Les États-Unis préparent de nouvelles accusations contre Julian Assange

Mercredi, CNN a rapporté que les procureurs fédéraux américains ont confirmé qu’il y a une «enquête pénale en cours» sur Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, 47 ans. Les procureurs ont également indiqué que des «affiliés» d’Assange font l’objet d’une enquête, selon un autre document récemment rendu public. Selon le rapport de CNN, au moins un document relatif à cette enquête n’a pas été rendu public en raison d’une «activité en cours».

Cette révélation, a rapporté CNN, «confirme ce que CNN et d’autres médias ont rapporté ces derniers jours indiquant que WikiLeaks est lié à au moins une enquête qui pourrait mener à d’autres accusations pénales.»

Le rapport confirme les mises en garde des WSWS et d’autres selon lesquelles les accusations de piratage informatique portées contre Assange ne sont qu’un prétexte pour son extradition vers les États-Unis. Une foi aux États-Unis, des accusations supplémentaires seraient portées contre lui.

Le 11 avril, l’ambassade de l’Équateur à Londres a expulsé Assange et des responsables britanniques l’ont arrêté pour conspiration en vue de contourner un mot de passe. Cette accusation remonte à la publication des journaux de guerre de l’Irak et de l’Afghanistan par WikiLeaks en 2011. Chelsea Manning a remis à WikiLeaks pour publication plus d’un demi-million de documents révélant les crimes de guerre et la corruption américains.

L’expulsion et l’arrestation d’Assange se sont accompagnées d’une campagne sans retenue de diffamation médiatique qui vise à faire d'Assange une non-personne, ne méritant pas les droits démocratiques.

Mais depuis qu’Assange a été emprisonné dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, les commentaires publics des principaux démocrates et des responsables des médias américains indiquent que cette accusation n’était pas le but premier de l’enquête américaine.

Charles Schumer, dirigeant de la minorité démocrate au Sénat, a twitté: «Maintenant qu’on a arrêté Julian Assange, j’espère qu’il sera bientôt tenu pour responsable de son ingérence dans nos élections au nom de Poutine et du gouvernement russe». Le président Démocrate de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Eliot Engel, a tweeté qu’Assange «compromettait à maintes reprises la sécurité nationale des États-Unis et de nos alliés en publiant des documents gouvernementaux classifiés et confidentiels relatifs à notre élection présidentielle de 2016.»

Les gouvernements américain, britannique et équatorien ont prétendu que l’extradition d’Assange serait justifiée parce que les États-Unis ne l’accusent que d’un seul fait: tenter d’aider Chelsea Manning à contourner un mot de passe. Mais il s’est avéré que ce n’était que le prétexte. Schumer et Engel ont énoncé la vraie raison pour laquelle les États-Unis veulent la garde du lançeur d’alerte.

Le 16 avril, le WSWS a écrit que ces déclarations démontrent que la procédure d’extradition est menée sous des prétextes: «La seule charge publique est une couverture. Le gouvernement prévoit d’interroger Assange, de l’obliger à témoigner et de le poursuivre en justice pour avoir dénoncé des crimes de guerre américains.» («Arrêtez le transfert extrajudiciaire de Julian Assange!»)

En décembre 2017, les procureurs américains ont dit à un juge fédéral qu'ils voulaient garder le secret sur les accusations qui pourraient viser Assange. Sinon, en apprenant leur existence, il aurait pu fuir l'ambassade de l'Équateur. Selon CNN, les documents récemment non scellés indiquent qu'un grand jury en Virginie a inculpé Assange en 2018. Les procureurs ont de nouveau exigé que les charges soient gardées secrètes pour la même raison. Ils ont ajouté que leurs inquiétudes concernaient la falsification de preuves et l'intimidation des témoins.

Cassandra Fairbanks, du site Internet de droite «Gateway Pundit», a rencontré Assange plus d’une fois pendant sa détention dans les bureaux de l’ambassade de Londres. Elle a confirmé que ses visites avec Assange ont fait l’objet d’une enquête récente.

Elle a déclaré au World Socialist Web Site: «Lundi, on m’a informé qu’il y a un grand jury secret contre Julian. On a interrogé deux témoins sur ma rencontre avec lui, bien qu’ils ne m’aient pas assignée ou interrogée directement.»

«Les témoins m'ont dit qu'on leur avait questionné, séparément, s'ils connaissaient des Américains qui avaient rencontré Assange. Quand ils n'ont pas vraiment répondu à la question, on leur a posé des questions spécifiques sur moi et aussi une liste des autres personnes qui ont visité Assange».

Depuis l’arrestation d’Assange, le lançeur d’alerte John Kiriakou, ancien de la CIA, qui a été poursuivi par l’Administration Obama en 2012 pour avoir dénoncé la torture des détenus, s’est adressé aux médias sociaux pour souligner qu’Assange n’a aucune chance d’avoir un procès équitable aux États-Unis. «Un procès équitable dans le District Est de Virginie (EDVA), sous la conduite de la juge Leonie Brinkema, est totalement impossible. Ils n’appellent pas EDVA la "Cour de l’espionnage" pour rien», a-t-il écrit.

(Article paru d’abord en anglais le 19 avril 2019)

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