Les médecins égyptiens menacent de reconduire la grève

Des centaines de médecins ont défilé du syndicat des médecins aux services gouvernementaux égyptiens en réitérant leurs revendications non satisfaites du 29 mai et en menaçant de reconduire leur grève,

Après que les assurances du premier ministre de répondre à leurs griefs n’ont mené à rien, les médecins revendiquent de meilleurs salaires et un budget santé plus important.

Ahram Online rapporte que les médecins ont scandé, « Il faut fixer un salaire minimum et un salaire maximum » et « Les médecins et les travailleurs refusent le pouvoir du capital », alors qu’ils défilaient, vêtus de leur blouse blanche, à travers les rues du Caire.

Le Dr Imitiaz Khald Hassouna, ophtalmologue d’Alexandrie a dit, « Si l’un de vos parents tombait malade, l’enverriez-vous dans un hôpital public si vous aviez les moyens de l’envoyer ailleurs ? Ne l’enverriez-vous pas plutôt à l’étranger pour être soigné ? J’ai fait tout le chemin d’Alexandrie à mes propres frais pour être sûr de participer à la manifestation. Les citoyens égyptiens méritent de meilleurs soins de santé. »

La manifestation était constituée de médecins représentant plusieurs gouvernorats [prolongement du gouvernement central].

Les médecins avaient fait une grève de 24 heures le 10 mai, puis une semaine plus tard, le 17 mai, avaient commencé une grève reconductible. Cette grève avait été suspendue après des assurances faites par le ministère.

Les médecins veulent que le budget de la santé passe de 3 pour cent du budget de l’Etat à 15 pour cent, en augmentant le salaire de tous les travailleurs de la santé, en protégeant le personnel hospitalier contre les attaques et en subventionnant plus fortement les études de médecine.

Le Dr Ayat Ahmed Sadiq a dit que le gouvernement avait cherché à contourner les principales revendications des médecins : « Ils ont dit que le budget de la santé sera relevé à 11 ou 12 pour cent mais nous avons appris ensuite que ce pourcentage était censé couvrir tous les hôpitaux, y compris ceux qui sont déjà subventionnés par des salaires mensuels tels les entreprises d’assurance maladie ou les hôpitaux militaires. Le premier ministre Essam Sharaf a aussi dit qu’il n’était pas en mesure de changer le ministre de la Santé comme nous le réclamions… comment est-ce possible, alors qu’il est le premier ministre ? »

Le Dr Hassouna a dit que la revendication de destituer l’actuel ministre de la Santé est liée à ce qu’elle a décrit comme sa « politique de Parti national démocratique (PND) relative aux soins de santé. »

« La politique qui consiste à maintenir les bas salaires des médecins des hôpitaux publics est délibérément fixée pour servir le secteur privé lucratif. Les hôpitaux publics sont maintenant utilisés pour les patients privés… Le système capitaliste ne marche pas quand il s’agit de soins de santé. Ils ont retiré le traitement du cancer et les opérations délicates du système d’assurance, donc si j’ai un cancer maintenant, je ne peux pas recevoir les soins dont j’ai besoin. »

Ont aussi été abordées lors des manifestations, les préoccupations des médecins concernant la sécurité dans les hôpitaux et la question de la corruption au sein du ministère de la Santé.

Le Dr Ahmed Fathi a dit, « Nous avons déposé une plainte pour corruption contre le ministère pour avoir soumis à la commission d’enquête une évaluation fausse du nombre des morts durant la révolution. L’évaluation exacte du nombre des martyrs de la révolution est de 846 mais ils ont déclaré qu’il n’était que de 400. La plainte pour corruption inclut aussi le gaspillage des fonds publics. »

Durant la manifestation, les travailleurs de la santé ont brandi des pancartes disant, « Nous exigeons des procès, les gangs sont encore au pouvoir » et « Les ennemis de la révolution sont ceux qui sont responsables de la pénurie de fournitures médicales. »

Selon un rapport du Centre égyptien pour les droits de l’Homme, l’Egypte a connu en avril un total de 90 protestations de travailleurs dont 26 sit-in, 14 grèves, 26 manifestations et 24 protestations de courte durée.

Le rapport dit que 1.360 travailleurs ont été licenciés durant le mois, 22 autres ont été blessés et deux ont été tués du fait de l’absence de sécurité dans les usines et d’un manque d’assurance maladie des travailleurs.

Les revendications communes des travailleurs comprennent une amélioration des salaires, des contrats à durée indéterminée et la mise à l'écart des responsables corrompus.

(Article original paru le 3 juin 2011)

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