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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Le Parti socialiste prône la réduction des retraites

Par Kumaran Ira 
28 janvier 2010

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Le Parti socialiste (PS), dans l'opposition, a pris la défense de projets gouvernementaux de réduire les retraites et de repousser l'âge du départ à la retraite, au moment où le président Nicolas Sarkozy cherche à rassurer les créditeurs de la France en réduisant les dépenses de l'Etat.

Le PS a fait connaître son soutien pour le report de l'âge du départ à la retraite. « On doit aller très certainement, on va aller très certainement vers 61 ans ou 62 ans, » a dit la première secrétaire du PS Martine Aubry le 17 janvier, si « le président de la République est prêt à travailler véritablement pour que nous trouvions des principes justes. »

Aubry a fait cette remarque après que le président Nicolas Sarkozy eut fixé un rendez-vous avec les « partenaires sociaux, » (fédérations syndicales et patronales,) pour le 15 février pour discuter du « Calendrier social 2010. » Les attaques contre les retraites seront un sujet majeur au programme.

Parmi les personnalités en vue qui se sont félicitées de la décision d'Aubry, on trouve les anciens premiers ministres PS Lionel Jospin (au gouvernement entre 1997 et 2002), et Michel Rocard (au gouvernement entre 1988 et 1991) qui présidait récemment une commission sur l'emprunt national et nommée par le gouvernement.

Jospin a expliqué qu'il était ouvert à diverses méthodes pour réduire les retraites. « A partir du moment où on a un déficit démographique» a-t-il dit, «il est clair qu'on est obligé d'une façon ou d'une autre, en jouant sur la durée de cotisations, en jouant sur le montant des pensions, en jouant sur le l'âge de départ à la retraite, d'assumer cette évolution. »

Rocard a dit à Radio BFM, « Je crois que mon amie et camarade Martine Aubry a eu raison. Il lui a fallu du courage pour adopter cette position. » Il a ajouté, « Le mieux, ce serait la discussion entre gouvernement et syndicats. J'espère que c'est comme cela qu'on le fera. »

Le premier ministre François Fillon a salué la décision d'Aubry d'aider et de soutenir les projets droitiers de son gouvernement. « J'entends dire que le PS pourrait participer à la recherche d'une solution consensuelle : franchement je m'en réjouis. »a-t-il dit. «Si le PS persévère dans cette voie, ce sera le signe que notre démocratie progresse et se modernise. » Il a ajouté que son gouvernement «entendait assumer toutes ses responsabilités sur cette question. »

L'initiative du PS est en droite ligne avec l'histoire du parti, défenseur résolu des intérêts de la bourgeoisie française. Peu après avoir pris le pouvoir en 1981, le président PS François Mitterrand avait renoncé à son programme de nationalisations et imposé de douloureuses mesures d'austérité. Sous le gouvernement de gauche plurielle (PS, Parti communiste/PCF et Verts) de 1997 à 2002 conduit par Lionel Jospin, le PS avait privatisé des industries nationalisées. Du fait de lacune importantes de la législation et de l'affaiblissement de la réglementation protégeant le travail, la loi Aubry soi-disant censée réduire la durée hebdomadaire du travail à 35h, votée sous Jospin, avait été plus avantageuses pour le patronat.

Les propositions de réduction des retraites seront les dernières en date de toute une série, dont celles de 1993, 2003 et 2008, qui ont réduit de façon draconienne les revenus des retraités en allongeant la durée de cotisation et en imposant des pénalités (la décote) en cas d'impossibilité de cotiser la totalité des annuités. Suite à ces réductions, l'OCDE (l'Organisation de coopération et de développement économiques) a écrit en 2008, « Le pourcentage du dernier salaire que les travailleurs partant à la retraite perçoivent comme pension est passé de 64,7 pour cent à 51,2 pour cent. »

Le front uni des partis politiques français approuvant ces réductions est une réponse aux exigences des marchés financiers internationaux. Ces derniers exigent que tous les pays procèdent à des attaques majeures contre les dépenses sociales, tandis que les dépenses gouvernementales de renflouement en réponse à la crise économique mondiale font monter en flèche les déficits budgétaires du gouvernement. En novembre dernier, la Commission européenne avait estimé que les déficits de 2010 s'élèveraient à 14,7 pour cent du produit intérieur brut en Irlande, 10,1 pour cent du PIB en Espagne, 8,2 en France et 5 pour cent en Allemagne.

La Grèce qui risque de ne pas pouvoir tenir ses engagements quant à la dette souveraine, prépare des mesures d'austérité draconiennes et une réduction des dépenses.

Le Times de Londres écrivait le 18 janvier que « la menace d'un défaut de paiement de la Grèce peut avoir encore plus d'impact sur l'Eurozone qu'elle n'en a sur la Grèce. Si la Grèce ne peut payer, d'autres pays ayant de lourdes dettes seront tous confrontés à des coûts d'emprunt remarquablement plus élevés. » Le Times cite une remarque faite par le directeur allemand d'une banque de fonds spéculatifs (hedge fund) basée à Londres qui a dit, « Un défaut de paiement de la Grèce conduirait immédiatement à un risque pour le Portugal, et le jour-même pour l'Espagne et un ou deux jours plus tard pour l'Italie. »

Avec les inquiétudes qui vont grandissant sur les défauts de paiement des dettes souveraines, tous les gouvernements de l'Eurozone sont confrontés à une intense pression pour limiter leurs dépenses sociales afin de rassurer les investisseurs internationaux et maintenir leur accès au crédit sur les marchés de la dette souveraine. L'office des statistiques nationales Insee rapporte que l'économie française s'est contractée de 2,3 pour cent l'an dernier et que les prévisions de croissance pour cette année sont faibles. Le déficit budgétaire de 8,2 pour cent du PIB se situe bien au-dessus de la limite de 3 pour cent imposée par le Traité de Maastricht.

Commentant le projet gouvernemental de réduction du déficit budgétaire, le premier ministre François Fillon a dit, « Il va falloir réduire de plus d'un point de produit intérieur brut le déficit chaque année pour atteindre l'objectif que nous nous sommes fixés qui est de repasser en dessous des 3% dans un délai raisonnable. » Il a dit aux législateurs, « L'année 2010 sera très importante pour la signature de la France, qui doit être protégée, qui doit être confortée. »

Le 20 janvier, l'hebdomadaire français L'Express faisait remarquer que Sarkozy « devra aligner des milliards d'euros d'économies s'il veut vraiment convaincre ceux qu'il a décidé de séduire, les investisseurs internationaux qui financent les déficits publics de la France. »

Le soutien du PS pour des mesures d'austérité visant à faire face à la crise économique est une réfutation accablante de plus des anciens partis de gauche, tels le Parti communiste (PCF) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui ont réagi à la crise en apportant leur soutien au PS.

A l'automne 2008, Aubry avait proposé un projet de renflouement propre au PS, visant à sauver les finances de la France, d'un montant de 50 milliards d'euros, contrairement au plan de relance du gouvernement d'un montant de 26 milliards d'euros. Bien qu'occasionnellement critique de la politique du PS qu'il qualifie de « socio-libérale », le NPA a soutenu le plan de relance du PS et signé des déclarations communes avec le PS, le PCF et d'autres partis de « gauche. » Le NPA a soutenu avec enthousiasme des manifestations impuissantes, d'une journée, organisées par les huit principaux syndicats l'année dernière en étroite coordination avec le gouvernement Sarkozy.

Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles a réagi aux propositions actuelles d'Aubry en acceptant l'idée du principe d'une réduction des retraites mais a reproché à Aubry de «renoncer à gauche à une réforme juste et efficace des retraites. »

Il s'en est fallu de peu que le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot ne capitule devant la proposition de réductions des retraites. «Très mauvaise nouvelle les propos de Martine Aubry sur le report de l'âge de la retraite à 61 ou 62 ans sous conditions,» a dit Besancenot. «  Avant même que la bataille sociale ait lieu, le Parti socialiste commence la campagne des régionales en disant 'on est déjà prêt à trouver un accord, il faudra travailler plus longtemps'. C’est une réponse libérale. »

Le PCF et le NPA se sentent libres d'exprimer ces critiques inoffensives car ils ne sont pas au pouvoir. S'ils étaient au gouvernement ils auraient tendance à reprendre le rôle de leurs collègues italiens, l'organisation pabliste Sinistra critica dont les membres ont participé à Rifondazione comunista. Rifondazione était une composante majeure du gouvernement de Prodi entre 2006 et 2008 et avait accordé à Prodi des voix cruciales au moment où ce dernier faisait voter les réductions des retraites et le déploiement des troupes italiennes en Afghanistan.

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