Une réunion du PES à Montréal exige la libération de Assange et Manning

Le Parti de l'égalité socialiste (PES) du Canada et le World Socialist Web Site ont tenu dimanche une conférence publique à Montréal dans le cadre d’une campagne mondiale pour exiger la libération des lanceurs d'alerte Julian Assange et Chelsea Manning. Ils sont persécutés par la classe dirigeante pour avoir révélé les crimes de guerre que les États-Unis et leurs alliés, dont le Canada, ont commis en Irak, en Afghanistan et ailleurs.

Assange est menacé d'extradition aux États-Unis pour y subir un procès bidon pour espionnage et une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 170 ans de prison. Il est actuellement détenu dans une prison de haute sécurité à Londres, où plusieurs médecins ont averti qu’il est en train de «mourir lentement» suite aux tortures subies. Quant à Manning, elle est emprisonnée en Virginie pour avoir refusé de témoigner contre Assange.

Une partie de l’auditoire écoutant attentivement les conférenciers du PES

Le discours principal à la réunion de Montréal a été donné par Keith Jones, secrétaire national du PES. Jones a commencé par établir l'objectif de la réunion. «Une première étape clé de cette campagne», a-t-il dit, «consiste à briser le mur de silence que l'establishment politique et les médias canadiens ont érigé autour de la persécution de Julian Assange, le fondateur et éditeur de Wikileaks, et de Chelsea Manning». Jones est revenu sur ce thème plus loin: «Cela est vrai non seulement pour les libéraux, les conservateurs et le Parti québécois, mais aussi pour les partis soi-disant progressistes, le NPD, les Verts et Québec Solidaire».

Jones a expliqué pourquoi la classe dirigeante canadienne et ses médias sont hostiles à Assange et Manning. «Parce que l'impérialisme canadien est le plus proche allié de Washington et, plus fondamentalement encore, parce que la bourgeoisie canadienne n'a pas d'autre solution à la crise croissante du capitalisme mondial que l'agression à l'étranger et la guerre de classe au pays, Ottawa soutient la persécution d'Assange et de Manning et s'apprête à contrôler les échanges sur Internet.»

Jones a poursuivi en disant: «Assange et Manning ne sont pas seulement les victimes d'une vendetta légale menée par certains des gouvernements les plus puissants du monde – une vendetta destinée à intimider et à faire taire tous ceux qui chercheraient à démasquer les crimes de l'impérialisme américain et de ses alliés. En persécutant Assange, les gouvernements américain et britannique attaquent et cherchent à éliminer les droits démocratiques fondamentaux, y compris le droit à la liberté d'expression, à l'asile politique et à une procédure équitable».

Jones a appelé les partisans d'Assange et Manning présents à se tourner vers la classe ouvrière canadienne et internationale. Après avoir été étouffée pendant des décennies par les syndicats et les partis sociaux-démocrates comme le NPD, la classe ouvrière est de nouveau en train de relever la tête en tant que puissante force sociale.

La réunion de Montréal a reçu la contribution d'Oscar Grenfell sous forme de message audio. Grenfell est un reporter australien pour le World Socialist Web Site qui a joué un rôle de premier plan dans la lutte pour libérer Assange. Il a dit:

«Il n'est pas exagéré de dire qu'en dehors de notre parti international, il n'y a pas d'autre tendance politique dans le monde qui mène une lutte pour défendre Assange, sans doute le prisonnier politique le plus important du monde.

«On peut se demander pourquoi nous avons tant insisté sur la nécessité de bloquer l'extradition d'Assange et souligné l'importance de cette lutte pour l'ensemble de la classe ouvrière.

«Premièrement, notre défense d'Assange fait partie de notre lutte contre l'impérialisme et la menace d'une guerre mondiale. Les élites dirigeantes cherchent à le réduire au silence et à faire taire WikiLeaks pour éviter de dévoiler les nouvelles guerres qu'elles préparent, notamment contre l'Iran, la Corée du Nord, la Russie et la Chine. Comme dans les guerres mondiales du siècle dernier, un conflit militaire, auquel s'oppose la plus grande partie de la population, est synonyme de répression.

«Deuxièmement, notre combat pour la liberté d'Assange est un élément clé de la campagne que nous menons contre la censure d'Internet. Depuis 2017, Google, Facebook et d'autres conglomérats Internet ont adopté des mesures pour limiter artificiellement l'audience des sites web progressistes, socialistes et anti-guerre, dont WikiLeaks et le WSWS. Cela fait partie du virage des gouvernements capitalistes du monde entier vers l'autoritarisme, en réponse à une montée de la classe ouvrière et des premières étapes de l'organisation des travailleurs indépendamment des syndicats corporatistes.

«Troisièmement, notre défense d'Assange est à la base de notre lutte pour défendre tous les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière et pour le socialisme. Trotsky et d'autres marxistes de premier plan ont souligné le rôle central de la lutte pour les droits démocratiques dans le cadre de la lutte pour le socialisme. Dans une période d'effondrement du capitalisme, lorsque les élites dirigeantes se précipitent vers la dictature et que les inégalités sociales deviennent incompatibles avec les attributs de l'ancienne démocratie, il incombe à la classe ouvrière et à ses dirigeants de défendre toutes les libertés civiles restantes».

Les présentations ont été suivies d’une période de discussion. Une question a porté sur l’appel du PES à se tourner vers la classe ouvrière internationale pour obtenir la libération d’Assange et Manning. Mais pourquoi la classe ouvrière n’est-elle pas encore intervenue ? a demandé un membre de l’auditoire.

Les conférenciers ont expliqué que les travailleurs étaient motivés par un vif sentiment anti-guerre et un rejet des inégalités sociales, mais que leur opposition était systématiquement torpillée par les appareils bureaucratiques pro-capitalistes. La grève étudiante massive de 2012 au Québec en était un parfait exemple. Au moment même où les travailleurs commençaient à rejoindre les étudiants, ouvrant la possibilité d’une vaste contre-offensive contre tout le programme d’austérité capitaliste, les syndicats ont mis les bouchées doubles pour étouffer le mouvement en le canalisant derrière le Parti québécois pro-austérité. «Il faut identifier les différentes tendances politiques qui sont à l’œuvre dans un mouvement», a expliqué Jones.

D’autres questions ont porté sur la signification du mouvement des «Gilets jaunes» en France, et sur la conception qu’il faut s'opposer à tout le système capitaliste si l'on veut mener une lutte contre la guerre et les inégalités sociales. Les conférenciers ont mis l'accent sur la source objective de la réémergence des luttes de la classe ouvrière – la crise avancée du système capitaliste – et sur la nécessité d’armer ces luttes d’une perspective politique basée sur les leçons de l'histoire.

Le Parti de l'égalité socialiste appelle tous les partisans d'Assange et de Manning au Canada à nous contacter afin de participer à la lutte pour leur libération.

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