Fiat Chrysler Canada éliminera le troisième quart de travail à l’usine d’assemblage de Windsor

Les travailleurs de l'automobile sont sous le choc et en colère suite à l'annonce faite jeudi après-midi par Fiat Chrysler (FCA) qu'elle mettra fin à son troisième quart de travail à son usine d'assemblage de Windsor au Canada. Les compressions, qui prendront effet le 30 septembre, entraîneront la suppression d'environ 1500 emplois. Les mises à pied sont permanentes.

L'usine de Windsor, qui construit la fourgonnette Chrysler Pacifica et la Dodge Caravan, fonctionne avec trois quarts de travail depuis 1993. L'usine est le plus gros employeur à Windsor, qui a été dévastée par l’arrêt de la production automobile dans cette ville, autrefois appelée la capitale canadienne de l'automobile.

L'usine de Windsor, qui a été rééquipée en 2015 afin de construire la Pacifica, emploie environ 6000 travailleurs. L'usine peut construire jusqu'à 1500 véhicules par jour.

Ces suppressions d'emplois sont le dernier choc causé par une vague mondiale de réduction des effectifs dans l'industrie automobile. La semaine dernière, Ford a annoncé la fermeture de ses trois usines en Russie, ce qui a entraîné l’élimination de quelque 3700 emplois. Cela fait suite à l'annonce de 5000 mises à pied chez Ford en Allemagne et à l'annonce par Goodyear-Dunlop de la suppression de 1100 emplois en Allemagne.

L'usine de General Motors d'Oshawa, en Ontario, fermera ses portes plus tard cette année dans le cadre des plans de GM visant à fermer cinq installations nord-américaines et à supprimer 15.000 emplois. FCA a annoncé en février qu'elle mettra à pied 1300 travailleurs à son usine d'assemblage de Belvidere, en Illinois, ce printemps.

Le 1er avril, Ford a mis à pied 1000 travailleurs à son usine d'assemblage de Flat Rock, au sud de Detroit.

Les responsables d'Unifor prétendent avoir été pris de court par l'annonce de ces mises à pied par Chrysler. Lors d'une conférence de presse jeudi, le président de la section locale 444 d'Unifor à Windsor, Dave Cassidy, a minimisé les mises à pied, qualifiant les coupures de «décision strictement commerciale fondée sur la Pacifica.» Il a rejeté toute comparaison avec la fermeture imminente de l'usine de GM d'Oshawa.

Pendant ce temps, le premier ministre progressiste-conservateur de droite de l'Ontario, Doug Ford, a publié un communiqué démagogique affirmant que son administration «soutenait» les travailleurs de Fiat Chrysler. Il s'est ensuite vanté du fait que son administration se consacrait à l'augmentation des bénéfices des entreprises. «Notre gouvernement réduit les impôts, les tarifs d'électricité et la paperasserie. Il n'y a jamais eu de meilleur moment pour les constructeurs automobiles d'investir dans la province de l'Ontario», a déclaré M. Ford.

Le Nouveau Parti démocratique a également émis des déclarations creuses de solidarité avec les travailleurs de l'automobile de Windsor, tandis que le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique du premier ministre canadien Trudeau, Navdeep Bains, a exprimé sa «déception» à l'égard de la direction de FCA.

Unifor se préoccupe avant tout de bloquer une mobilisation indépendante des travailleurs contre les suppressions d'emplois dévastatrices. Les dirigeants d'Unifor sont intervenus rapidement en janvier pour empêcher les travailleurs d'Oshawa de manifester contre la fermeture imminente de l'usine.

Au lieu d'une lutte unie à travers les frontières nationales pour défendre les emplois, Unifor a promu un boycottage anti-mexicain visant à dresser les travailleurs américains et canadiens contre leurs frères au sud, qui ont organisé une grève historique dans les maquiladoras à Matamoros, au Mexique, plus tôt cette année.

Le 19 mars, le président d'Unifor, Jerry Dias, a suspendu la campagne publicitaire du syndicat contre la fermeture de l'usine d'Oshawa après que GM eut accepté de poursuivre les pourparlers à ce sujet. Après ses fanfaronnades initiales, Dias a maintenant accepté, comme on pouvait s'y attendre, la fermeture de l'usine d'Oshawa, cherchant tout au plus à y maintenir un effectif minimal et à racheter davantage de départs à la retraite anticipée.

Un travailleur à l'usine d’assemblage de Windsor, qui a souhaité garder l'anonymat par crainte de représailles, a parlé au WSWS Autoworker Newsletter de l'annonce des mises à pied.

«Ils [Unifor] le savaient. Ils devaient le savoir. Les signes avant-coureurs étaient visibles. Les commandes sont très faibles. Nous avons une mise à pied de deux semaines à compter de la semaine prochaine.

Il s'est passé trop de choses dans l'usine. Je trouve ironique que les négociations avec FCA aux États-Unis approchent. Je vois qu'on leur demande d'accepter des coupures. Unifor pourrait essayer de sauver le troisième quart à nos dépens.»

Le travailleur a déclaré qu'environ 2500 travailleurs de l'usine ne seraient pas admissibles aux prestations supplémentaires de chômage (PSC) qui remplacent une partie du salaire perdu en cas de mise à pied.

«S'ils ne nous épuisaient pas avec les heures supplémentaires, tout irait bien. On faisait des heures supplémentaires jusqu'à l'été dernier, puis ça s'est arrêté brusquement.»

Il y a des centaines de travailleurs temporaires à temps partiel (TPT) à l'usine d’assemblage de Windsor. Ils gagnent environ 15 $ de moins l'heure que les travailleurs avec plus d’ancienneté, n'ont aucun droit de rappel et ne sont pas admissibles au PSC. En vertu du contrat entre FCA et Unifor, les travailleurs TPT ne sont censés travailler que le vendredi, le samedi et le lundi. Cependant, Unifor a permis à la direction d'utiliser les travailleurs TPT six jours par semaine.

L'usine de Windsor a déjà été fermée temporairement deux fois cette année pour «aligner la production sur la demande». L'usine de Brampton de FCA fait également face à une fermeture temporaire.

Interrogé au sujet de la déclaration du premier ministre Ford prétendant qu’il s'oppose aux mises à pied, le travailleur de l’usine d’assemblage de Windsor a répondu: «Progressistes-conservateurs, NPD, libéraux, ils sont tous pareils.»

Les ventes de la Pacifica, qui a un prix de détail d’environ 60.000 $, sont à la traîne, les consommateurs optant pour des véhicules moins chers. Un rapport de février a montré que les ventes de la Pacifica étaient en baisse de 60 %.

Fiat Chrysler a enregistré des bénéfices de 4,1 milliards de dollars en 2018, en hausse de 3%, grâce aux ventes records de ses véhicules Jeep et Ram à travers le monde. Les ventes ont augmenté de plus de 15 % au quatrième trimestre de 2018.

En procédant à un nombre grandissant de licenciements, Fiat Chrysler répond à l'appel des riches investisseurs, qui exigent qu'un plus grand taux de profit soit extrait de la sueur et du labeur des travailleurs.

Unifor utilisera la menace des licenciements imminents pour intimider les travailleurs de Chrysler et les obliger à accepter d'autres concessions. Tout comme il tente de séparer la lutte des travailleurs de l'automobile d'Oshawa et de Windsor, Unifor cherche à attiser la colère contre les travailleurs aux États-Unis et au Mexique afin de diviser et d'affaiblir la lutte des travailleurs de l'automobile.

L'expérience des 40 dernières années a démontré que le programme de concessions promu sans cesse par les syndicats n'a jamais sauvé un seul emploi. Et aucune confiance ne peut être accordée aux politiciens de la grande entreprise qui disent appuyer les travailleurs.

Seule la mobilisation politique et industrielle indépendante de la classe ouvrière peut défendre les emplois. Les travailleurs doivent promouvoir un programme basé sur la défense des besoins des travailleurs, non sur les profits des entreprises, y compris l'abolition des échelons, l'embauche de tous les travailleurs TPT à temps plein et le rappel des travailleurs mis à pied.

Le comité directeur de la Coalition des comités de la base et le WSWS Autoworker Newsletter ont organisé une manifestation contre les fermetures d'usines le 9 février au siège social de GM à Detroit. La manifestation a appelé à la création de comités d'usine indépendants de l’UAW et d'Unifor et à l'unité des travailleurs américains, canadiens et mexicains dans une lutte commune pour la défense des emplois.

Nous exhortons les travailleurs de l'usine d’assemblage de Windsor à communiquer avec le WSWS Autoworker Newsletter pour discuter de la poursuite d'une telle lutte.

(Article paru en anglais le 30 mars 2019)

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