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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Impuissance et division au sommet du G8

Par Nick Beams
11 juillet 2008

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Confrontée à ce qui pourrait bien être sa plus grave crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’économie capitaliste mondiale n’a jamais eu autant besoin de politiques concertées de la part des plus importants gouvernements nationaux du monde.

Mais l’unité et la collaboration, nécessaires devant les problèmes croissants posés par les changements climatiques, la hausse des prix du pétrole et de la nourriture ainsi que la menace toujours présente de récession, ont été manifestement absentes de la rencontre des grandes nations industrielles du G8 tenue à Hokkaido au Japon cette semaine.

Les divisions ont été tout particulièrement apparentes dans la déclaration d’hier sur les changements climatiques. Après de longues négociations en coulisse, le G8 s’est finalement résolu à publier un communiqué dans lequel les grandes puissances industrielles s’entendent sur une « vision commune » afin « d’atteindre au moins 50 pour cent de réduction des émissions mondiales d’ici 2050 ». Toutefois, afin d’obtenir le soutien du président américain George Bush, qui a refusé de fixer aucune cible précise en l’absence d’engagements de la part de l’Inde et de la Chine, une clause fut ajoutée à la déclaration « admettant que ce défi mondial ne peut être surmonté que par une réaction mondiale, et en particulier par les contributions de toutes les grandes économies ».

Les scientifiques ont accueilli négativement la déclaration, affirmant qu’elle était bien en deçà de ce qui est nécessaire pour stopper les changements climatiques mondiaux.

 « Ils auraient pu faire des progrès ici en étant plus précis sur les engagements à court terme que les pays industrialisés étaient prêts à prendre pour réduire leurs propres émissions, mais ils ne s’entendent pas là-dessus », a déclaré Aiden Mayer, porte-parole pour l’Union des scientifiques préoccupés.

 « Ils auraient pu être plus précis quant à l’année de référence sur laquelle se base la cible de 2050, mais ils ne sont pas d’accord là-dessus. »

James Hansen, un éminent climatologue d’un institut de la NASA à New York (Goddard Institute for Space Studies), a affirmé que « les nations industrialisées faisaient semblant de comprendre le problème. En réalité, ils agissent d’une manière qui garantit que nous lèguerons à nos enfants des catastrophes climatiques qui seront hors de leur contrôle. »

La déclaration du G8 ne s’est engagée en rien concernant les réductions d’émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie, réductions que l’on considère cruciales. Le président du comité de l’ONU des experts sur le climat, Rajendra Pachauri, a déclaré que « des détails extrêmement cruciaux » étaient absents de la déclaration. « Plus tôt nous commençons à réduire les émissions, plus grandes seront les chances d’éviter les plus graves impacts et hausses de température qui surviendront dans une décennie environ », a-t-il soutenu.

La déclaration a été aussitôt critiquée par le G5, le groupe de soi-disant pays en développement, soit le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Mexique, qui devraient rencontrer le G8 aujourd’hui.

« Les pays en développement ne devraient pas être tenus responsables de ce qui est inévitablement la responsabilité des nations développées », a déclaré le président mexicain Felipe Calderon.

Le ministre de l’Environnement de l’Afrique du Sud, Marthinaus van Schalkwyk, a qualifié la déclaration du G8 de « slogan vide sans contenu ».

« Même si la déclaration peut sembler être un pas de l’avant, nous sommes inquiets qu’elle puisse, en fait, être une régression par rapport à ce qui est requis pour faire une contribution significative aux défis que posent les changements climatiques. Pour être significatif et crédible, un but à long terme doit avoir une année de référence. Il doit être appuyé par des objectifs et des actions à moyen terme ambitieux », a-t-il dit.

Dans tous les cas, même si de tels engagements étaient faits, ils ne s’avéreraient pas avoir plus de substance que ceux faits sur la pauvreté dans le monde. Trois ans auparavant, les chefs du G8 avaient accepté en grande fanfare lors de la réunion de Gleneagles en Écosse d’augmenter l’aide à l’Afrique de 25 milliards de dollars avant l’année 2010. Alors que le sommet de Hokkaido était en train d’être convoqué, il fut révélé qu’un maigre 14 pour cent de l’objectif avait été atteint.

L’économie mondiale

Les engagements du G8 concernant l’économie mondiale n’étaient pas plus précis que ceux concernant les changements climatiques. L’organisation fut mise sur pied en 1975 pour développer une action coordonnée afin de faire face aux problèmes posés par la récession et les bouleversements financiers causés par la hausse des prix du pétrole de 1973-1974. Trois décennies et demie plus tard, l’économie mondiale faisant face à ce que le Fonds monétaire international a qualifié de crise financière la plus sérieuse depuis la Grande Dépression, une telle action serait censée être à l’ordre du jour.

Mais la déclaration du G8 ne contient aucune mesure concrète. Après avoir noté que l’économie mondiale fait face à de l’« incertitude », qu’un « risque de chute persiste » et après avoir exprimé « une grande inquiétude concernant le prix élevé des denrées, particulièrement le pétrole et la nourriture », ses auteurs poursuivent en affirmant que « nous sommes déterminés à prendre continuellement des actions appropriées, individuellement et collectivement afin d’assurer une stabilité et une croissance dans nos économies et à l’échelle mondiale. »

La déclaration contient un appel voilé au gouvernement chinois pour qu’il permette un mouvement vers le haut du taux de change du yen afin d’atténuer les déséquilibres mondiaux.

« Dans quelques économies émergentes possédant des surplus importants et croissants de leur compte courant », peut-on lire dans la déclaration, il est « crucial de rendre effective la variation des taux de change pour que des ajustements nécessaires surviennent ». L’ajout du mot « quelques » marque un changement par rapport au communiqué de l’année dernière, qui référait simplement aux « économies émergentes » en général.

La question du taux de change est simplement un symptôme de problèmes plus profonds. Un porte-parole de Bush a déclaré au début de la réunion que le président était en faveur d’un « dollar fort ». Cependant, cela nécessiterait une montée des taux d’intérêt américains, action qui déclencherait presque assurément une autre crise financière aux Etats-Unis et ailleurs. D’un autre côté, une augmentation dans la valeur du dollar demanderait une baisse des taux d’intérêt dans d’autres régions, particulièrement dans la zone euro. Mais, au lieu de baisser les taux d’intérêt, la Banque centrale européenne maintient une politique monétaire relativement serrée dans le but de lutter contre les pressions inflationnistes mondiales.

L’impuissance du G8 n’est pas imputable à des dirigeants ou à des gouvernements en particulier. Elle exprime plutôt les vastes changements ayant pris place dans l’économie mondiale. Comme le Financial Times l’a noté dans un commentaire publié lundi, le G8 n’est pas maître de sa propre destinée, mais il est balloté par des « forces et des politiques provenant d’ailleurs ».

« Alors que le G8 compte pour près de la moitié de la production mondiale, les pays en développement et émergents produisent 70 pour cent de la croissance économique. Leur dynamisme surclasse le poids du G8. Et à force de réaliser des taux de croissance de 10 pour cent, la Chine, à elle seule, contribue autant que les Etats-Unis à la croissance économique mondiale annuelle. »

La perte de position des « plus importantes nations industrielles », comme les membres du G8 aiment à se décrire, est illustrée par le déclin économique des Etats-Unis. Comme on peut le lire dans un commentaire paru le jeudi 3 juillet dans Bloomberg News : « La diminution de valeur de 41 pour cent du dollar américain par rapport à l’euro durant la présidence de Bush est l’épitaphe économique d’un gouvernement qui s’était donné comme objectif de restaurer la domination américaine. »

Un commentaire encore plus sévère de l’historien et journaliste britannique bien connu, Max Hastings, est paru dans le Guardian du lundi 7 juillet.

La réunion à Hokkaido, écrit-il, nous renvoie l’image d’un accidenté politique dans la salle d’attente d’une urgence un samedi soir.

« Le président Bush, dirigeant de la plus grande nation sur Terre, est discrédité et il ne reste presque plus de temps. Gordon Brown dirige un gouvernement dont la majorité des membres désire qu’il se cache dans un trou. Silvio Berlusconi avec sa culture du banditisme fait qu’il est impossible pour l’Italie de présenter un visage sérieux au monde. Nicolas Sarkozy aurait dû bénéficier du prestige que lui donne un mandat de président français allant jusqu’en 2012, mais il a sérieusement miné sa propre base de pouvoir avec ses bizarreries de la première année. Le nouveau président russe, Dimitri Medvedev, pourrait bien ne pas valoir grand-chose en l’absence de Vladimir Poutine pour lui dire quoi penser. »

L’inquiétude de Hastings sur l’état de la direction politique mondiale a été suscité par le fait que le G8 avait pour responsabilité de s’adresser aux « questions les plus graves de l’époque moderne », y compris « la preuve choquante du changement climatique », la pauvreté mondiale et le ralentissement économique en même temps que la grande augmentation des prix des aliments et du pétrole.

Toutefois, il devient de plus en plus difficile de « mobiliser un quorum international pour soutenir quelque objectif que ce soit, peu importe sa valeur ou son importance ». C’est une conséquence non seulement de la perte d’autorité des Etats-Unis, mais aussi une conséquence du « mondialisme, qui fait qu’il est de plus en plus difficile pour une nation de forger un consensus pour une action décisive ».

La situation était beaucoup plus facile pour les sociétés capitalistes dans la période de la guerre froide « lorsqu’il était considéré comme essentiel de suivre les Etats-Unis offrant un leadership fort ». Hastings prévoit que la « situation mondiale difficile » devra devenir « bien pire » avant que les membres de groupes comme le G8 « reconnaissent que l’action commune contre des périls partagés par tous doit transcender la défense habituelle et dépassée des intérêts nationaux ».

L’espoir de Hastings que des événements mondiaux alerteront les dirigeants mondiaux sur les dangers de la défense inaltérable des intérêts nationaux, un peu comme un directeur d’école qui ramènerait le calme dans une classe d’élèves turbulents, est complètement sans fondement. Comme l’actuelle réunion du G8 le montre, loin de résulter en unité et en coopération internationales, les problèmes mondiaux économiques et environnementaux amènent encore plus de divergences et de conflits nationaux entre les puissances capitalistes.

Il en est ainsi parce que ces divisions ne sont pas causées par de mauvais politiciens ou par un manque de connaissance et de compréhension, mais parce qu’elles sont enracinées dans la structure même du système des Etats-nations de l’ordre capitaliste mondial.

(Article original anglais paru le 9 juillet 2008)


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