aisant l’éloge du budget 2012 pour ses réductions
sociales les plus mémorables de l’histoire, la ministre du Budget, des
Comptes publics et de la Réforme de l’Etat, Valérie Pécresse, a dit au micro
d’Europe1 : « On va demander aux Français des efforts que nous ne
leur avons jamais demandé. C’est un budget d’effort. Nous voulons nous
désendetter. »
Les travailleurs seront les plus durement touchés par les nouvelles
mesures qui entreront en vigueur début 2012. La mesure comprend une
augmentation de la taxe à la valeur ajoutée (TVA) de 5,5 à 7 pour cent pour
un certain nombre de services et de produits dont l’eau, l’alimentation et
les livres ; l’âge légal de départ en retraite à 62 prendra effet en 2017 au
lieu de 2018 ; la réduction des dépenses de santé ; la réduction des
allocations familiales et de logement, qui seront indexées sur la croissance
économique et non plus sur l’inflation.
Le gouvernement a annoncé une majoration de l’impôt sur les sociétés dont
le chiffre d’affaires dépasse 250 millions d’euros – une mesure relativement
bien plus faible que les réductions des dépenses sociales pour la classe
ouvrière.
Le parlement a aussi adopté une nouvelle mesure de réduction des coûts
qui fait partie des mesures d’austérité : une augmentation du nombre de
jours non indemnisés en cas d’arrêt maladie pour les salariés du privé et du
public dans le but d’économiser 500 millions d’euros. Les travailleurs du
secteur public devront renoncer au paiement de leur premier jour d’arrêt
maladie et le nombre de jours non indemnisés pour les travailleurs du
secteur privé passera de 3 à 4 jours.
Le gouvernement a présenté son budget dans le contexte d’une crise
grandissante de l’endettement de la zone euro alors que les marchés
financiers et les grandes puissances ont réussi à renverser le gouvernement
Papandreou en Grèce et le régime Berlusconi en Italie en vue d’exiger des
coupes sociales encore plus importantes. La spéculation sur les dettes
souveraines s’est à présent propagée aux économies centrales de l’Europe, y
compris l’Italie et la France – dont les coûts d’emprunt obligataire ont
considérablement augmenté. Les banques ont relevé à 3,4 pour cent le
rendement des obligations de 10 ans françaises, soit le taux le plus élevé
depuis dix ans et de 1,5 pour cent supérieur à celui de l’Allemagne.
La dette souveraine française est encore notée à AAA, lui permettant
d’emprunter de l’argent à un taux d’intérêt plus bas. Toutefois, elle subit
une pression grandissante de la part des marchés financiers en raison de son
énorme déficit budgétaire et de la forte exposition des banques françaises
aux dettes souveraines de la Grèce, de l’Espagne et de l’Italie. Le montant
total de la dette française est de 1,7 mille milliards d’euros soit 85,5
pour cent de son PIB.
Le 10 novembre, Standard & Poor avait d’abord annoncé la dégradation de
la note AAA avant de se rétracter en affirmant qu’il s’était agi d’une
erreur. Si toutefois sa note de crédit devait être dégradée, les coûts
d’emprunt de la France augmenteront drastiquement et de nombreux
commentateurs disent que la France ne conservera pas sa note AAA.
Dernièrement, certains économistes et l’ancien conseiller présidentiel,
Jacques Attali, ont confié au journal économique La Tribune : « Ne
nous faisons pas d’illusion : sur les marchés, la dette (française) n’est
déjà plus AAA. »
Confrontées à une compétitivité en baisse par rapport à leurs rivaux
économiques, les grandes entreprises françaises réclament des réformes
structurelles afin de réduire drastiquement les salaires et autres coûts de
main-d’œuvre. Les associations patronales, le Mouvement des entreprises de
France (Medef) et l’Association française des entreprises privées (Afep),
s’étaient plaintes dernièrement de la perte de compétitivité de la France,
notamment par rapport à l’Allemagne pour ce qui est des parts de marché à
l’exportation, la balance des paiements et les coûts de main-d’œuvre et de
production. Selon Eurostat, le coût horaire du travail est passé en France
de 24,40 euros en 2000 à 33,40 euros en 2010 ; en Allemagne il a augmenté de
26,30 euros à 33,20 durant la même période.
Dans le but d’accroître la compétitivité, l’Afep a proposé un
« assainissement des finances publiques par la baisse des dépenses, la
réduction du coût du travail via la création d’une TVA sociale et la
suppression des 35 heures. »
Pour répondre à leurs exigences, Sarkozy a annoncé vouloir nommer un
comité consultatif regroupant des associations patronales et des syndicats,
qui se mettrait au travail à la fin de l'année. Lors d’un discours prononcé
à Bordeaux le 15 novembre il a dit: « Le coût élevé du travail dans notre
pays pénalise notre économie. Et pénaliser la France dans la compétition
internationale, c’est accroître le risque des délocalisations. »
Le PS a critiqué par la droite les mesures de Sarkozy en affirmant
qu’elles étaient insuffisantes pour réduire le déficit. Karine Berger,
conseillère économique de Hollande, a dit à Reuters : « François Hollande
envisage un effort de 50 milliards d’euros de redressement budgétaire
supplémentaire sur 2012 et 2013 pour réduire le déficit public à 3 pour
cent. »
Le PS appelle à un soutien de la part du capital financier, qualifiant
les coupes de Sarkozy d’insuffisantes et de preuve qu’il est trop faible
pour perpétrer les attaques nécessaires à l’encontre de la classe ouvrière.
Nicole Bricq (PS), rapporteur général de la commission des Finances du
sénat, a dit que la France est confrontée à une période « un peu confuse où
le gouvernement prend à répétition des mesures improvisées » avec des
annonces « à minima », en ajoutant « la Commission européenne fait aussi le
constat de l’insuffisance du plan Fillon. »
Alors que le gouvernement Sarkozy planifie de nouvelles attaques contre
la classe ouvrière, il devra faire face à l’opposition de la classe ouvrière
en pleine hausse du chômage et de l’effondrement du niveau de vie des
travailleurs. Sarkozy est en mesure de poursuivre les coupes sociales en
raison de la duplicité de la bureaucratie syndicale qui soutient les coupes
sociales et l’Etat. Les syndicats, tout comme leurs alliés pseudo-gauches
tel le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), jouent un rôle important en
bloquant un mouvement politique de la classe ouvrière à l’encontre
l’ensemble de l’establishment politique.
les coupes sociales, les
syndicats planifient d’organiser une journée de protestation inefficace dans
un effort de dissiper le mécontentement populaire. Dans le même temps, ils
acceptent le principe des coupes exigées par le gouvernement. François
Chérèque de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a
déclaré au journal Le Progrès : « La dette est devenue excessive. Il
est inévitable de la réduire pour éviter de la transmettre aux générations
futures. »
Le 18 novembre, les principaux syndicats français, dont la Confédération
générale du travail (CGT, dominée par le Parti communiste) et la CFDT
s’étaient rassemblés pour appeler à une journée nationale de mobilisation le
13 décembre. Ils appellent à une telle manifestation inoffensive après que
les mesures de rigueur ont été annoncées il y a près d’un mois et que le
parlement aura voté toutes les coupes.
Peu de temps après que les mesures ont été annoncées, le NPA a publié un
communiqué proposant que « l’ensemble de la gauche sociale et politique, les
syndicats comme les partis, se réunisse dans les prochains jours pour
l’organiser. »
Le but d’appeler à une telle action avec les syndicats et d’autres alliés
pseudo-gauches est de démobiliser l’opposition de la classe ouvrière à
l’encontre des coupes et de la détourner derrière la campagne électorale du
PS pour les élections présidentielles de 2012. Ceci est une impasse pour la
classe ouvrière au moment où le PS est engagé à poursuivre la politique
d’austérité commencée par Sarkozy au nom des marchés financiers et des
banques.
(Article original paru le 21 novembre 2011)