Le César du meilleur réalisateur pour Polanski et «J'Accuse» défie #MeToo

Dimanche, Roman Polanski au reçu le prix dumeilleur réalisateur pour J'Accuse, au mépris du diktat du mouvement #MeToo et du gouvernement Macron.

«J’Accuse» est un film puissant et convaincant sur l’affaire Dreyfus, la lutte historique de 1894-1906 pour innocenter un officier juif français accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Cette lutte est devenue un affrontement entre les dreyfusards, dont notamment le mouvement ouvrier socialiste dirigé par Jean Jaurès, et les antidreyfusards dirigés par l’Action française protofasciste de Charles Maurras. Au plus fort de l’affaire Dreyfus, la France était au bord de la guerre civile.

J’Accuse

Le film traite d’un sujet qui a la sympathie et l’intérêt universel des travailleurs de gauche en France. Cependant, «J’Accuse» et Polanski sont devenus les cibles d’attaques incessantes par #MeToo et l’État. Ces attaques partaient d’allégations sans preuves de l’actrice Valérie Monnier, qu’elle a étroitement coordonnées avec le gouvernement Macron avant la sortie du film, selon lesquelles Polanski l’aurait violée en 1975. Les partisans de #MeToo ont avancé l’argument fascisant selon lequel s’intéresser à «J’Accuse» signifiait donc être complice de viol.

L’atmosphère est devenue si toxique que Polanski et toute l’équipe de «J’Accuse» ont décidé qu’il était trop dangereux d’assister à la cérémonie des César. Dans une tentative éhontée d’imposer la politique droitière de Macron au monde du cinéma, le ministre de la Culture, Franck Riester, est personnellement intervenu la veille de la cérémonie de remise des prix pour exiger que Polanski ne soit pas nommé meilleur réalisateur.

Ainsi l’attribution du prix du meilleur réalisateur à Polanski sonne comme une répudiation sans équivoque de la politique de #MeToo et du gouvernement Macron.

Lorsque «J’Accuse» s’est trouvé nommé pour 12 Césars en janvier, les partisans de #MeToo ont orchestré une campagne, soutenue par les ministres de Macron, qui a forér la démission de l’ensemble du conseil d’administration des Césars. A présent, un nouveau conseil d’administration sera élu, avec un recrutement en masse de centaines de nouveaux membres féminins.

#MeToo et la propagande officielle contre «J’Accuse» se sont répandues dans les médias à l’approche du vote final sur les César. L’actrice Adèle Haenel, qui est partisane de #MeToo, a déclaré que «distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes. … Ça veut dire, "ce n’est pas si grave de violer des femmes".»

L’actrice Rose McGowan, une des figures de proue de #MeToo aux USA, a dénoncé Polanski pour Paris-Match: «Les nominations de Polanski me donnent envie de prendre un César et de frapper chaque personne qui a voté pour lui», affirmait-elle. «On ne parle pas de cinéma, mais de douleur… Ces gens-là n’ont aucune idée de ce qui se passe dans le vrai monde, ils sont les partisans du statu quo, de la célébration d’une masculinité triomphante».

On a annoncé l’organisation de manifestations féministes devant la salle Pleyel, où se déroule la cérémonie de remise des Césars.

Face aux calomnies incessantes et incontrôlées des médias le traitant de violeur méprisable, Polanski a annoncé mercredi qu’il n’assisterait pas à la cérémonie de remise des Césars.

Il a déclaré: «On me pose cette question: viendrai-je ou ne viendrai-je pas à la cérémonie des Césars. La question que je pose est plutôt la suivante: comment le pourrais-je? Le déroulé de cette soirée, on le connaît à l’avance. Des activistes me menacent déjà d’un lynchage public. Certains annoncent des démonstrations devant la salle Pleyel. D’autres comptent en faire une tribune de combat contre une gouvernance décriée. Cela promet de ressembler davantage à un symposium qu’à une fête du cinéma censée récompenser ses plus grands talents».

Polanski a ajouté qu’il agissait par devoir de «protéger sa famille, sa femme et ses enfants, à qui on fait subir injures et affronts». Il a ajouté que c’est «avec regret que je prends cette décision, celle de ne pas affronter un tribunal d’opinion autoproclamé prêt à fouler aux pieds les principes de l’État de droit pour que l’irrationnel triomphe à nouveau sans partage».

Vendredi matin, le ministre de la Culture Franck Riester est allé sur France Info pour demander que Polanski ne reçoive pas le prix du meilleur réalisateur. Si Polanski recevait un prix, a affirmé Riester, ce serait «un symbole mauvais par rapport à la nécessaire prise de conscience que nous devons tous avoir dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes». Il a ajouté: «C’est à chacun et chacune des votants… de prendre ses responsabilités».

Riester s’est également réjoui que Polanski ait dû prendre la décision, que Riester a qualifiée de «sage», de ne pas assister à la cérémonie de remise des prix. Riester a déclaré: «Avec ce qui s’est passé, depuis de nombreuses années, avec un certain nombre de femmes qui ont dit avoir été agressées par Roman Polanski, sa présence ce soir aurait été évidemment une source de tension».

Après l’intervention publique extraordinaire de Riester, l’ensemble des acteurs et du personnel de production de «J’Accuse» a annoncé qu’ils n’assisteraient pas à la cérémonie de remise des Césars. Polanski, le producteur Alain Goldman et les acteurs Jean Dujardin, Louis Garrel et Emmanuelle Seigner, qui est l’épouse de Polanski, étaient tous absents vendredi soir.

Goldman a déclaré à l’AFP: «Nous avons constaté une escalade de propos et de comportements déplacés et violents. Le ministre de la Culture lui-même, représentant l’autorité de l’État, s’est autorisé une déclaration condamnant par avance et sans le connaître le résultat d’un vote professionnel, indépendant et secret».

Pendant la cérémonie vendredi soir, quelques centaines de manifestants liés à l’association «Osez le féminisme» ont tenté de pénétrer dans la salle Pleyel et confronté les forces de l’ordre. Ils criaient le slogan fascisant «Polanski violeur, cinéma coupable, public complice», brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Victimes de Polanski on vous croit» et «À bas le patriarcat».

Dare To Be Feminist spokeswoman Céline Piques told AFP: “We want to shake up the film community because they claim to support Adèle Haenel, who denounces sexual assault, but at the same time and with incredible hypocrisy, they support Roman Polanski.”

Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme, a déclaré à l’AFP: «On veut interpeller le milieu du cinéma qui peut soutenir Adèle Haenel, qui dénonce des faits d’agressions sexuelles et, dans le même temps, avec une hypocrisie incroyable, soutient Roman Polanski».

Mais à l’issue d’une cérémonie largement consacrée aux discussions des femmes et du genre au cinéma, on a annoncé que Polanski avait reçu le prix du meilleur réalisateur. Haenel et une douzaine d’autres partisans de #MeToo ont quitté la salle Pleyel, Haenel en criant «Honte!»

C’était une répudiation flagrante de de #MeToo et des politiques d’austérité, de guerre, de répression et de réhabilitation du dictateur collaborationniste Philippe Pétain menées par Macron.

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