L'Organisation Mondiale de la Santé dit que le nombre de cas d'Ebola pourrait atteindre 10.000 par semaine

Le nombre de cas nouveaux d'Ebola en Afrique pourrait atteindre jusqu'à 10 000 personnes, 10 fois plus que les estimations antérieures, selon les projections de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rapportées mardi 

Le docteur Bruce Aylward, qui dirige la réponse de l'OMS à la crise, évalue maintenant le taux de mortalité dans les pays touchés par l'épidémie–la Sierra Léone, le Libéria et la Guinée à environ 70 pour cent. Les statistiques antérieures montraient un taux de survie d'environ 50 pour cent, l'organisation fait état maintenant d'un taux de survie « d'au mieux 30 pour cent ». 

Il a remarqué que l'épidémie continue à progresser dans les capitales des pays les plus touchés. « Tout sentiment que le grand effort qui a débuté depuis les deux derniers mois commence déjà à connaître un impact, serait très, très prématuré », a-t-il prévenu. 

Aylward a appelé à l'application de plans soi-disant 70–70–60, selon lequel 70 % des nouveaux cas seraient isolés, et 70 % des cadavres seraient enterrés de manière sécurisée dans les 60 jours. 

Selon les dernières statistiques fournies par l'OMS, il y a eu 8.914 cas d'Ebola, dont 4.447 morts. Mais ces chiffres peuvent bien sous-estimer l'envergure de la crise, a dit Aylward , car beaucoup de cas ne sont pas signalés. 

L es déclarations d'Aylward ont été suivies par l'annonce des Centres pour le Contrôle des Maladies (CDC) américains qu'ils alloueraenit des ressources supplémentaires pour combattre la propagation de la maladie. Thomas Frieden directeur du CDC, a dit dans une conférence de presse lundi que les USA créent une équipe de réaction rapide pour venir en aide aux hôpitaux « dans quelques heures ». 

Frieden a avoué l'insuffisance de la réaction de l'agence fédérale au cas de Thomas Eric Duncan, l'homme libérien décédé au Texas le 8 octobre. Il a dit que l'infirmière Nina Pham n'aurait peut-être pas été infectée si une équipe avait été envoyée à Dallas tout de suite. « J'aurais aimé que nous ayons eu une équipe comme celle-ci sur le terrain le jour où le premier malade a été diagnostiqué », a-t-il dit, « mais désormais nous feront cela avec tout cas qui surviendra aux États-Unis ».

L'aveu de Frieden suit la déclaration lundi du directeur général de l'OMS, le Docteur Margaret Chan, selon laquelle l'épidémie actuelle était « sans aucun doute la crise de santé publique la plus sévère des temps modernes. » 

Remarquant qu' « Ebola a émergé il y a presque 40 ans », elle a demandé : « Pourquoi les docteurs ont-ils toujours les mains vides, sans vaccin ni remède ? » Répondant à sa propre question, elle a dit, « Une industrie basée sur le profit n'investit pas dans des produits pour des marchés incapables de payer ». 

Le refus des géants pharmaceutiques de développer un vaccin contre Ebola a causé la mort de milliers de gens dans les pays ex-coloniaux de l'Afrique de l'Ouest. Le danger de la propagation de cette maladie mortelle aux États-Unis et aux autres pays développés a été accru par les coupes systématiques dans dans les budgets de la recherche scientifique et des systèmes de santé publique, que l'on ne peut que qualifier de négligence criminelle. 

Le docteur Francis Collins, chef des Instituts nationaux de Santé (NIH), à dit au Huffington Post que les États-Unis auraient probablement déjà développé un vaccin contre l'Ebola si les coupes budgétaires n'avaient pas dévasté les capacités de recherche du pays. 

Il a dit, « NIH travaille sur les vaccins pour l'Ebola depuis 2001. Ce n'est pas comme si on s'était réveillé tout à coup et pensé, 'oh mon Dieu, nous devrions déjà avoir quelque chose de prêt' ». 

« Franchement, si nous n'étions pas passés par dix ans de réduction de fonds de recherche, nous aurions probablement eu un vaccin à temps, qui serait passé par des essais cliniques et aurait été déjà prêt ». 

Collins a ajouté que les coupes budgétaires ont eu un impact significatif non seulement sur le développement d'un vaccin pour Ebola, mais aussi sur le développement de traitements thérapeutiques, lesquels « avancent plus lentement que l'idéal, ou ce qui serait arrivé si notre trajectoire de recherche avait été stable ». Il a ajouté, « Nous aurions une ou deux années d'avance sur là où nous sommes actuellement, ce qui aurait complètement changé la donne. » 

Collins a ajouté que, malgré l'épidémie, les NIH n'ont pas reçu de crédits supplémentaires. Les NIH ont été obligés de « prendre des dollars qui seraient allés à quelque chose d'autre… et les rediriger vers ceci ».

Il a dit que un vaccin pour l'Ebola est en train d'être développé, mais que au mieux il serait prêt pour des essais programmés à commencer en décembre, et que l'on ne saurait pas s'il est efficace avant février ou mars. 

De même, il a dit que le médicament expérimental ZMapp ne serait pas disponible en quantité significative cette année à cause des coupes budgétaires.. « Si on avait pas eu d'autres pénuries, on saurait peut-être déjà s'il fonctionne et on aurait pu en avoir un stock important », a-t-il ajouté. 

As a result of the so-called sequester budget cuts implemented last year, the National Institutes of Health (NIH) and the National Science Foundation (NSF) had their budgets slashed by 5.1 and 2 percent respectively. 

A cause des coupes budgétaires dites de « séquestration » imposées l'année dernière, les NIH et la Fondation Nationale des Sciences (NSF) ont vu leur budget diminué de 5,1 et de 2 pour cent, respectivement. 

Entre 2010 et 2014, le budget du NIH a été amputé de $446 millions et le financement du CDC de $585 millions, selon Scientific American. Le financement des programmes anti-crise du CDC a été réduit de 2 milliards de dollars depuis 2002. Le résultat est que 45 100 emplois ont été supprimés dans les départements de santé aux niveaux des états et des municipalités depuis 2008 

Les partisans du Parti démocrate n'ont pas hésité à reprocher les républicains pour ses coupes. Cependant, les propositions d'Obama pour le budget de 2015 appelle aussi à des coupes significatives dans les dépenses de santé avec d'autres économies majeures pour les autres services sociaux 

La crise actuelle d'Ebola représente une condamnation sans appel du système de santé basé sur le profit, et de la destruction des systèmes de santé publique aux États-Unis et ailleurs, au nom de la réduction drastique des impôts et de l'accroissement des profits des grandes entreprises.

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