La montée de Sanders dans les sondages déclenche de nouvelles provocations des médias et de l’establishment démocrate

Les sondages indiquent que le sénateur du Vermont Bernie Sanders augmente son avance dans la course à l’investiture démocrate pour la présidence. Un sondage national auprès des électeurs démocrates, publié mardi par National Public Radio, PBS NewsHour et l’Université Marist, montre que le soutien pour Sanders a grimpé à 31 pour cent, soit une hausse de neuf points depuis le dernier sondage, en décembre. Son avance sur son plus proche rival dépasse les 10 points.

D’autres sondages le montrent gagnant les caucus du Nevada ce samedi avec 35 pour cent des voix. Le sondage NPR/Marist montre en outre que Sanders bénéficie d’un large soutien dans de nombreuses catégories démographiques. Il est en tête des moins de 45 ans, des électeurs des villes et des personnes sans diplôme universitaire. Il est également en tête des femmes, des diplômés universitaires et des habitants des banlieues et des zones rurales. Il arrive en deuxième position, dans la marge d’erreur, derrière l’ancien vice-président Joe Biden, parmi les électeurs noirs.

Ces derniers jours, Sanders a organisé des rassemblements attirant des milliers de partisans, dont une participation de 17.000 à Tacoma; 6.000 à Richmond, Californie ; 11.000 à Denver, Colorado et plus de 5.000 à Mesquite, Texas.

Le sondage a montré que Michael Bloomberg, l’ex-maire milliardaire de New York, qui a jusqu’à présent dépensé 418 millions de dollars en publicités de campagne, a gagné 15 points pour atteindre 19 pour cent. Il supplante l’ancien vice-président Joe Biden à la deuxième place. Bloomberg a décidé de ne pas participer aux quatre premières primaires et de se servir de sa fortune, estimée à 60 milliards de dollars. Il a choisi de saturer les ondes de publicités avant de participer à la course du «Super mardi» qui a lieu dans 14 États, le 3 mars. Ce jour-là seront attribués deux tiers des 1.990 délégués nécessaires pour remporter l’investiture.

Biden, qui a terminé lamentable quatrième dans les caucus de l’Iowa et cinquième dans la primaire du New Hampshire la semaine dernière, est à 15 pour cent, une baisse de neuf points par rapport à décembre.

Elizabeth Warren est à 12 pour cent, soit une baisse de cinq points. Elle s’est fait rejoindre par Amy Klobuchar dont le soutien a augmenté de 5 points depuis le dernier sondage NPR/Marist. Les médias et l’establishment du parti avaient fortement promu l’ancien maire de South Bend, Pete Buttigieg. Il avait essentiellement fait jeu égal avec Sanders dans l’Iowa et perdu de justesse contre lui dans le New Hampshire. Maintenant, il ne réunit plus que 8 pour cent des intentions de vote, soit une baisse de cinq points depuis décembre.

L’inquiétude monte, dans l’appareil du parti et une grande partie de l’élite patronale, que des victoires de Sanders au Nevada et en Caroline du Sud pourraient préparer d’autres victoires lors du «Super mardi», qui rendraient son investiture inéluctable. La réponse des médias bourgeois et de l’establishment du parti est double: promouvoir la candidature de Bloomberg et lancer de nouvelles provocations politiques visant à faire dérailler la campagne de Sanders.

Comme le Comité national démocrate (DNC) a modifié les critères de qualification pour les débats télévisés nationaux afin de ménager la candidature de Bloomberg, le milliardaire pro-guerre et pro-entreprise devait participer à l’événement d’hier soir, marquant sa première apparition aux côtés de ses rivaux. Les chiffres obtenus au sondage NPR/Marist de mardi lui avaient assuré une place dans le débat diffusé par NBC depuis Las Vegas.

Bloomberg est de plus en plus présenté par les médias et une partie du Parti démocrate comme le meilleur espoir de nier l’investiture à Sanders, étant donné le quasi-effondrement de la campagne de Biden. Et ce, malgré l’apparition, la semaine dernière, d’enregistrements et d’articles documentant sa défense raciste de la politique d’«arrestation et de fouille» qui lui a servi pendant ses douze ans à la mairie de New York à terroriser les travailleurs et les jeunes pour la plupart issus de minorités.

Sa déclaration de 2008 comme quoi la fin de la politique de discrimination raciste des banques vis-à-vis de la population noire avait conduit au crash de Wall Street, a également été rendue publique, avec le fait qu’un grand nombre de ses employées l’ont accusé de faire des remarques sexistes et grossières et d’encourager un environnement de travail hostile aux femmes.

Les médias «grand public» ont, dans l’ensemble, minimisé ces révélations accablantes et renforcé sa prétention à être le meilleur candidat pour vaincre Trump et «faire avancer les choses» en tant que président.

En même temps, le Parti démocrate a lancé une nouvelle provocation politique contre Sanders. Cela suit les attaques lancées par Hillary Clinton le mois dernier et la campagne de diffamation organisée par CNN et Elizabeth Warren lors du débat de l’Iowa, dans le but de faire passer Sanders pour un machiste ne croyant pas qu’une femme puisse remporter la présidence.

La chronologie des événements suggère fortement que les médias bourgeois, le Comité national démocrate, la campagne Biden et une partie de la bureaucratie syndicale ont coordonné le scandale le plus récent. L’objectif étant d’atténuer la marge de victoire de Sanders au Nevada.

On a lancé la campagne de diffamation le 11 février lors du reportage de MSNBC sur les primaires du New Hampshire, le commentateur Chuck Todd citant une diatribe contre Sanders, qui comparait ses partisans en ligne à une «brigade de chemises brunes numériques».

Le lendemain, la secrétaire-trésorière du syndicat des travailleurs culinaires, Geoconda Argüello-Kline, déclarait que les partisans de Sanders avaient «violemment attaqué le syndicat et des familles travailleuses du Nevada» sur les réseaux sociaux suite à la distribution par le syndicat d’un tract à ses membres disant que Sanders «mettrait fin aux soins de santé culinaires» s’il devenait président. Le syndicat contrôle un trust de soins de santé qui fournit une assurance à 130.000 membres et s’oppose catégoriquement à l’appel de Sanders en faveur d’un «régime d’assurance maladie pour tous».

Le samedi 15 février, le New York Times publiait un commentaire de Michelle Cottle qui qualifie les partisans de Sanders d’«enragés», ajoutant: « les ‘voyous de Bernie’ ont une sale réputation sur les réseaux sociaux pour insulter ceux qui osent critiquer leur homme, crachant l’invective et proférant des menaces contre les organisations et les individus qui les offensent».

Le même jour, Biden, s’exprimant à Las Vegas, dénonçait Sanders pour les prétendues menaces en ligne de ses disciples contre le syndicat des travailleurs culinaires. Il a répété les mêmes attaques dans des interviews télévisées dimanche et lundi.

La campagne Bloomberg fit descendre l’opération à un niveau encore plus bas lundi. Elle publia une réclame faisant un amalgame entre Sanders et Trump et montrant une série de tweets de gens apparemment partisans de Sanders. Un des tweets condamnés par la campagne Bloomberg comme « inacceptable » était de l’attachée de presse de la campagne Sanders, Briahna Joy Gray, et qualifiait l’ex-maire de New York d’«autoritaire raciste».

Le soutien croissant dont bénéficie Sanders reflète un large mouvement à gauche des travailleurs, des étudiants et des jeunes qui sont dégoûtés par l’establishment politique. Ceux-ci sont attirés par le discours de Sanders sur le «socialisme démocratique» et ses promesses de s’attaquer aux inégalités sociales et à la domination politique de la «classe des milliardaires».

Cela effraye l’establishment du Parti démocrate. Celui-ci ne craint pas tant Sanders, un allié politique de longue date des Démocrates et défenseur de l’impérialisme américain, qui a pour fonction de maintenir la montée de l’opposition sociale dans les limites sûres du Parti démocrate, mais bien plutôt la croissance du sentiment anticapitaliste et de la lutte des classes qui alimente son soutien populaire.

(Article paru d’abord en anglais 19 février 2020)

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