Perspectives

La Chine souligne le danger d'une guerre avec les USA en Mer de Chine méridionale

Face à la montée des provocations américaines en Mer de Chine méridionale, Pékin a annoncé hier qu'il portait plainte contre la mission très médiatisée d'un avion de surveillance américain au-dessus de territoires revendiqués par la Chine et a demandé aux Etats-Unis de reculer.

Les actions irresponsables de Washington menacent de déclencher une guerre à travers l'Asie et le monde. Washington est passé d'une campagne médiatique contre la construction chinoise d'îlots en Mer de Chine méridionale à des défis militaires. Le vol de surveillance la semaine dernière n'a pas pénétré le périmètre de 19km autour des territoires revendiqués par la Chine, mais le Pentagone se prépare à le faire, sous prétexte de défendre « la liberté de navigation ». 

Lundi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires Etrangères, Hua Chunying, a dénoncé ce vol comme était « extrêmement dangereux et irresponsable », et « très apte à produire des erreurs de calcul et des incidents malencontreux dans les eaux et les espaces aériens ». 

Hier, le Global Times chinois a écrit dans son éditorial : « Si la position essentielle des Etats-Unis est que la Chine doit mettre fin à ses activités, une guerre sino-américaine en Mer de Chine méridionale est inévitable ». Il a ajouté que si les Etats-Unis veulent faire la leçon à la Chine « par la provocation et l'humiliation », alors « la Chine ne pourra éviter le choix de s'engager ». 

Les Etats-Unis conduisent délibérément toute la région au bord du gouffre. Un accident ou un mouvement de panique par des bâtiments ou des chasseurs américains ou chinois pourrait déclencher une chaîne d'actions et de réactions qui culminerait en une guerre entre ces deux puissances nucléaires. 

Il suffit de considérer comment Washington réagirait si des forces chinoises exerçaient leur « liberté de navigation » au large de Hawaii ou de la Californie pour apprécier l'hypocrisie de la propagande américaine. Ces eaux sont critiques non seulement pour le commerce chinois mais aussi pour les bases navales chinoises toutes proches sur l'île de Hainan. 

Les Etats-Unis font monter le danger d'une guerre en encourageant d'autres puissances de la région, telles les Philippines ou le Vietnam, à avancer leurs revendications territoriales plus agressivement contre la Chine. Ils ont aussi encouragé le Japon à organiser ses propres patrouilles dans la région. Toutes ces actions décuplent le danger d'un incident auquel les Etats-Unis ne participeraient pas forcément, mais qui précipiterait un conflit plus large. 

Le président philippin Benigno Aquino a dit hier que ses forces aériennes emprunteraient « toujours les routes que nous prenons, en fonction du droit international ». Selon le porte-parole de l'armée de l'air philippine, le colonel Enrico Canaya, ces avions ont suivi des routes contestées, dont celle du vol de surveillance américain la semaine dernière. 

Le secrétaire à la Défense philippin Voltaire Gazmin a dit qu'il demanderait un « engagement plus fort » des Etats-Unis contre le « chantage » chinois auprès de son homologue américain Ashton Carter cette semaine. Les Philippines veulent une promesse de soutien dans une guerre contre la Chine, comme la garantie américaine accordée au Japon dans la dispute sur les îles Senkaku/Diaoyu en Mer de Chine orientale. 

Le ton monte depuis longtemps en Mer de Chine méridionale. Obama a officialisé l'attitude agressive de son administration envers la Chine sur tous les fronts – diplomatique, économique, et militaire – par son « pivot vers l'Asie » en 2011. Le « pivot » impliquait une escalade militaire de Washington et une restructuration de ses forces armées à travers la région indo-pacifique, dirigées contre Pékin.

A travers l'Asie, Washington renforce son réseau déjà imposant d'alliances et de partenariats militaires. Il a conclu des accords pour des stationnements militaires « tournants » de troupes, de bâtiments, et de forces aériennes en Australie et un traité accordant un accès presque illimité aux bases militaires des Philippines. Les Etats-Unis repositionnent et renforcent leurs troupes au Japon et en Corée du Sud, envoie des vaisseaux de guerre à Singapour, et confortent leurs relations avec tous les pays limitrophes de la Chine.

Washington encourage aussi une coopération plus étroite entre les « piliers » du « pivot » que sont le Japon, l’Australie et l’Inde. Le gouvernement australien a annoncé que des troupes japonaises participeraient pour la première fois aux exercices militaires biannuels Talisman Sabre en Australie, qui mobilisent plus de 30.000 soldats américains, australiens, et néo-zélandais.

Les Etats-Unis n'entendent pas reculer en Mer de Chine méridionale. Ceci leur vaudrait une perte de confiance énorme parmi leurs alliés en Asie et dans le monde. L'impérialisme américain est poussé à des opérations militaires toujours plus téméraires pour consolider sa fragile hégémonie en Asie et à travers le monde.

Washington a été profondément troublé par la décision de la Grande Bretagne de rejoindre la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB), prochinoise, malgré l'opposition américaine. De nombreux autres pays ont ensuite suivi la démarche de Londres, éclatant le monopole d'institutions comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, dominées par Washington. La provocation d'une crise en Mer de Chine méridionale permet à Washington de riposter et de souligner la vulnérabilité militaire chinoise.

Il n'y a rien de progressiste dans la réponse du régime chinois, qui défend les intérêts d'une petite couche d'oligarques super-riches. Profondément hostile à la classe ouvrière, la bureaucratie de Pékin lance une course aux armements qui aggrave le danger d'une guerre catastrophique.

Ce sont les contradictions fondamentales du capitalisme, exprimées par l'effondrement économique mondial depuis la crise financière de 2008, qui poussent les grandes puissances vers une guerre. Quel que soit le résultat immédiat de l'affrontement actuel en Mer de Chine méridionale, la guerre est inévitable si la classe ouvrière internationale ne désarme pas les fauteurs de guerre impérialistes par la révolution socialiste.

 

 

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