L'Iran s'empare d'un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz alors que le danger d’une guerre au Moyen-Orient monte

Le danger d'un conflit militaire catastrophique au Moyen-Orient impliquant les principales puissances s'est accru vendredi, lorsque l'Iran a saisi un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz. Cela se passait un jour après que le président américain Trump avait affirmé qu'un navire de guerre américain avait abattu un drone iranien et avait incité l'armée de l'air américaine à annoncer qu'elle envoyait une escorte aérienne armée dans le détroit pour accompagner un navire marchand américain.

Les Gardiens de la révolution iraniens ont rapporté vendredi avoir saisi le Stena Impero pour violation des règles et règlements maritimes internationaux. Le navire appartenant à la Suède, battant pavillon britannique, a éteint son transpondeur et n'a pas répondu aux avertissements iraniens lors de son passage dans le détroit d'Ormuz, selon les médias iraniens. Le propriétaire du navire a allégué que le Stena Impero était entouré de petits bateaux et d'un hélicoptère alors qu'il naviguait dans les eaux internationales.

Le gouvernement britannique a d'abord affirmé qu'un deuxième navire, le Mesdar, exploité par la société britannique Norbulk Shipping, avait également été arraisonné. Toutefois, les médias iraniens ont confirmé qu'il a été autorisé à poursuivre son passage après avoir été avertis de violations de la «sécurité».

La rétention du navire britannique intervient après que de hauts responsables iraniens, dont le guide suprême Ayatollah Khamenei et le président Hassan Rouhani, se soient engagés à exercer des représailles contre l'arraisonnement par la Grande-Bretagne, plus tôt ce mois-ci, du pétrolier géant iranien Grace 1 dans le territoire d'outre-mer de Gibraltar. Vendredi, la Cour suprême de Gibraltar a annoncé qu'elle prolongeait la détention de Grace 1 jusqu'au 31 août, sur la base d'allégations britanniques non démontrées selon lesquelles il transportait du pétrole à destination de la Syrie en violation des sanctions imposées par l'Union européenne (UE).

La prolongation de l'arraisonnement du navire ne s'est terminée qu'après la rencontre entre le ministre principal de Gibraltar, Fabian Picardo, avec la Première ministre britannique Theresa May et le ministre des affaires étrangères Jeremy Hunt à Londres, soulignant le fait que la source de la décision ne soit pas Gibraltar, mais le gouvernement britannique.

La responsabilité principale du danger de guerre croissant dans le golfe Persique incombe clairement à l'impérialisme américain, qui a intensifié sans relâche ses provocations contre l'Iran. En mai 2018, Trump s'est retiré unilatéralement de l'accord nucléaire de 2015, puis a de nouveau imposé des sanctions économiques dévastatrices et lancé un renforcement militaire dans la région. Cela inclut le déploiement d’un porte-avions et la préparation pour l’envoi de 120 000 soldats au Moyen-Orient en cas de guerre. Mercredi, le Pentagone a annoncé le déploiement de 500 soldats sur une base aérienne saoudienne, où les États-Unis envisagent d'établir une batterie de missiles Patriot.

Washington a pour but de contraindre le régime iranien à accepter sa totale subordination aux intérêts économiques et géopolitiques prédateurs de l'impérialisme américain dans la région riche en énergie et stratégiquement vitale. En même temps, la classe dirigeante américaine est résolue à consolider sa domination régionale et mondiale vis-à-vis de ses rivaux géostratégiques, en particulier de la Russie et de la Chine.

Le mois dernier, la région était au bord de la guerre alors que Trump était à 10 minutes du lancement de frappes aériennes dévastatrices sur les installations de radar et de défense antiaériennes iraniennes, en représailles de la destruction par l'Iran d'un drone espion américain entré dans l'espace aérien iranien. Selon des sources proches de Trump qui ont parlé anonymement à CNN vendredi, le président a durci sa position à l'égard de Téhéran depuis l'attaque annulée et parle maintenant moins de parvenir à un règlement négocié. Les sources ont ajouté que Trump avait déclaré à ses collaborateurs que si le conflit s'intensifiait, il adopterait des «mesures appropriées».

Tant Trump que Hunt ont exploité la saisie de Stena Impero pour lancer de nouvelles menaces contre l'Iran. S'exprimant à la Maison Blanche, Trump a dénoncé Téhéran comme «un trublion», tandis que Hunt a fait remarquer que la perturbation de la navigation dans le détroit d'Ormuz était «inacceptable» et a averti que l'Iran subirait des «conséquences graves» s'il ne libérait pas le navire.

Le département d’État a organisé vendredi une réunion de 100 diplomates sur l'établissement d'une coalition pour garantir la «liberté de navigation» des navires dans la région. Brian Hook, représentant spécial de Trump sur l'Iran, a appelé le rassemblement à établir une «coalition de marines» pour garantir «la sécurité maritime».

Le gouvernement britannique a convoqué une réunion de son conseil de sécurité d'urgence Cobra. Des sections de l'armée et des grandes entreprises ont ouvertement approuvé le renforcement de l'armée contre l'Iran, préconisant une action militaire. Lord West, ancien commandant général du Royal Navy et ancien ministre du gouvernement travailliste, a déclaré: «Ce sont eux qui ont fait monter la situation d’un cran en attaquant l'un de nos navires marchands. Par conséquent, s'ils attaquent l'un de nos navires marchands, ils auront ce qu’ils ont cherché.»

Bob Sanguinetti, directeur général de la Chambre de la marine marchande britannique, a déclaré: «Cet incident représente une escalade. Alors que nous appelons à une réponse mesurée, il est également clair qu'une protection supplémentaire des navires marchands doit être mise en place pour renforcer la sécurité et garantir la libre circulation des échanges dans la région.»

Le caractère extrêmement instable de tous les régimes intéressés accentue le danger d'une conflagration militaire sanglante. Les derniers incidents dans le détroit d’Ormuz se produisent à la fin d’une semaine au cours de laquelle Trump a dénoncé ses opposants en termes fascistes, mettant en garde contre les socialistes subversifs et attaquant les détracteurs de sa politique comme étant déloyaux aux États-Unis. Cette agressivité reflète la crise profonde du gouvernement Trump, dont les politiques sont farouchement critiquées par la grande majorité des travailleurs.

L'élite dirigeante britannique n'en est pas moins méprisée par les travailleurs. Elle fait face à sa plus grande crise stratégique en temps de paix avec le Brexit imminent et préside un pays déchiré par des niveaux sans précédent d'inégalités sociales après une décennie d'austérité brutale.

En outre, un conflit au Moyen-Orient déstabiliserait davantage le système capitaliste mondial, ébranlé par les crises de plus en plus profondes de ces dernières années, avec la montée des conflits commerciaux et des rivalités entre les impérialistes. Les incidents survenus vendredi dans le détroit d'Ormuz, à travers lequel passe un bon cinquième des exportations mondiales de pétrole, ont été suffisants pour faire monter les prix du pétrole de plus de 0,50 dollar à 62,47 dollars le baril.

L'arraisonnement par l'Iran de navires de la marine marchande, bien que montée en représailles des provocations incessantes lancées par Washington et Londres, reflète également le désespoir du régime clérical bourgeois à Téhéran. Un reportage de l'Associated Press de cette semaine a révélé que les prix des denrées alimentaires à Téhéran ont augmenté de 50 à 100 pour cent au cours des derniers mois. Les prix du bœuf ont triplé et la farine a doublé entre septembre 2018 et mai 2019.

L'impact économique dévastateur des sanctions américaines, qui ont déjà entraîné l'effondrement des exportations de pétrole iranien, qui sont passées de 2,5 millions à seulement 500 000 barils par jour, a laissé le gouvernement pratiquement incapable de lutter contre cette inflation galopante. Cela alimente à son tour l'opposition sociale des travailleurs iraniens et des pauvres au régime de Rouhani.

Désireux de trouver un accord avec l'impérialisme pour obtenir la levée des sanctions économiques et permettre à l'Iran d'exporter du pétrole et d'importer des denrées alimentaires et autres produits indispensables du marché mondial, le régime iranien riposte avec imprudence. Tandis qu'il arraisonne des pétroliers, il propose en même temps d'engager des pourparlers.

Jeudi, le ministre des affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, a offert une concession importante à Washington. Lors d'un voyage à New York pour une réunion des Nations Unies, il a suggéré que Téhéran accepterait une intensification drastique des inspections internationales permanentes de ses installations nucléaires en échange d'un assouplissement des sanctions américaines. Auparavant, Zarif et d'autres hauts responsables avaient insisté sur le fait que le programme nucléaire iranien ne serait pas discuté tant que les sanctions imposées par Trump n'auraient pas été levées.

Comme on pouvait s'y attendre, Trump et d'autres responsables américains ont rejeté d’emblée l'offre de Zarif, avant de préciser que la pression sur l'Iran augmenterait. Le département du Trésor américain a annoncé jeudi la mise sur une liste noire d'un certain nombre de sociétés qui auraient aidé l'Iran à se procurer des matériaux pour son programme nucléaire.

À la suite de l'arraisonnement du Stena Impero, le lieutenant-colonel Earl Brown, porte-parole du commandement central des États-Unis, a confirmé que les patrouilles aériennes dans le détroit d'Ormuz s'intensifiaient. Brown a ajouté que la marine américaine était en contact avec des navires américains naviguant dans la région pour assurer leur sécurité.

Dans le dos de la classe ouvrière, les élites dirigeantes impérialistes sont à un stade avancé de préparation pour lancer un conflit militaire catastrophique avec l'Iran, menaçant la vie d'innombrables millions de personnes dans la région et au-delà. Sous le prétexte de défendre la «sécurité maritime», une armada de navires de guerre, d'aéronefs et de troupes des États-Unis et de leurs alliés européens doit être placée en alerte maximale dans une région déjà en proie à des conflits de grande puissance.

La tâche urgente qui se pose maintenant est la construction d'un mouvement mondial anti-guerre dirigé par la classe ouvrière pour s'opposer à la conspiration de guerre de la classe dirigeante et au système de profit capitaliste qui en est la source. Seule une perspective socialiste internationale peut unifier les travailleurs des États-Unis et de l'Europe avec leurs homologues iraniens et du Moyen-Orient dans une lutte mondiale commune contre la guerre impérialiste.

(Article paru en anglais le 20 juillet 2019)

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