Le PES au Sri Lanka tient une réunion forte pour son 50e anniversaire

Le Parti de l'égalité socialiste (PES) au Sri Lanka a tenu une réunion publique réussie pour marquer son 50e anniversaire à l'auditorium de la Bibliothèque publique de Colombo le 22 juin. Environ 150 membres, sympathisants, travailleurs, jeunes et femmes au foyer ont assisté à l'événement.

La réunion a été diffusée en direct sur Facebook et visionnée en ligne par un auditoire de 500 personnes du monde entier. C'était la première d'une série de réunions et de conférences qui se tiendront dans plusieurs villes sri-lankaises au cours des deux prochains mois.

K. Ratnayake, membre du Comité politique du PES, a présidé la réunion et a souhaité la bienvenue à tous les participants. Il a expliqué que le congrès fondateur du prédécesseur du PES, la Ligue communiste révolutionnaire (RCL), s'est tenu à Colombo les 16 et 17 juin 1968. Le parti a été créé en tant que section sri-lankaise du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI).

L'orateur a rendu hommage au secrétaire général fondateur de la RCL Keerthi Balasuriya, qui a dirigé le parti jusqu'à sa mort prématurée en décembre 1987, à Wilfred Pereira (Spike), qui a joué un rôle prépondérant dans la création du parti et dans son développement initial ainsi qu’à tous ceux qui ont donné leur vie pour construire le parti.

Ratnayake a déclaré que la RCL a été créée pour fournir une direction révolutionnaire à la classe ouvrière au Sri Lanka et dans la région de l'Asie du Sud dans le cadre de la lutte pour la révolution socialiste mondiale.

Il a passé en revue le rôle central joué par le CIQI pour fournir une orientation politique et théorique essentielle à tous ceux qui ont fondé la RCL et passé en revue deux étapes importantes: la scission de 1985-86 d’avec le Workers Revolutionary Party britannique (WRP) et la transformation des sections du CIQI de ligues en partis en 1995-1996.

La scission du CIQI avec le WRP représentait la défaite décisive de l'opportunisme pabliste par les véritables trotskystes. La deuxième étape marque la décision du CIQI de prendre la responsabilité directe de la direction révolutionnaire de la classe ouvrière internationale.

Les salutations de David North, le président du Comité de rédaction international du WSWS, ont ensuite été lues à la réunion par le secrétaire national adjoint du PES, Deepal Jayasekera, et sont publiées ici.

Vilani Peiris, membre du comité politique du PES, a souligné que le cinquantenaire du RCL / PES se tenait en pleine crise aiguë du capitalisme mondial. «Dès ses débuts, a-t-elle dit, la RCL a basé son travail sur de solides fondements internationalistes».

Citant une déclaration du PES publiée par le WSWS le 17 juin, Peiris a déclaré que l'initiative visant à établir la RCL a été prise par un groupe de jeunes voulant se battre pour le trotskysme. Parmi les résolutions votées lors du congrès figuraient une résolution dénonçant la trahison stalinienne de la grève générale française de 1968 et une autre soutenant la lutte des travailleurs vietnamiens et des masses paysannes contre l'impérialisme américain.

Kapila Fernando, organisateur au sein de l’IYSSE (International Youth and Students for Social Equality, Jeunes et étudiants internationalistes pour l’égalité sociale – EJIES), a également évoqué le rôle crucial des jeunes dans la création de la RCL et dans la lutte pour la formation de partis dans la région luttant pour le programme trotskyste de la révolution permanente.

«Le LSSP [Parti Lanka Sama Samaja] et les mouvements nationalistes et petits-bourgeois, tels que le Janatha Vimukthi Peramuna [JVP], qui dominaient politiquement la classe ouvrière, la jeunesse et les masses opprimées lors de la fondation de la RCL, ont tous démontré leur faillite politique.»

«En 50 ans, toutes ces organisations sont devenues des adjoints de l'impérialisme», a-t-il expliqué.

Wije Dias, secrétaire générale du PES et membre du Comité de rédaction international du WSWS, a fait la principale présentation lors de la réunion. Il commença par citer une partie de l'allocution de Trotsky au troisième congrès de la Troisième Internationale en 1921: «La tâche de la classe ouvrière – en Europe et dans le monde – consiste à opposer à la stratégie contre-révolutionnaire bien réfléchie de la bourgeoisie sa propre stratégie révolutionnaire, également pensée jusqu'au bout.»

Le discours de Trotsky, dit Dias, «est la ligne directrice à laquelle nous avons adhéré lorsque nous avons fondé la RCL en 1968 et c'est la fondation en granit sur laquelle n’ont jamais cessé de se baser les fondateurs restants du parti».

«Comme les intervenants précédents l'ont expliqué, l'expérience politique amère que nous avons vécue à cette époque fut la trahison du Parti Lanka Sama Samaja (LSSP) en 1964, qui se présentait comme un soutien au gouvernement capitaliste en perdition de Sirima Bandaranaike.

«Il est généralement admis, a-t-il poursuivi, que le résultat le plus grotesque de cette trahison fut la dissolution du mouvement des 21 revendications de la classe ouvrière qui se formait et contestait le gouvernement sri-lankais. Mais ce n'était que l'effet immédiat de la trahison.»

«Le plus grand désastre fut la perte de confiance parmi les ouvriers et les millions de personnes parmi les masses opprimées au Sri Lanka et dans toute l'Asie du Sud, dans la lutte des trotskystes, qui seuls pouvaient résoudre les problèmes sociaux persistants à la suite de la fausse indépendance octroyée à la bourgeoisie sud-asiatique dans la période d’après-guerre».

«Les formations Shakthi et plus tard Virodaya, à travers lesquelles le groupe qui a fondé la RCL était passé, n'étaient pas les seules organisations politiques centristes et petites-bourgeoises qui ont émergé à la suite de la trahison du LSSP.»

«Environ une douzaine de groupes de jeunes ont surgi à travers l'île et dans d'autres parties du sous-continent indien après la trahison du LSSP. De nombreux groupes radicaux petits-bourgeois sont apparus, dont les plus importants étaient le Janatha Vimukthi Peramuna au Sri Lanka et le mouvement naxalite en Inde», a déclaré Dias.

Dias a expliqué que parce que la bureaucratie stalinienne de Moscou et ses homologues régionaux étaient complètement discrédités, beaucoup de ces nouveaux groupes de jeunes se sont tournés vers les staliniens de Pékin ou de Cuba.

Faisant référence aux origines de la RCL, Dias a expliqué: «Notre orientation était complètement différente. Sans agir de manière impressionniste, nous voulions savoir ce qui était arrivé au LSSP. Nous n'aurions pas pu faire cela, il faut le souligner, sans l’aide du CIQI.

Le conférencier a aussi expliqué le rôle joué par le CIQI et la Socialist Labor League (SLL) britannique. «Après l'intervention de Gerry Healy, secrétaire général de la SLL, lors du congrès du LSSP en juin 1964, nous avons bénéficié des visites des frères Banda, Mike et Tony, en tant que représentants du CIQI.

«Sous leur direction, nous nous sommes tournés vers l'histoire du mouvement trotskyste, en particulier sur les documents de la scission de 1961-1963, où le Socialist Workers Party (SWP) des États-Unis a rompu avec le CIQI pour se réunir avec les révisionnistes pablistes qui étaient les architectes de la trahison du LSSP. Les documents nous ont fourni des joyaux politiques qui ont éclairé notre avancée.»

Dias s'est référé au document de perspective de 1963 du CIQI et à sa réaffirmation des postulats fondamentaux de la théorie de la révolution permanente.

Ce document, a-t-il dit, «contredit les contes réactionnaires du LSSP sur le potentiel progressiste du SLFP bourgeois ainsi que sur les «perspectives socialistes» petites-bourgeoises de tous les groupes radicaux. Ce sont ces fondements théoriques qui ont renforcé notre lutte pour construire la RCL au sein de la classe ouvrière au Sri Lanka et en Inde.

Keerthi Balasuriya, qui dirigea la RCL jusqu'à sa mort prématurée en 1987, exposa avec acharnement les trahisons du LSSP et des staliniens qui devinrent les partenaires du gouvernement de coalition bourgeois de 1970 ainsi que le programme en faillite du JVP et des naxalites en Inde.

«La renommée de la RCL a augmenté rapidement au cours de la première décennie du parti et au milieu de la vague de luttes révolutionnaires de la classe ouvrière dans les pays avancés et des masses dans les pays semi-coloniaux en 1968-75.»

Dias a dit à la réunion qu'il n'était pas possible de passer en revue les 50 ans d'histoire du RCL / PES mais a brièvement expliqué le développement du travail politique du CIQI après la scission des renégats du WRP britannique, en 1985-86.

Il s'est référé à la déclaration du CIQI sur le Sri Lanka en novembre 1987 et à l'analyse subséquente de l'intervention militaire du gouvernement indien au Sri Lanka pour écraser les Tigres de libération de l'Eelam tamoul et stabiliser le gouvernement de Colombo. La perspective développée à cette époque par le CIQI, avec la participation de camarade Keerthi, était un programme clair pour une République socialiste du Sri Lanka et d'Eelam à travers une lutte unifiée de la classe ouvrière du sous-continent indien.

Avec la transformation de la RCL en PES en 1996 et la création du WSWS en 1998, le travail politique, théorique et pratique de chaque section du CIQI, y compris le PES au Sri Lanka, a atteint un nouveau sommet, a indiqué M. Dias.

«Ce sont des préparatifs conscients du parti mondial pour apporter une stratégie socialiste révolutionnaire homogène à la classe ouvrière. Il y a intersection entre ces préparatifs et la chute prolongée de l'ordre économique mondial et la nouvelle vague de luttes de classe qui se développe autour du globe.»

L'orateur a conclu en se référant aux campagnes internationalement coordonnées du CIQI et du WSWS contre la censure sur Internet et pour la libération du rédacteur en chef de WikiLeaks, Julian Assange. «Ce sont de puissants engagements pour les victoires futures du mouvement trotskyste en tant que dirigeant politique de la classe ouvrière mondiale», a déclaré M. Dias.

La réunion s'est terminée par l'adoption à l'unanimité d'une résolution soutenant la campagne de du CIQI contre les attaques de l'administration Trump contre les immigrants.

(Article paru en anglais le 27 juin 2018)

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