La Chine avertit un bombardier stratégique américain en mer de Chine orientale

Dans un nouveau signe de la persistance de fortes tensions régionales, l’armée chinoise a lancé mercredi un avertissement à un bombardier stratégique américain B-1B qui survolait la mer de Chine orientale. Le bombardier était l’un des deux B-1B déployés depuis Guam pour participer à des exercices militaires de grande envergure entre forces américaines et sud-coréennes surnommés Foal Eagle et Key Resolve, en cours en Corée du Sud.

Le porte-parole des forces aériennes américaines du Pacifique, le major Phil Ventura, a déclaré à CNN que le bombardier avait pénétré dans une zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) proclamée par Pékin en 2013, mais non reconnue par les États-Unis et ses alliés. Ventura a affirmé que les officiels chinois ont dit aux pilotes du B-1 que l’avion opérait illégalement dans l’espace aérien chinois et lui ont ordonné de partir. Les pilotes ont répondu en disant qu’ils effectuaient des opérations de routine dans l’espace aérien international et n’ont pas quitté leur trajectoire.

Bien que qualifiée de « routine » par les responsables américains, la présence d’un bombardier stratégique américain au large de la Chine continentale est une cause évidente de préoccupation pour l’armée chinoise. Selon CNN, l’avion volait à environ 130 kilomètres au sud-ouest de l’île de Jeju en Corée du Sud, qui est à environ 500 kilomètres de Shanghai.

Le B-1B a été conçu comme un bombardier nucléaire stratégique, mais, à partir de 1995, ne fut plus équipé pour transporter des armes nucléaires, selon l’armée américaine. Il s’agit toutefois d’un bombardier supersonique à longue portée capable de transporter une énorme charge de 34 tonnes de bombes, de munitions guidées de précision, de missiles ou de mines navales. Le B-1B fait partie intégrante de la stratégie AirSea Battle (Combat air/mer) du P/ntagone pour une guerre avec la Chine qui envisage des attaques aériennes et de missiles massives contre l’armée et les communications chinoises.

L’agence de presse sud-coréenne Yonhap a rapporté que deux B-1B ont mené des vols synchronisés avec des chasseurs sud-coréens et ont pris part à des missions de bombardement simulées à la base aérienne de Kunsan. Un responsable sud-coréen a déclaré aux médias que le déploiement était « d’une grande importance » et que les opérations conjointes « ont amélioré l’interopérabilité du pouvoir de combat entre Américains et Coréens du Sud. » Les bombardiers ont également participé à un entraînement conjoint avec l’armée de l’air japonaise.

Le déploiement a eu lieu au milieu d’une confrontation tendue sur la péninsule coréenne avec plus de 320 000 militaires des États-Unis et de la Corée du Sud continuant deux mois de manœuvres qui sont une répétition mal dissimulée pour un conflit avec la Corée du Nord. Depuis 2015, les forces américaines et sud-coréennes ont adopté une nouvelle stratégie pour mener la guerre contre la Corée du Nord, appelée OPLAN 5015. Elle comprend des attaques « préventives » contre les installations nucléaires, militaires et industrielles du Nord et des « raids de décapitation » pour tuer ses dirigeants.

Newsweek a rapporté que des soldats américains et sud-coréens ont organisé cette semaine un exercice de deux jours pour simuler une attaque sur un laboratoire d’armes chimiques nord – coréen. L’exercice appelé « Frappe guerrière 6 » a impliqué l’insertion d’infanterie et des unités blindées par des hélicoptères Black Hawk et Chinook à l’assaut d’un faux village.

Les manœuvres de Foal Eagle impliquent également le porte-avions américain USS Carl Vinson et d’autres navires de guerre. Un destroyer anti-missiles balistiques, l’USS Stethem, est arrivé en Corée du Sud la semaine dernière et devrait être le premier navire de guerre américain à accoster dans le complexe civil et militaire récemment construit en Corée du Sud sur l’île de Jeju. Bien que construit par la Corée du Sud, le complexe fait partie de la restructuration par le Pentagone de la disposition des bases en Asie en préparation de la guerre avec la Chine.

Les exercices militaires conjoints annuels ont toujours provoqué l’opposition de la Corée du Nord, qui a répondu cette année avec une série d’essais de missiles balistiques. L’administration Trump, qui est actuellement engagée dans un examen de la stratégie américaine à l’égard de la Corée du Nord, a exploité les lancements de missiles pour justifier le renforcement militaire des États-Unis en Asie, y compris le déploiement d’un système de défense de missiles anti-balistiques (THAAD) en Corée du Sud, et de faire des menaces envers Pyongyang.

Lors de son voyage en Asie la semaine dernière, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a déclaré en Corée du Sud que « toutes les options » étaient sur la table pour contrer les programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord. Les médias américains ont signalé que les frappes militaires préventives contre la Corée du Nord, ainsi que le « changement de régime », figuraient parmi les options envisagées. Pendant son séjour à Pékin, Tillerson a sans aucun doute utilisé ces menaces pour tenter d’intimider le gouvernement chinois à prendre des mesures plus sévères contre la Corée du Nord, son voisin et son allié.

Des responsables américains et sud-coréens spéculent que la Corée du Nord pourrait être sur le point de faire un sixième essai nucléaire. Deux responsables américains anonymes ont déclaré hier à CNN que des « indicateurs de renseignement spécifiques » s’appuyant sur des images de satellites montrent que Pyongyang serait prêt à effectuer un autre test sur son site d’essais souterrain de Punggye-ri. Des semaines d’importante activité terrestre, impliquant des véhicules, du personnel et du matériel, ont cessé.

Le programme nucléaire nord-coréen, qui a été accompagné de menaces terrifiantes contre les États-Unis et ses alliés, ne fera rien pour défendre le peuple nord-coréen. Au lieu de cela, il sème les divisions dans la classe ouvrière internationale. Un autre essai nucléaire jouerait directement le jeu de l’administration Trump et alimenterait la clameur à Washington pour une action téméraire et provocatrice des États-Unis contre Pyongyang.

La semaine dernière, Tillerson a déclaré que Trump ne poursuivrait pas la politique de « patience stratégique » de l’administration Obama, c’est-à-dire l’imposition de sanctions de plus en plus sévères, accompagnée d’un refus de parler à Pyongyang, à moins de mettre fin à ses programmes nucléaires et de missiles. Le secrétaire d’État américain a également écarté les négociations avec la Corée du Nord, ce qui conduit à la conclusion que Trump et son cabinet de généraux, de milliardaires et de fascistes envisagent des actions qui pourraient mener à la guerre dans la péninsule coréenne.

Le nombre de morts dans la guerre de Corée entre 1950 et 1953 s’est compté en millions. Selon une estimation, le nombre de soldats et de civils tués ou disparus pour la Corée du Sud s’élève à 1,2 million et pour la Corée du Nord à 1,1 million. En outre, la Chine y a perdu 600 000 soldats tués ou disparus et les États-Unis 36 000.

Le Pentagone se prépare maintenant à une guerre, avec des armes beaucoup plus dévastatrices, qui impliquerait probablement d’autres grandes puissances. CNN a déclaré : « En privé, les commandants américains ont dit que toute frappe préventive par les États-Unis aurait probablement comme conséquence une attaque nord-coréenne contre Séoul, ce qui entraînerait des conséquences désastreuses. » C’est pourtant ce à quoi les forces américaines et sud-coréennes sont en train de se préparer, entre autres avec le déploiement de bombardiers B-1B.

(Article paru en anglais le 25 mars 2017)

 

 

 

 

 

 

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