poursuivi Day, est clairement déterminé à prendre des mesures décisives pour assurer la sécurité des Canadiens contre le terrorisme.»

Le World Socialist Web Site a exposé à maintes reprises son opposition tant à la perspective des LTTE de découper un nouvel État-nation capitaliste sur une base ethnique qu'à ses tactiques comprenant la violence aveugle contre des travailleurs et des paysans cinghalais.

Cependant, c'est la bourgeoisie sri lankaise et ses supporteurs impérialistes qui porte l'entière responsabilité pour la guerre civile qui ravage le Sri Lanka depuis les 23 dernières années. Dès la naissance de l'État indépendant du Sri Lanka en 1948, les partis de la bourgeoisie sri lankaise retiraient la citoyenneté et tous les droits qui s'y rattache aux travailleurs des plantations (les soi-disant Tamouls indiens). En 1950, le cinghalais était déclaré seule langue officielle au pays. 15 ans plus tard, d'autres mesures sont adoptées pour faire de la population tamoule une population de seconde classe avec l'adoption d'une constitution proclamant le bouddhisme, la religion de la majorité cinghalaise, la religion d'État, et l'adoption de quotas pour limiter l'accès à l'éducation supérieure pour les Tamouls. La guerre civile éclata finalement en 1983, peu après le pogrome orchestré par l'État contre les Tamouls.

À la conférence de presse de lundi, Day et le ministre des affaires étrangère, Peter MacKay ont rejeté les critiques les Tamouls au Canada selon lesquels la mise au bans des organisations terroristes des LTTE va nuire aux efforts paix durable entre les LTTE et l'establishment politique sri lankais.

Mais il ne fait pas de doute que l'élite dirigeante sri lankaise et les chauvins cinghalais ont accueilli avec enthousiasme la décision du gouvernement canadien, qui, selon eux, va renforcer leur position contre les LTTE en donnant de la crédibilité à leur prétentions que les LTTE n'est pas un partenaire adéquat pour négocier une entente de paix et va également nuire à la levé de fond au Canada, pays ayant la plus importante population tamoule en dehors de l'Asie du Sud.

Le quotidien gouvernemental le Daily News s'enthousiasma que l'interdiction canadienne «va placer la délégation gouvernementale» à la prochaine ronde de négociation de paix «sur une base plus solide» sachant «qu'enfin la communauté internationale lui vient graduellement en aide face aux LTTE».

The Island, un journal de droite prônant ouvertement une position communautariste, lançait un appel à l'Union européenne de suivre l'exemple du gouvernement conservateur canadien. «Le Canada a réalisé le danger de laisser les mains d'un groupe terroriste libres et indiqué qu'il allait être hors circuit pour un bon moment. C'est maintenant à l'UE de suivre cette voie sans plus de tergiversation»

Le parti Héritage national (JHU), dirigé par les moines bouddhistes et une des voix les plus militantes du chauvinisme cinghalais, après avoir louangé le gouvernement canadien pour sa décision, a critiqué le gouvernement sri lankais pour ne pas prendre une position assez agressive envers les LTTE.

La Mission civile d'observation, sous direction norvégienne, a souvent répété son avertissement que la trêve qui tient depuis février 2002 est sur le bord d'être rompue et que le pays pourrait bientôt être plongé de nouveau dans la guerre civile.

L'interdiction canadienne des LTTE encourage les forces au sein de l'élite sri lankaise et de leurs alliés petits bourgeoise et chauvins cinghalais qui préfèrent augmenter la pression sur les LTTE au risque de relancer la guerre civile au Sri Lanka plutôt que de lui céder quelques pouvoirs dans un État fédéral ou confédéral. Le gouvernement canadien encourage ainsi ceux qui veulent entraîner le peuple sri lankais dans un nouvel abîme de violence et de terreur.

L'interdiction des LTTE par le gouvernement conservateur canadien fait partie de toute une série d'actions que le gouvernement a pris pour pousser la politique étrangère et la posture géopolitique du Canada franchement à droite. Le Canada a été un des premiers gouvernements à travers le monde à annoncer qu'il coupait les vivres à l'Autorité palestinienne après que le Hamas eut pris le pouvoir. Le mois dernier, le premier ministre Stephen Harper a visité l'Afghanistan pendant trois jours pour insister sur l'engagement de son gouvernement à une intervention à long terme des Forces armées canadiennes dans ce pays et son intention d'adopter une politique étrangère et militaire plus «dure» qui, selon ses propres mots, forcera les grandes puissances à remarquer le Canada.

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