Israël reprend l'assaut sur Gaza

Des chasseurs israéliens ont effectué des dizaines d'attaques contre des cibles situées dans la bande de Gaza mardi, relançant la guerre unilatérale menée depuis plus d’un mois.

Le ministère de la Santé a déclaré mardi soir que, suite à la dernière série de frappes aériennes, un enfant de deux ans et une femme avaient été tués et que 25 autres personnes avaient été blessées, la plupart des femmes et des enfants, lors du bombardement d'une maison dans le quartier de Sheikh Radwan à Gaza. Plus tôt, on avait appris que deux jeunes enfants avaient été blessés lors d’une frappe et trois adultes lors d'une autre.

Les chiffres mis à jour, publiés par le ministère de la santé de Gaza, ont révélé que le nombre de morts palestiniens a grimpé à plus de 2020, dont 543 enfants et 252 femmes. Le nombre de morts israéliens est de 67, dont 64 sont des soldats impliqués dans l’offensive en territoire palestinien.

Parmi les cibles frappées mardi soir figure la station de radio Al Aqsa du Hamas, qui a été réduite au silence après le bombardement.

Pendant ce temps, l'UNRWA, l'agence des Nations Unies en charge des secours aux réfugiés palestiniens, a rapporté que des milliers de personnes ont fui, une fois de plus, leur maison pour chercher un abri contre la reprise des raids aériens dans les écoles déjà surpeuplées des Nations Unies. Au moins 425 000 habitants de Gaza ont été déplacés du fait de la destruction massive par Israël des quartiers résidentiels.

La reprise de la campagne de bombardement est intervenue alors que les pourparlers du Caire sur une cessation à long terme des hostilités sont arrivés à une impasse face à l'intransigeance israélienne. Le gouvernement du premier ministre Benjamin Netanyahou a refusé toute concession sur les principales revendications palestiniennes pour la levée du blocus de sept ans, qui a transformé Gaza en la plus grande prison à ciel ouvert du monde, privée de ressources vitales et coupée du monde extérieur.

Les porte-paroles israéliens ont déclaré que les frappes aériennes israéliennes sont intervenues en réponse au tir d'une poignée de roquettes depuis Gaza, lesquelles n’ont blessé personne et n’ont causé aucun dommage matériel. L'agence de presse Al-Jazira a indiqué qu'elle avait eu confirmation que des roquettes avaient été tirées depuis le secteur de Shujaiya, un quartier densément peuplé qui a été réduit en ruines et a été le théâtre de certains des pires carnages au cours de l'invasion israélienne.

“En réponse à la violation de la trêve par le Hamas, le Premier ministre et le ministre de la Défense ont ordonné à l’ADI [Armée de défense d'Israël] de reprendre une fois de plus les attaques contre les sites terroristes de la bande de Gaza”, a déclaré un porte-parole du gouvernement.

Tel-Aviv a annoncé que l'équipe de négociateurs israéliens avait reçu l’ordre de rentrer du Caire. Des sources palestiniennes, ont indiqué que les négociateurs palestiniens quitteraient la capitale égyptienne mercredi.

Plus tard, dans la nuit de mardi, un responsable gouvernemental a indiqué que le gouvernement israélien s'apprêtait à reprendre la guerre tous azimuts contre Gaza et sa population paupérisée de 1,8 millions d’habitants. Il a déclaré aux médias israéliens que “l’ADI a reçu comme instruction d’opérer par voie aérienne en préparation d'une opération au sol”.

Des responsables du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige le gouvernement de Gaza, ont toutefois déclaré qu'ils ignoraient tout d’attaques à la roquette et ont suggéré que le gouvernement israélien avait monté l'incident de toutes pièces pour tenter de faire échouer les pourparlers et pour reprendre les attaques. Aucune des factions palestiniennes à Gaza n’a revendiqué la responsabilité pour un lancement de roquettes ce mardi.

Le gouvernement Obama a rapidement exprimé son soutien aux actions militaires d'Israël. “Le Hamas est responsable de la sécurité de Gaza... Les tirs de roquettes venaient de Gaza” a déclaré la porte-parole adjoint du département d'Etat, Marie Harf. Elle a confirmé une fois de plus le soutien américain sans cesse répété au “droit d'Israël à se défendre”.

En réponse aux raids israéliens, les brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé en fin de soirée mardi, avoir tiré des roquettes sur l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv.

La reprise du conflit survient alors que les deux parties avaient convenu, lundi soir, d’une extension de 24 heures du cessez-le-feu en cours depuis cinq jours, en réponse à une offre par le régime égyptien du général Abdel Fattah al-Sisi de poursuivre les pourparlers indirects qui avaient échoué entre négociateurs palestiniens et israéliens.

“Les négociations ont fait face à des difficultés en raison de l'obstination de l'occupant [Israël], et les 24 heures [d’extension] sont intervenues à la suite d’une demande des médiateurs d’avoir une nouvelle opportunité”, a déclaré Izzat al-Rishq, un haut responsable du Hamas. Le porte-parole de l'organisation, Sami Abu Zuhri a déclaré qu'Israël cherchait simplement à “gagner du temps” dans les pourparlers.

La position israélienne dans la négociation se limiterait à un assouplissement du blocus des frontières de Gaza, qu’Israël continuerait à pouvoir boucler à nouveau totalement, chaque fois qu'elle le jugerait bon. Tel-Aviv a refusé de discuter les demandes palestiniennes pour l'ouverture d'un port maritime et la remise en état de l'aéroport de Gaza, que l'armée israélienne a détruit lors de la deuxième Intifada en 2001. Comme pour la question des prisonniers politiques palestiniens, les négociateurs israéliens ont insisté pour que la discussion de ces questions soit reportée à une date ultérieure.

“Il n’y a eu de progrès sur aucun point”, a déclaré, peu avant le déclenchement de nouveaux combats mardi, Azzam al-Ahmed, le chef des négociateurs palestiniens au Caire qui est un membre important du gouvernement palestinien de la faction du Fatah au pouvoir en Cisjordanie. “La situation s'est encore compliquée”.

Les complications en question proviennent semble-t-il de nouvelles exigences israéliennes portant sur la démilitarisation de la bande de Gaza, quelque chose que Tel-Aviv n'a pas été en mesure d'accomplir par ses actions armées contre le territoire. Le responsable du Fatah faisait peut-être également référence aux tensions entre le gouvernement palestinien et le Hamas sur l'accord de cessez-le-feu.

L’accord proposé par les médiateurs égyptiens rétablirait un pouvoir substantiel à l'Autorité palestinienne du Président Mahmoud Abbas, qui a perdu le contrôle de la bande de Gaza au bénéfice du Hamas en 2007. Les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, qui sont formées par les U.S.A et collaborent étroitement avec Israël, seraient chargées des points de passage des frontières à l’intérieur de la bande de Gaza, tandis que l'Autorité palestinienne superviserait les efforts de reconstruction dans le territoire.

Le gouvernement Netanyahu a semblé se préparer à une reprise de l'assaut sur Gaza avant même la rupture des pourparlers. Netanyahu a déclaré lundi que l'ADI était prête à agir “très agressivement” si des roquettes étaient tirées depuis Gaza.

De même, le ministre de la Défense Moshe Ya'alon, prenant la parole lundi soir depuis une base de la marine israélienne à Ashdod, a insisté sur le fait que “L’opération Bordure protectrice n'est pas terminée”, ajoutant “Comme promis, nous ne nous arrêterons pas avant d’avoir apporté la tranquillité et la sécurité [en Israël]”.

Ya'alon a averti que “L'armée israélienne est préparée et prête à réagir fortement à tout développement. Le Hamas ne nous entraînera pas dans une guerre d'usure et s’il essaie de le faire, nous le frapperons avec une grande force.”

Netanyahou et Ya'alon ont été l’objet d’attaques politiques la semaine dernière sur les pourparlers du Caire de la part de membres sionistes d'extrême-droite du cabinet israélien qui ont exprimé leur soutien à la poursuite de la guerre à Gaza. Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, qui avait obtenu le projet d'accord de la semaine dernière au Caire, a accusé Netanyahou de tenter d’en dissimuler le contenu au reste du cabinet. Vendredi, Netanyahou a déclaré qu'il n'avait pas accepté le projet et en avait désavoué le contenu, affirmant qu'il ne satisfaisait pas aux exigences de sécurité d'Israël.

(Article original paru le 20 août 2014)

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