Près de 5000 cas de COVID-19 confirmés en Afrique

Le nombre de cas confirmés de COVID-19 sur le continent africain est passé à 4 605 dimanche, une centaine de personnes ayant perdu la vie à cause du virus. Il faut d’urgence une réponse coordonnée au niveau international pour arrêter la propagation du coronavirus sur le continent africain.

L'Afrique du Sud compte désormais 1 280 cas confirmés et est en train de devenir l'épicentre de la pandémie sur le continent. Mais d'autres pays suivent de près: l'Egypte (609), l'Algérie (511), le Maroc (479) et la Tunisie (312), affichent chacun déjà des centaines de cas. L'Afrique du Sud a signalé la semaine dernière ses deux premiers décès dus au nouveau coronavirus, mais c’est l'Algérie qui en a connu le plus, avec 29 décès.

Mami Mizutori, chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR), a déclaré à Reuters que l'Afrique est susceptible d’avoir un taux de mortalité plus élevé que le reste du monde, les systèmes de santé faibles pliant sous l’explosion des cas. « Il est tout à fait pensable que si cela devient le cas dans un pays où le système de santé n'est pas si sophistiqué, cela pourra entraîner une mortalité plus élevée», a-t-il déclaré:

La directrice régionale pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé, Matshidiso Rebecca Moeti, a mis en garde contre une «évolution dramatique» de la pandémie, déclarant à France24: «La situation est très préoccupante, avec une évolution dramatique: une augmentation géographique du nombre de pays et aussi une augmentation du nombre d'infections. » Elle a insisté sur le fait qu'il devait y avoir «des mesures intensifiées des pays africains».

Les gouvernements africains, des élites dirigeantes brutales et corrompues aux commandes et une longue liste de violations effroyables des droits de l'homme à leur actif, exploitent la propagation du coronavirus pour renforcer les pouvoirs de l'État en vue de confrontations aggravées avec la classe ouvrière.

En revanche, peu ou rien n'est fait pour se préparer à l'inévitable flambée d’infections en acheminant des ressources et de l'argent vers le système de santé et en fournissant des équipements de protection et des équipements médicaux vitaux aux personnels soignants et aux patients.

L'élite dirigeante africaine, dépendante des grandes puissances et des sociétés transnationales pour leur position privilégiée, est beaucoup plus préoccupée par la manière dont elle peut négocier un meilleur accès aux richesses extraites de la classe ouvrière internationale. Cela exige d’imposer les diktats de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à la classe ouvrière et à la paysannerie et de garantir que minéraux, pétrole et produits agricoles aillent sans entrave vers les pays avancés et les sites de production. La logique en est la suppression violente de toute opposition à ces diktats.

Selon Bloomberg , deux hommes ont été abattus par balle au Rwanda par la police pour avoir peut-être violé involontairement l'ordre de rester à la maison après l'annonce par le président Paul Kagame il y a une semaine que le pays serait soumis à un confinement de 14 jours imposé par l'armée et la police. Jean-Claude Nyiramana, 27 ans, et Emmanuel Nyandwi, 25 ans, ont été assassinés dans le district de Nyanza, dans les environs de Kigali, le 24 mars.

En Afrique du Sud, avant un verrouillage du pays de 21 jours, le président Cyril Ramaphosa a prononcé un discours aux forces de l’ordre dans lequel il leur a ordonné d'être «une force de gentillesse». Prononcé en tenue militaire, à la manière d'un dictateur, son discours a été conçu pour menacer et intimider la population. Ramaphosa a ainsi déclaré: «Il y a ceux qui veulent prendre des risques qui voudront défier la puissance de l'État sud-africain […] Poussez-les dans la bonne direction et s'ils continuent de résister, faites leur savoir qu'ils défient la puissance de l'État et du président ».

Le ministre de la Défense, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, a déclaré aux médias: « Je ne pense pas que les gens devraient vraiment être provocateurs parce que si vous ne voulez pas vous conformer au règlement établi, honnêtement, vous défiez et testez l'État lui-même. »

La population sud-africaine considère la présence des militaires dans les rues avec peur et inquiétude. Dans un reportage détaillé de Times Live couvrant le premier jour du confinement, un résident a raconté qu’après avoir été interrogé par un soldat armé sur ses raisons de s’être enfui quand il les a vus s'approcher de lui, a répondu avec inquiétude: «Je ne vous ai jamais vu auparavant. Vous me faites peur. »

Dans le quartier de Hillbrow à Johannesburg, la police sud-africaine a matraqué les sans-abri, avant d'utiliser des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les clients devant les magasins.

Le gouvernement du Congrès national africain a maintenant prolongé le confinement, annonçant que la quarantaine se poursuivrait jusqu'en juin, au coût de 641 millions de rands (38 millions de dollars américains) pour le contribuable, qui sera récupéré par de nouvelles attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière.

Le gouvernement ZANU-PF impose au Zimbabwe un confinement de 21 jours depuis hier. Le Zimbabwe compte jusqu'à présent 7 cas confirmés et un décès.

Le Directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui met en garde contre l'utilisation du seul confinement pour faire face à la pandémie, a déclaré: «Pour ralentir la propagation du COVID-19, de nombreux pays ont introduit des mesures de « confinement. Mais à elles seules, ces mesures n’éteindront pas les épidémies ». L'OMS a souligné qu'il était essentiel que les gouvernements «testent, testent, testent» pour le virus, puis isolent et traitent ceux qui se sont révélés positifs pour le COVID-19.

Les mesures nécessaires pour lutter contre le COVID-19 sont le financement intégral des soins de santé, la fourniture de tous les équipements médicaux et équipements de protection nécessaires aux personnels soignants, et des tests généralisés – des exigences aux antipodes des politiques menées depuis des décennies par toutes les classes dirigeantes du monde, qui ont toutes refusé de financer adéquatement les soins de santé.

L'Afrique compte certains des pays les plus inégaux de la planète. Selon Oxfam, «Cinq des hommes les plus riches du Nigéria possèdent des richesses combinées de 29,9 milliards de dollars US - plus que le budget national total du pays pour 2017, alors qu’environ 60 pour cent de ses citoyens [subsistent] avec moins de 1,25 $ US par jour, seuil de pauvreté absolu. »

Oxfam écrit: «Les pays ouest-africains perdent environ 9,6 milliards de dollars chaque année à cause des incitations fiscales accordées aux multinationales. Cela suffirait à construire une centaine d'hôpitaux modernes et bien équipés chaque année dans la région. »

Des infirmières et des médecins ont fait grève au Zimbabwe pour exiger un équipement de protection individuelle (EPI) et exiger que les salaires soient payés en dollars, ce qui a incité le gouvernement de Mnangagwa à convertir la monnaie en dollars. Au Kenya, les infirmières et les médecins menacent de faire grève s'ils ne reçoivent pas d'EPI en prévision de la flambée des cas de coronavirus. Au Nigéria, les médecins ont débrayé pour exiger des conditions de sécurité et d'hygiène.

Ce mouvement social croissant de la classe ouvrière, en Afrique et à l'international, montre la sortie de la crise que le capitalisme a infligée à l'humanité. La richesse de l'élite dirigeante doit être expropriée et utilisée pour répondre aux besoins de la société, y compris pour acheter tout de suite vêtements de protection et équipements médicaux. Mais pour ce faire, il faut développer une direction socialiste dans la classe ouvrière pour mener une lutte intransigeante contre les banques, les grandes entreprises et l'impérialisme mondial et leurs agents sur le continent.

(Article paru en anglais le 30 mars 2020)

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