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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Dixième semaine de grève : un bilan politique du combat chez American Axle

Par Jerry White et Barry Grey
7 mai 2008

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Alors que la grève acharnée chez le fabricant de pièces automobile American Axle & Manufacturing entame sa dixième semaine, la nature irréconciliable du conflit entre les demandes de la compagnie et les besoins des travailleurs apparaît de manière encore plus marquée.

Le patron d’American Axle Richard Dauch refuse de laisser tomber sa demande selon laquelle les travailleurs doivent accepter une réduction salariale de près de 50 pour cent. Il menace d’en appeler aux briseurs de grève et de fermer de façon permanente ses usines syndiquées. La police de Détroit, où se situent le siège social de la compagnie ainsi que sa plus grosse usine, devient de plus en plus menaçante et provocatrice.

Quant à eux, les travailleurs demeurent déterminés à repousser les demandes massives de concessions de la compagnie, sachant qu’ils ne peuvent subvenir aux besoins de leurs familles avec le salaire de misère que leur offre la compagnie. Ils maintiennent leurs piquets de grève avec ténacité, étant malgré tout forcés de vivre avec une maigre prestation de grève de 200 dollars par semaine.

Cette grève pose une question universelle à laquelle font face non seulement les travailleurs aux Etats-Unis, mais à travers le monde. Devront-ils retourner à des conditions de pauvreté et de travail de misère, tel que l’exigent les corporations au nom de la compétitivité et de la profitabilité, ou défendront-ils leurs propres intérêts indépendants ?

Il ne peut y avoir de compromis entre ces deux priorités sociales conflictuelles. Le besoin de couper les salaires et de piller les pensions et les fonds de santé représente les intérêts d’une minuscule minorité de la population : les multimillionnaires et milliardaires qui forment l’oligarchie corporative et financière. La lutte pour défendre les salaires, les avantages sociaux et les emplois exprime les intérêts de la classe ouvrière, la vaste majorité de la population. 

Parce que la grève chez American Axle surgit du choc entre ces intérêts sociaux irréconciliables, elle a pris un caractère acerbe et elle perdure.

Quelles sont les forces qui se font face dans ce combat ?

Il y a le directeur général d’American Axle Richard Dauch, qui a engrangé personnellement plus de 250 millions de dollars au cours de la dernière décennie. (Ce qui équivaut en moyenne par année à 417 fois le salaire annuel d’un travailleur syndiqué d’American Axle). Derrière lui trônent General Motors, le plus gros client d’American Axle, les banquiers et les investisseurs de Wall Street.

Et il y a le Parti démocrate. Ce parti, qui prétend parler au nom de la « classe moyenne », contrôle Détroit depuis des décennies. Le maire est un démocrate et le conseil municipal est démocrate.

L’usine est située dans une enclave ouvrière densément peuplée de Détroit appelée Hamtramck. Pratiquement toute la population de la ville et de ses environs est au courant de la grève et il y a un appui largement répandu pour les travailleurs.

Une autre usine d’American Axle est en grève à Three Rivers au Michigan et deux autres près de Buffalo, New York. Les gouverneurs du Michigan et de New York sont tous deux démocrates.

Malgré tout, aucun responsable démocrate n’a levé le petit doigt pour appuyer les grévistes. Au contraire, lorsqu’American Axle a demandé leur aide, des représentants municipaux de Détroit ont consciencieusement envoyé la police afin d’escorter les camions au-delà des piquets de grève et intimider et arrêter les grévistes.

Alors que se déroule la campagne acerbe pour la présidentielle démocrate, dans laquelle Hillary Clinton et Barack Obama prétendent lutter pour les travailleurs ordinaires, ni un ni l’autre n’a soutenu publiquement les grévistes ou critiqué la compagnie pour tenter d’imposer des salaires de misère.

Comment cela est-il possible ?

Le Parti démocrate est entièrement redevable à l’oligarchie économique représentée par des gens comme Richard Dauch. Dans le conflit entre les intérêts de la grande entreprise et les besoins des travailleurs, il se range fermement du côté de la première. Sa rhétorique populiste occasionnelle est de la pure frime. On n’a qu’à conduire à travers les communautés ouvrières des villes comme Detroit, qui ont été dévastées par les fermetures d’usines, les saisies de maisons et la montée des prix de l’essence et de la nourriture, pour en avoir la preuve.

Ensuite, il y a l’UAW. Le syndicat des Travailleurs unis de l’automobile a son quartier général à Detroit, une ville qui a une riche tradition de luttes syndicales militantes. L’UAW compte des centaines de milliers de membres au Michigan.

Qu’est-ce que le syndicat a fait pour mobiliser les membres de l’UAW pour aider à gagner la grève ? En un mot : rien.

Non seulement l’UAW n’a pas étendu la grève à d’autres usines et n’a pas organisé de piquetage de masse pour arrêter la production dans les principaux établissements de la compagnie, le syndicat n’a même pas réussi à convoquer une manifestation importante. La seule manifestation qu’elle a annoncée fut annulée à la dernière minute pour plaire à la compagnie.

L’UAW a tenu des négociations secrètes avec la compagnie et a refusé d’informer les travailleurs des clauses en négociations. Il a donné un maigre 200 $ par semaine en paye de grève, même s’il détient un fonds de grève d’une valeur de trois quarts de milliard de dollars.

Loin de s’opposer aux réductions de salaire et à l’élimination des emplois, il a signé des contrats avec les constructeurs des Trois Grands et des fabricants de pièces comme Delphi et Dana qui consistaient en des réductions de salaire de moitié tout en acceptant des dizaines de milliers de congédiements. Y a-t-il une raison de croire qu’il n’est pas prêt à négocier un accord similaire avec American Axle ?

La bureaucratie de l’UAW a directement profité de l’aide qu’elle a offerte aux compagnies de l’automobile pour imposer des diminutions de salaires en recevant de GM, Ford et Chrysler le fonds VEBA, valant plusieurs milliards de dollars. À l’aide de ces contrats, l’UAW s’est positionné pour devenir le plus grand actionnaire de GM et de Ford. Conséquemment, il a un incitatif financier direct à accroître la compétitivité et la profitabilité de ces compagnies au détriment des salaires, des avantages sociaux et des emplois de ses propres membres.

Dans la mesure où l’UAW a des différends avec American Axle, ils tournent autour des efforts du syndicat pour obtenir certaines garanties pour la bureaucratie syndicale en échange des services rendus à la compagnie pour faire baisser les coûts de la main d’œuvre. Bien consciente de la colère et de la détermination de ses membres, l’UAW a cherché à convaincre la compagnie d’atteindre ses buts plus lentement. Comme un membre du comité de négociation et du service de représentation internationale de l’UAW a dit à des actionnaires de la compagnie la semaine dernière, selon un reportage du Detroit Free Press : « Nous deviendrons compétitifs, mais nous ne pouvons le devenir en une nuit. »

Finalement, il y a les dissidents du syndicat, incluant les anciens responsables du syndicat, qui sont associés avec la publication Labor Notes et des groupes comme Soldats de la Solidarité. Ils sont à leur tour soutenus par des organisations de « gauche » comme le Workers World Party et l’International Socialist Organization.

Leur rôle est de promouvoir des illusions en affirmant que l’UAW est encore une organisation ouvrière qui peut être utilisée pour lutter pour les intérêts des membres, et de s’opposer à toute rupture politique des travailleurs avec le Parti démocrate.

Même s’ils font quelques critiques occasionnelles des dirigeants de l’UAW, ils insistent pour dire que les travailleurs doivent se soumettre à la bureaucratie syndicale et laisser la conduite de la grève entre leurs mains. De cette manière, ils aident l’UAW à garder la grève isolée et à préparer la voie pour une trahison.

De l’autre côté des barricades il y a des centaines de milliers de travailleurs au Michigan, à New York et au-delà qui se rallieraient avec plaisir derrière les grévistes d’American Axle, sachant qu’ils font face aux mêmes attaques contre leurs salaires, leurs avantages sociaux et leurs emplois. Ils sont empêchés d’agir par leur syndicat supposé les représenter.

La voie de l’avant

Quelles sont les conclusions à tirer ?  Pour que la grève ne soit pas vaincue, il faut l’élargir pour mobiliser les larges couches de la classe ouvrière.

Le pré-requis pour un tel développement est, pour les travailleurs, de s’organiser eux-mêmes indépendamment de la bureaucratie syndicale.

Le Parti de l’égalité socialiste propose que les grévistes élisent des comités constitués de travailleurs dévoués et fiables pour reprendre la conduite de la lutte des mains de l’UAW. Ces comités devraient lutter pour étendre la grève à travers toute l’industrie. Ils devraient organiser du piquetage et des manifestations de masse. Ils devraient faire un appel spécial aux travailleurs de l’automobile du Mexique, incluant à l’usine d’American Axle de Guanajuato, aussi bien qu’aux travailleurs canadiens de l’automobile.

La mobilisation syndicale ne peut réussir que si elle est liée à une nouvelle stratégie politique. Les ouvriers ne sont pas seulement confrontés à Dauch et au patronat de l’automobile, mais à tout le cadre politique et économique aux Etats-Unis. Le capitalisme subordonne les besoins des travailleurs aux exigences de l’accumulation toujours plus importante de la richesse privée des ultra-riches.

Il faut un nouveau parti politique pour mobiliser la classe ouvrière contre la dictature économique qu’exerce le patronat américain au moyen de ses deux partis politiques et pour changer de façon fondamentale les priorités de la société. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra satisfaire les besoins des travailleurs et éradiquer la pauvreté, la guerre et l’inégalité sociale.

Pendant des dizaines d’années, les compagnies, les politiciens de la grande entreprise et les bureaucrates syndicaux se sont tous opposés au socialisme, affirmant que le capitalisme permettait aux ouvriers de joindre les rangs de la soi-disant classe moyenne. Mais le système de profit est un échec sur toute la ligne. Les ouvriers aux Etats-Unis et de par le monde font face à la possibilité de perdre le nécessaire, y compris un logement décent, des soins de santé, l’éducation et un emploi qui offre un salaire correct.

L’industrie automobile, qui a été construite par le travail de générations d’ouvriers, ne peut être laissée aux mains de dirigeants de compagnie et d’investisseurs milliardaires qui ne sont intéressés à rien d’autre que leur enrichissement personnel. Les vastes forces de production doivent devenir la propriété de la société dans son ensemble. Les monopoles dans l’industrie automobile et les plus importants leviers de la production, du transport et de la finance doivent devenir propriété publique et placés sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

C’est cette perspective socialiste et révolutionnaire qui est proposée par le Parti de l’égalité socialiste et notre publication internationale sur internet, le World Socialist Web Site. Nous appelons les travailleurs à adhérer au PES et à contribuer à son développement en tant que nouvel organe dirigeant et révolutionnaire de la classe ouvrière.

(Article original anglais paru le 30 avril 2008)

Lire aussi :

Les TCA font des concessions massives à Ford Canada [3 mai 2008]

Il faut en appeler à la classe ouvrière et non aux actionnaires pour soutenir la grève à American Axle [30 avril 2008]

Septième semaine de grève chez le fabricant de pièces automobiles américain
Le président des UAW demande de « véritables sacrifices » aux ouvriers d’American Axle
[9 avril 2008]


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