Syriza prépare des coupes drastiques dans les retraites

Lundi, le gouvernement Syriza (« Coalition de la gauche radicale ») du Premier ministre grec Alexis Tsipras a envoyé un projet de réforme des retraites aux créanciers de la Grèce (FMI, BCE et Commission européenne), en échange de 5,7 milliards d’euros en fonds de sauvetage. Le Parlement doit examiner le projet de loi à la mi-janvier et le voter d’ici le début de février.

Ceci marque une nouvelle étape dans l’attaque menée contre la classe ouvrière par les charlatans de Syriza. Arrivés au pouvoir il y a un an en promettant de mettre fin à l’austérité, ils ont capitulé l’été dernier aux exigences de l’Union européenne (UE) et ont adopté un budget d’austérité draconien en octobre. Syriza collabore actuellement avec l’UE afin d’imposer les réductions de dépenses dictées par ce budget.

Après sa réélection en septembre, Syriza avait déjà approuvé une loi en novembre qui élimine la plupart des plans de retraite anticipée, relève l’âge de la retraite à 67 ans d’ici 2022, coupe les retraites par 10 pour cent pour les personnes en dessous de cet âge qui ont pris leur retraite, et augmente les cotisations pour les soins de santé.

Les nouvelles coupes dans les retraites que prépare actuellement Syriza dévasteront des millions de familles qui dépendent de ces retraites pour vivre. 45 pour cent des retraités grecs vivent en dessous du seuil de la pauvreté, et la retraite mensuelle moyenne en Grèce est passée de €1.350 en 2009 à €833 en 2015 sous l’impact de l’austérité. Avec 25 pour cent des ouvriers au chômage, en outre, les retraites constituent souvent le seul revenu de familles entières.

Le nouveau projet fusionnerait les six principaux fonds de retraite et réduirait le montant des retraites de jusqu'à 30 pour cent. Il établirait un seuil inférieur pour les retraites à €384 par mois. Il augmenterait également les cotisations sociales exigées des entreprises et des employés de 1 pour cent et de 0,5 pour cent, respectivement.

Il y aurait aussi des réductions de 10 pour cent des sommes forfaitaires versées à la retraite, et des réductions de 15 à 20 pour cent des retraites complémentaires de plus de €170 par mois. Selon le quotidien grec To Vima, « le gouvernement veut limiter [ces coupes] autant que possible ».

Les 170 pages du projet de loi proposé modifient dramatiquement le calcul des nouvelles retraites. On calculera le montant des retraites sur la base du revenu moyen sur toute la vie de travail. Avec la nouvelle réforme, ceux qui ont travaillé pendant environ 40 ans obtiendraient environ 60 pour cent du revenu moyen qu’ils ont gagné au cours de ces 40 ans. Les nouveaux retraités dont les retraites s'élèveraient à plus de €750 mensuels de pension subiraient une réduction de 15 pour cent.

Syriza a déjà approuvé des mesures d’austérité sévères, dont la refonte du système de retraite, les réformes du marché du travail, ainsi que des modifications au système fiscal et d’autres mesures d’austérité proposées par l’UE en juillet dernier, en échange de €86 milliards de fonds de sauvetage. En contrepartie, l’UE et le FMI ont exigé 1,8 milliard d’euros de coupes dans les retraites l’année prochaine.

Tout en se félicitant du plan de Syiza d'imposer des mesures d'austérité drastiques, les responsables européens font pression sur le gouvernement grec pour accélerer la réforme des retraites.

Les dirigeants de Syriza envisagent de rencontrer les ministres européens des Finances et des responsables du FMI dans les prochains jours, pour les convaincre du plan ambitieux de leur projet ambitieux de réduire les montants des retraites. Le ministre des Finances grecques, Euclide Tsakalotos, rencontrera son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, dans les prochains jours.

Lundi, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, a dit à iTélé, « Jusqu’à présent, le gouvernement grec a respecté ses promesses. Mais il doit aussi respecter ses promesses sur les retraites, il doit y avoir une véritable réforme des retraites. Nous pouvons discuter des détails, mais il y a des paramètres qui doivent être respectés. À la fin de janvier, cette réforme des retraites doit avoir été bouclée. »

Le même jour, Tsipras a souligné l'importance de cultiver des alliances avec les créanciers internationaux lors d'une réunion de son parti. Tsipras compte rencontrer le directeur du FMI, Christine Lagarde à Davos plus tard en janvier.

Tout en préparant les attaques drastiques spécifiées par l'UE, Syriza cache cyniquement son intention de sabrer les retraites. Il tente de présenter sa politique comme une mesure positive et de critiquer les gouvernements précédents, occultant ainsi son rôle dans l'imposition d'attaques contre les travailleurs.

« Le gouvernement tente d'éviter l'effondrement de la sécurité sociale... les partis d'opposition doivent apporter leur soutien à cet objectif national », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovassili.

Elle a dénoncé les gouvernements précédents :. « La moyenne (mensuelle) pension était 1 480 en 2010, mais a fini à 863 euros lorsque la Nouvelle Démocratie [conservatrice] et ensuite Pasok [social-démocrate] ont cédé le pouvoir, » disait-elle.

En fait, Syriza s'est engagé à imposer une austérité draconienne, et la seule façon de lutter contre est de mobiliser la classe ouvrière en Grèce et dans toute l'Europe en lutte contre Syriza et contre l'UE.

Syriza est au pouvoir depuis près d’un an. Après leur expérience avec Syriza, les travailleurs doivent supposer que ses assurances qu'elle veut protéger les traites sont de purs mensonges. Syriza est arrivée au pouvoir en promettent d'abolir le Mémorandum de l’UE sur l’austérité, mais quelques semaines plus tard il a répudié sa promesse et a prolongé le Mémorandum. En juillet, elle a organisé un référendum sur l’austérité et a appelé à un vote « non », mais a réagi au vote massif pour le « non » en foulant ce vote aux pieds et en imposant un programme d’austérité draconien.

Les engagements actuels de Syriza pour défendre les retraites se révéleront tout aussi vains que ses engagements antérieurs.

Sur Real News dimanche, le Premier ministre Alexis Tsipras a affirmé que son gouvernement « ne saurait succomber à des exigences déraisonnables », mais qu'il « respectera l'accord. »

Puis il a dit que la Grèce économisera environ 600 millions d’euros cette année sur ses retraites. Il a ensuite tenté de brouiller les pistes en affirmant que « nous n’avons aucun engagement à trouver de l’argent exclusivement dans les retraites, » et que « l’accord prévoit la possibilité de mesures équivalentes », laissant entendre que l'austérité pourrait tomber ailleurs que sur les retraites.

Il a enchaîné, toutefois, en assénant que le système de retraite est « au bord de l’effondrement » et qu'il doit être restructuré.

(Article paru en anglais le 7 janvier 2016)

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