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La directive Bolkestein

La lutte contre les institutions européennes nécessite une perspective socialiste

Déclaration du Parti de l'Egalité sociale (PSG - Allemagne)

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Le Parti de l'Egalité sociale soutient la résistance contre la directive sur les services dans le marché intérieur européen, dite Directive Bolkestein, qui sert exclusivement à accélérer les coupes dans les budgets sociaux.

Des millions de personnes s'insurgent à raison contre le fait que les autorités européennes à Bruxelles veuillent imposer sans changement significatif le vote de cette directive qui fut, l'année dernière déjà, au centre des discussions sur la constitution européenne et que la France et les Pays-Bas rejetèrent.

Les débats de l'année dernière renferment une expérience politique importante : les manifestations à elles seules ne suffisent pas ! Les manifestations de masse, les rallies et les millions de « non » ne purent stopper la bureaucratie communautaire. Même sans la constitution, la bureaucratie communautaire impose sa politique. Elle envisage de passer outre aussi aux manifestations qui ont lieu aujourd'hui à Berlin et à Strasbourg.

A ceci s'ajoute le fait que de nombreuses organisations participant à ces manifestations, en premier lieu les sociaux-démocrates et les syndicats, soutiennent en gros la politique communautaire. A des niveaux différents, elles sont une partie intégrante de la bureaucratie de Bruxelles collaborant à toutes les décisions importantes. C'est ainsi que la rapporteuse parlementaire sociale-démocrate du projet de directive relative aux services dans le marché intérieur, Evelyn Gebhard, a soumis fin novembre l'année dernière une proposition d'amendement concernant la directive sur les services. Pourtant quand cette proposition fut rejetée, elle ne vota pas contre la directive mais s'abstint, faisant ainsi passer la directive.

Pour ce qui est d'Attac, dont les fonctionnaires gagnent souvent leur argent en occupant des postes de collaborateurs scientifiques dans les bureaux des députés sociaux-démocrates et Verts, ou bien de fondations proches des syndicats, ses protestations se limitent à des questions individuelles sans mettre en cause l'Union européenne, en tant que telle, et sa politique capitaliste.

La tâche primordiale devant laquelle se trouvent les manifestants à Berlin et à Strasbourg consiste à se familiariser avec une perspective socialiste. Les manifestations doivent être le point de départ à une mobilisation politique de grande envergure, dans laquelle la population européenne s'oppose aux autorités communautaires de Bruxelles et aux grands groupes et gouvernements qui les soutiennent pour lutter pour un changement en profondeur, pour une société qui placerait les besoins humains avant les profits économiques.

La partie essentielle des réformes communautaires

La directive Bolkestein n'est pas la fantaisie « néolibérale » d'un ancien commissaire européen hollandais. Elle ne pourra pas être améliorée non plus en arrachant au texte quelques « crocs à venin » comme le laissent entendre certains commentateurs. Au contraire, ce contrat représente à bien des égards la pièce maîtresse des réformes communautaires. Avec cette directive-cadre le secteur des services doit être déréglementé d'un coup. Une telle directive communautaire est une loi européenne. Une fois votée, elle devra être appliquée par tous les Etats-membres.

Le secteur des services comprend dans de nombreux Etats de l'Union européenne (UE) 70 pour cent des salariés et représente plus des deux tiers des activités économiques. En font partie des secteurs aussi divers que les soins pour personnes âgées, le bâtiment, le commerce, la gastronomie, le service de l'eau et la collecte des ordures. Tous ces domaines doivent être soumis à une concurrence sans bornes.

Ceci signifie que les exigences quant aux prix ou au niveau de qualité des services ou de la qualification du prestataire de services se détérioreront voire même disparaîtront tout à fait. La pression concurrentielle accrue et la concurrence à bon marché accélèreront considérablement la privatisation du secteur public qui est déjà à un stade avancé en déclenchant une vague de licenciements.

Les exigences que les entreprises doivent satisfaire lors de l'ouverture d'une nouvelle filiale dans un autre Etat de l'UE baisseront fortement. Parallèlement, le soi-disant principe du pays d'origine sera introduit. Ce principe signifie que, dans d'autres pays de l'UE, des entreprises seront soumises à la loi du pays où il est établi et non à la loi du pays où il fournit le service. La conséquence en est que davantage d'entreprises seront incitées à délocaliser vers des pays où des standards plus faibles sont établis. Il s'ensuivra que la course au plus bas salaire, aux seuils minimums d'imposition et de couverture sociale entre les Etats-membres sera attisée davantage.

Où conduit une telle politique de la maximisation du profit, on peut d'ores et déjà le constater dans certaines branches de l'économie. On rencontre déjà dans beaucoup de pays d'Europe occidentale des travailleurs migrants roumains et polonais qui travaillent dans des conditions indignes et pour des salaires de misère dans les abattoirs et sur les chantiers, ainsi que des travailleurs soi-disant indépendants sans protection sociale. On les utilise afin de casser les systèmes sociaux traditionnels. Avec le vote de la directive Bolkestein en première lecture au parlement européen le 14 février, cette évolution s'accélèrera de façon spectaculaire.

Une division systématique des travailleurs

Lorsqu'il y a quelques années, on introduisit l'euro en tant que monnaie commune et que les mesures concernant l'ouverture des frontières furent votées, beaucoup de travailleurs européens avaient espéré des relations et une collaboration plus étroites avec les salariés des autres pays. Mais c'est exactement le contraire qui s'est produit. On se servit de la différence de salaires entre les pays de l'Union Européenne pour monter les ouvriers des différents pays les uns contre les autres.

Les différences de salaires au sein de l'Union européenne n'ont pas diminué avec la création du marché intérieur commun, elles se sont encore accrues. L'élargissement à l'Est de l'Union européenne, en particulier, a fortement accéléré la déchéance sociale. Une heure de travail en Scandinavie, en Allemagne, en Angleterre et en France coûte au patron entre 25 et 30 euros, en Pologne elle lui coûte 5 euros, dans les Etats baltes et en Slovaquie 4 euros et en Bulgarie, un pays qui doit prochainement adhérer à l'UE, 1,40 euros.

Dans les grands pays d'Europe occidentale, les salaires bruts moyens se situent entre 2.500 et 3.000 euros par mois dans les entreprises qui emploient plus de dix personnes, en Pologne à 540 euros, en Lituanie à 345 euros et en Lettonie à 208 euros.

Cette inégalité des salaires existe dans un espace très réduit. De Berlin, la capitale allemande, à la frontière polonaise, il n'y a que 100 kilomètres, de là à la capitale lettone, Riga, il n'y a qu'un peu plus de 1.000 kilomètres. Sur un espace de 1.000 kilomètres seulement la différence de salaire est de plus de 90 pour cent.

En Pologne, le plus grand des pays ayant rejoint l'UE récemment, les salaires n'ont pas augmenté mais ont baissé. Selon les statistiques officielles de l'UE, le salaire moyen polonais est descendu de 625 euros par mois en 2001, au début des négociations d'entrée dans l'UE, à 536 euros en 2003. Une des raisons en est que beaucoup d'entreprises sont parties vers l'Ukraine voisine, où le salaire mensuel moyen n'est que de 50 euros. Cela représente moins de 10 pour cent du salaire moyen en Pologne et 1,7 pou cent du salaire moyen en Europe occidentale !

Beaucoup d'entreprises industrielles ont déjà transféré une partie de leur production dans les pays à bas salaires d'Europe occidentale et ont déclenché une vague de licenciements de masse en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe de l'Ouest. Le vote de la directive Bolkestein doit ouvrir la porte à une destruction de tout ce qui reste encore en fait de protection sociale.

Les Etats-Unis socialistes d'Europe

La directive Bolkestein montre plus nettement que bien d'autres mesures quel est le caractère de l'UE, un instrument des intérêts économiques les plus puissants afin d'imposer le dumping social et le chômage. La pauvreté et l'inégalité sociale vont main dans la main avec la destruction des droits démocratiques et l'armement systématique.

En opposition aux sociaux-démocrates, aux syndicats, au Parti de la gauche et à Attac qui, d'une manière ou d'une autre, affirment qu'il est possible de réformer et d'humaniser la politique capitaliste de l'UE, nous défendons une perspective socialiste. L'union des travailleurs européens doit se faire à travers une lutte politique commune, qui ne s'oppose pas seulement à l'une ou à l'autre des directives de l'UE mais qui soit dirigée sans compromis contre l'Union européenne et toutes ses institutions et contre l'ensemble du système capitaliste.

Les manifestations de masse d'il y a trois ans contre la guerre en Irak et le « non » à la constitution européenne en France et aux Pays-Bas étaient le début d'un large mouvement politique. Il est à présent nécessaire de construire un parti révolutionnaire qui lutte pour les Etats-Unis socialistes d'Europe. Nous invitons chacun à lire le journal révolutionnaire quotidien sur Internet, le World Socialist Web Site, et de prendre contact avec son comité de rédaction.

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