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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les conducteurs de train allemands s’opposent à l’accord

Par Ludwig Niethammer
13 février 2008

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La direction du syndicat des conducteurs de train, le GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer), était bien décidée d’en finir d’ici fin janvier avec cette longue grève contre la direction des chemins de fer allemand (Deutsche Bahn, DB). C’était le principal objectif du syndicat et que le président du GDL, Manfred Schell, n’a cessé de répéter clairement depuis des semaines. Et la direction de la DB était elle aussi désireuse de terminer ce conflit qui avait débuté l’été dernier.

Finalement, le 29 janvier, un Manfred Schell radieux est apparu devant la presse pour parler d’un « jour historique dans l’histoire du GDL ». L’accord tarifaire était « fin prêt » à part les parties concernant le « personnel et le technique ». La directrice du personnel de la DB, Margret Suckale, était d’accord en annonçant, « nous venons de nous mettre d’accord. »

Toutefois, pendant que Schell se réjouissait à la conférence de presse à l’Hôtel Mariott, il n’a pas remarqué que quelques conducteurs de train en colère s’étaient mêlés aux journalistes. Ils ont fait part de leur insatisfaction à l’encontre du compromis qui a été négocié à Spiegel-Online et à d’autres organes de presse. « L’atmosphère qui règne parmi les travailleurs à la base est plutôt mauvaise », a dit l’un des conducteurs de train. « De nombreux collègues disent : ce n’est pas pour ça que je me suis battu. » L’un des conducteurs de train a formulé en quelques mots les sentiments qu’éprouvent les membres du GDL : « Avec un salaire de base de 2.000 euros, l’augmentation de 11 pour cent ne suffit même pas à faire un plein d’essence. »

Les conducteurs de train ont aussi déploré la manière dont la direction du GDL a conduit les négociations et n’a pas informé correctement les adhérents. Le comité directeur du GDL avait sans arrêt rejoint la direction de la DB à la table de négociations tout en ne lançant que des appels au calme à ses adhérents. Toute critique de la part des membres a été « étouffée » s’est indigné un conducteur de train indigné en ajoutant : « C’est quelque chose que nous ne tolérerons pas. Ce sont des conditions semblables à celles qui existent chez Transnet. »

La concrétisation de cet accord signifierait un compromis pourri qui n’accorderait aux conducteurs de train qu’une fraction de leur revendication première de 31 pour cent d’augmentation de salaire. Les conducteurs de train avaient réclamé cette hausse pour compenser les bas niveaux de salaire et pour recouvrer une partie des pertes de salaire endurées depuis de nombreuses années.

Il est utile de récapituler les antécédents du conflit. Durant l’été 2002, le GDL avait résilié l’accord commun avec le syndicat Transnet et le syndicat des cheminots-fonctionnaires le GDBA (Gewerkschaft Deutscher Bundesbahnbeamten, Arbeiter und Anwärter). Les conducteurs de train avaient conclu que c’était là le seul moyen de lutter contre les réductions drastiques de salaire et les attaques contre les conditions sociales et de travail que ces organisations avaient acceptées année après année.

C’est là que résidait la signification de la revendication formulée par les conducteurs de train en faveur d’une « convention collective indépendante » ; la revendication de salaire de 31 pour cent n’étant possible que sur cette base. A partir de là, la direction de la DB a obstinément refusé de conclure un contrat avec le GDL qui permettrait aux conducteurs de train de négocier indépendamment leur propre accord salarial. La direction de la DB a toujours contrecarré les tentatives du GDL de se libérer de la camisole de force que lui avaient imposée Transnet et le GDBA. Tout spécialement Transnet est considéré par la DB comme étant un « syndicat-maison » et que l’entreprise finance au moyen de divers canaux.

Conformément aux précisions qui ont émergé suite aux résultats des négociations, la DB prévoit un versement unique de tout juste 800 euros pour les huit mois qu’aura duré le conflit. Ce qui correspond pour les mois en question à une augmentation réelle d’environ 3 pour cent ! A partir du 1er mars une augmentation de 8 pour cent est prévue à laquelle s’ajoutera à partir du 1er septembre une augmentation supplémentaire de 3 pour cent. L’accord tarifaire est valable jusqu’à février 2009 et la durée hebdomadaire du temps de travail sera réduite de 41 à 40 heures. En moyenne, l’augmentation de salaire de la plupart des conducteurs de train se situera bien en dessous de 10 pour cent. De plus, les autres secteurs du personnel ferroviaire qui aurait dû être inclus dans l’accord n’en font plus partie. Ce qui est le cas pour les conducteurs de manoeuvre et desserte et éventuellement aussi pour les nouvelles recrues.

Il existe une explication simple à la hâte avec laquelle les deux parties ont signé l’accord et à la volonté du GDL de faire des concessions majeures. La revendication avancée par les conducteurs de train pour un salaire décent avait été très populaire. Et, comme les grèves actuellement en cours dans le service public le montrent, des millions de travailleurs et d’employés d’autres secteurs exigent des hausses de salaire et ne veulent plus accepter une politique de stagnation et de réduction des salaires.

Presque tous les syndicats allemands qui avaient accepté des accords salariaux prévoyant 0 pour cent d’augmentation, allant du syndicat des services Verdi au syndicat IG Metall de la sidérurgie, se sentent actuellement de plus en plus obligés de revendiquer des augmentations de salaire à deux chiffres.

Dans ces conditions, il était impératif de mettre fin aussi rapidement que possible à la grève des conducteurs de train afin d’éviter tout mouvement social de grande envergure. Un tel mouvement de grève ciblerait inévitablement le gouvernement de grande coalition en provoquant éventuellement une radicalisation politique de la classe ouvrière ce que la Fédération des syndicats allemands (DGB) et le Parti La Gauche ne seraient plus en mesure de contrôler.

Telle est la signification de l’actuel accord des conducteurs de train. Tout indique que la direction du GDL a également cédé en ce qui concerne son propre accord indépendant, renouant de ce fait avec l’ancienne convention tarifaire commune avec Transnet et le GDBA. Les négociations à ce sujet se poursuivent à huis clos entre le président de la DB, Harmut Mehdorn, et les trois syndicats (Transnet, GDBA et GDL) et le pire est à redouter.

Il semblerait que le GDL ait accepté le cadre du soi-disant « Brandenburger-Tor-Modell ». Selon ce modèle le syndicat accepterait un contrat individuel réglementant les heures de travail et les salaires en échange de quoi le GDL accepterait de coopérer avec les deux syndicats, Transnet et le GDBA, dans l’élaboration d’un contrat tarifaire unitaire. En d’autres termes, le GDL devrait s’accorder sur tout, même sur les questions des augmentations salariales, avec les deux autres syndicats.

Aux dires du Süddeutsche Zeitung, le GDL a accepté une « quatrième convention collective » par laquelle le GDL s’engage à limiter jusqu’à fin 2015 ses négociations aux seuls conducteurs de train, tout autre groupe de personnel ferroviaire étant exclu. Dans le même temps, l’actuel accord est tributaire d’une promesse du DGL de coopérer avec Transnet et le GDBA. En d’autres termes, si ces deux syndicats devaient sous un prétexte quelconque arrêter la coopération avec le GDL, l’accord signé par le GDL pourrait alors être considéré comme nul et non avenu. Ceci signifie que Transnet et le GDBA disposerait d’un droit indirect de veto sur le contrat que Manfred Schell persiste à qualifier d’« indépendant. »

Schell s’oppose à un vote

La présente situation requiert une intervention courageuse et décisive de la part des membres du GDL, notamment contre toute tentative d’imposer le présent accord aux adhérents. En dépit du fait que la législation allemande du travail exige que la direction syndicale fasse voter ses membres sur la question de savoir si cet accord doit ou non être accepté, Manfred Schell a déclaré dernièrement qu’une consultation de la base n’était pas nécessaire. Ce point de vue doit être vigoureusement rejeté.

C’est un droit démocratique fondamental qu’une grève qui a été votée par les adhérents ne puisse être arrêtée que par les adhérents. Le fait que Schell s’oppose au vote est un signe que la direction syndicale redoute que le présent accord sera rejeté. Les membres du GDL doivent insister et obliger le syndicat à organiser un vote, le conflit doit être réorganisé par les militants de base indépendamment de la direction syndicale.

(Article original paru le 9 février 2007)

Lire aussi :

Allemagne : Lettre ouverte du Parti de l’égalité sociale aux conducteurs de train en grève [4 décembre 2007]


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