Des milliers de manifestants contre la venue de Trump à Paris le 11 novembre

Dimanche, alors que Donald Trump, Emmanuel Macron et des environ 70 chefs d'Etat et de gouvernement se réunissaient à Paris, plusieurs milliers de personnes ont manifesté place de la République leur opposition à Trump et aux guerres impérialistes menées aujourd'hui. Des reporters du WSWS ont interviewé les manifestants, aui ont aussi exprimé leur rejet de l'appel de Macron à honorer la carrière militaire du dictateur fasciste Philippe Pétain.

Simon a critiqué l'hypocrisie des chefs d'Etat, qui célèbrent la paix tout en faisant la guerre dans des pays à travers l'Afrique et le Moyen Orient, et le silence sur la révolution russe et le soulèvement révolutionnaire des travailleurs allemands, qui ont mis fin à la guerre.

Il a dit: «On accueille à quelques kilomètres d’ici les cinq plus gros marchands d’armes du monde, qui viennent se gargariser de la paix en oubliant que la fin de la Première Guerre mondiale c’est quand même la révolution allemande. C’est les ouvriers et les travailleurs allemands qui font leur révolution. Ce n’était pas une victoire militaire. On le leur a bien fait payer après, avec le Traité de Versailles. C’était important pour nous de montrer que ces gens qui font la guerre à travers le monde et qui viennent célébrer la paix, c’est une paix factice.»

Il a souligné qu'il n'était pas venu simplement pour manifester seulement contre Trump: «Trump il continue la politique de ses prédécesseurs, il y va avec un peu plus de poigne et il va un peu plus vite que les précédents, mais il mène la continuité de la politique de Bush et même d’Obama.»

Simon a ajouté qu'il est «immonde» pour Macron de chercher à légitimer Pétain, le dirigeant de la collaboration nazie en France. Il a remarqué que Macron reprenait la stratégie du président de droite Nicolas Sarkozy, qui avait aussi cherché à s'attirer les voix et le soutien des néofascistes afin d'imposer la guerre et l'austérité.

En applaudissant Pétain, a dit Simon, «Macron est allé à l’encontre même de ce que les anciens combattants ont préconisé et 1919 et en 1920. Ils ont sacralisé les commémorations du 11 novembre en demandant qu’il n’y ait aucune glorification du militarisme, des chefs de guerre. ... Macron est dans la ligne droite de l’identité nationale, de la recréation de l’identité nationale, de Sarkozy. Il est en train de se servir de ces commémorations du centenaire pour essayer de recréer l’identité nationale.»

Le WSWS a également interviewé un jeune membre du Parti communiste français (PCF), le parti qui a expulsé les soutiens de Léon Trotsky en 1924, peu après la mort de Lénine, pour se tourner vers une politique stalinienne toujours plus nationaliste et contre-révolutionnaire. Le PCF a appuyé la restauration du capitalisme en Union soviétique en 1991, confirmant les avertissements de Trotsky sur le rôle du stalinisme.

Il a expliqué, «Je suis venu manifester contre la venue de Trump, Erdogan, Poutine et Netanyahou, en gros les criminels de guerre qui font la guerre dans de nombreux pays à travers le monde. Et aussi contre la politique actuelle menée par Macron, qui est une politique de collaboration vis-à-vis ces puissances-là. C’est la même politique que mène l’État français depuis de nombreuses années. … Il est important que nous soyons pour montrer notre désaccord avec ce qui se passe.»

Il a ajouté son opposition à la tentative par Macron de réhabiliter Pétain sous couvert d'applaudir son rôle pendant la Première Guerre mondiale: «Il n’y a pas un Pétain de la Première Guerre mondiale et un Pétain de la Seconde Guerre mondiale, enfin le personnage est le même. ... Ça reste un représentant de la bourgeoisie. Le fait que Macron l’applaudisse, ça montre bien qu’il a une connivence avec un passé fasciste et le fait qu’il accueille Trump indique que la démocratie, il n’en a pas grand chose à faire.»

Interrogé sur le lien entre la répudiation par Macron du procès de Pétain en 1945 et sa répudiation des acquis sociaux de la lutte contre l'Occupation nazie, avec la casse du statut des cheminots et la casse annoncée des retraites et de la Sécu, il a répondu: «Au final, c’est logique et on s’y attendait un peu. C’est la continuité de la politique qui est menée en France depuis maintenant 40 ans. Il a conscience que les premiers qui lutteront, c’est les travailleurs et il s’attaque en priorité aux travailleurs.»

Il a confirmé au WSWS qu'il évoquait ainsi la politique d'austérité menée par le Parti socialiste après «le tournant de la rigueur» opéré par le président PS François Mitterrand en 1982-3 avec le soutien du PCF, sans essayer de défendre les politiques menées par son parti.

Il a dit, «Le Parti socialiste a fait le choix de la rigueur, avec le PCF. Après le PCF est parti du gouvernement un an après, on ne va pas réécrire l’Histoire. A une époque il y a eu le rôle du PCF en tant que parti de la classe ouvrière, qui est indéniable. Ce n’est plus ça aujourd’hui. ... Il y a eu des renoncements qui ont été faits. Après, on peut choisir à quel moment est-ce que le PCF a trahi voir renoncé.»

Le WSWS a également interviewé Guilherme, un Brésilien qui travaille à Paris et qui est revenu sur l'élection récente de Jair Bolsonaro, un défenseur fascisant de la dictature militaire brésilienne de 1964-1985. Il a déclaré: «Je ressens beaucoup de tristesse pour tout ce qui s’est passé, de le voir élu président de mon pays, ça me choque, avec toutes les déclarations qu’il a faites avant.»

Il a souligné le rôle désastreux du Parti des travailleurs (PT) de Lula da Silva et la colère contre la corruption de la classe dirigeante sur fond d'une profonde récession économique au Brésil: «Les gens voyaient que la gauche est complètement corrompue, ce qui n’était pas strictement vrai, car c’était un problème qui touchait tous les partis.» Mais le PT, a-t-il dit, a «quand même fait beaucoup de fautes. … La politique économique n’a pas été parfaite et beaucoup de gens étaient mécontents.»

Guilherme a ajouté: «Il y a eu le scandale de corruption en 2014, donc il y avait la population qui était mécontente. Il y a eu une polarisation vis-à-vis du parti au pouvoir, le Parti des travailleurs. ... Une fois que Lula était vraiment retiré de la campagne, ce qui était vraiment bizarre, il y a eu un vide et Bolsonaro a été mis en place par un groupe qui voulait être au pouvoir. Il y a eu une campagne pour le faire passer pour un sauveur.»

Toutefois, Guilherme a dit qu'il ne pensait pas que Bolsonaro dispose d'un soutien profond au Brésil, et qu'il finirait pas rencontrer une profonde opposition des travailleurs: «Les Brésiliens en ont marre d’un système qui n’a pas marché. ... A mon avis, on a pu voir Bolsonaro comme une sortie du système classique, une façon de changer les choses. Mais je ne pense pas que ce soit quelque chose à long terme. Il y aura des conséquences assez graves, la majorité n’a pas eu conscience de ce qu’ils ont fait.»

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