Les médias européens lancent une propagande de mensonges tenant la Chine responsable du COVID-19

Les médias européens réagissent à la campagne du grand mensonge de Donald Trump qui affirme que le virus du COVID-19 provient d'un laboratoire chinois en lançant ses propres provocations réactionnaires contre la Chine.

Après avoir affirmé à plusieurs reprises que le virus s'était échappé de l'Institut de virologie de Wuhan (WIV), Trump a affirmé que les Chinois «ont dit: ‘Hé, regardez, ceci va avoir un impact énorme sur la Chine, autant laisser le reste du monde’» s'infecter aussi. Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a affirmé que «d'énormes preuves» impliquent le WIV et que «la Chine a une histoire de propagation d'infection dans le monde». Aucun des deux n'a fourni de preuves à l'appui de ces accusations incendiaires, qui contredisent les déclarations de scientifiques et même du directeur américain du renseignement national, selon lesquelles le virus n'a pas été créé par l’homme.

Les principaux responsables européens font écho au torrent de propagande émanant de la bouche du président fascisant américain, tout en essayant de lui donner une présentation plus soignée, et donc moins grossière et plus crédible.

Les élèves font la queue pour se désinfecter les mains afin d'éviter de contracter le coronavirus avant leur cours du matin dans une école secondaire de Phnom Penh, au Cambodge, mardi 28 janvier 2020. (AP Photo / Heng Sinith)

Ces déclarations montrent à quel point la classe dirigeante européenne devient de plus en plus criminelle en pleine pandémie. La campagne de propagande contre la Chine n'est pas fondée sur la médecine ou la science, mais sur des plans de guerre commerciale et de conflit militaire mondial. Deuxièmement, alors que les bourgeoisies impérialistes européennes et américaines ordonnent la reprise du travail au milieu d'une pandémie qui fait rage, elles n’ont que du mépris pour la santé et la vie en soi, prêtes à sacrifier des millions de personnes de leurs propres populations dans leurs objectifs de guerre contre la Chine et d'autres anciens pays coloniaux de l'Eurasie.

Le Sueddeutsche Zeitung en Allemagnea publiéun commentaire de l'ancien secrétaire général de l'OTAN et premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen, attaquant avec pleine amertume les livraisons chinoises de masques et d'équipements médicaux de protection et le personnel médical chinois arrivant en Europe pour soigner les malades. Alors que des masses de travailleurs accueillent une telle aide face au virus, Rasmussen les a dénoncés, les qualifiant de danger pour l'Europe.

«Des mesures de relations publiques positives comme l'intervention d'experts et de fournitures d'aide, ainsi que des campagnes de désinformation, visent à masquer les doutes sur les origines du virus», a déclaré Rasmussen au SZ.

Se lamentant de l'achat par la Chine d'installations dans le port stratégique du Pirée en Grèce après la crise financière de 2008 dans le cadre de ses plans d'infrastructure «une ceinture, une route», il a ajouté: «En raison de la gestion de crise à court terme et des marchés boursiers déprimés, nous risquons de faire une erreur historique en vendant à la Chine nos fleurons stratégiques. Un regard sur la dernière crise financière le montre. […] L'Europe doit impérativement changer de cap immédiatement pour éviter que l'Occident ne tombe dans le piège économique d'une dictature communiste».

Attaquant «l'initiative 17 + 1 de la Chine en Europe centrale et orientale» et les investissements dans les infrastructures en Ukraine et dans les Balkans, Rasmussen a averti que la Chine pourrait y exercer une influence «si elle est le seul acteur qui offre une bouée de sauvetage financière aux pays affaiblis par le coronavirus».

En Grande-Bretagne, le Spectator de droite a reprochéau gouvernement conservateur de ne pas être suffisamment agressif, accusant la Chine d’être responsable de la pandémie de COVID-19. Lorsqu'on lui avait demandé si la Chine devait rendre des comptes pour la pandémie de COVID-19, le secrétaire à la Défense Ben Wallace a répondu: «Je pense que oui. […] La Chine doit être ouverte et transparente sur ce qu'elle a appris».

Dans une tentative de combiner la haine anti-chinoise et l'opposition aux mesures de confinement pour protéger les travailleurs européens de la pandémie, le Spectator aécrit que cette remarque «bien que valable est quand même indulgente. La réponse diplomatique du gouvernement à l'épidémie de coronavirus a été molle. Les sanctions les plus punitives britanniques ont été réservées au peuple britannique: confinement, fermeture d'entreprises, amendes pour déplacements inutiles.»

Le Spectator aaffirmé qu'il avait vu un rapport de renseignement «Five Eyes» (États-Unis-Royaume-Uni-Canada-Australie-Nouvelle-Zélande) alléguant que la Chine avait commis une «atteinte à la transparence internationale» entraînant la «mise en danger d'autres pays». Il a ajouté: «Au seul Royaume-Uni, cette mise en danger a pris la forme de 190.000 infections et plus de 28.000 décès.»

Ces mensonges au vitriol ont une logique de classe dangereuse et réactionnaire. La pandémie a rendu malade plus de 1,5 million de personnes et fait près de 150.000 morts en Europe. Les allégations fausses et non fondées selon lesquelles des responsables chinois ont décidé d'infecter et d'assassiner un si grand nombre de personnes constituent une propagande à peine voilée pour faire la guerre à la Chine.

Ce sont des mensonges de A à Z. Premièrement, la Chine n'a pas caché la pandémie. Une fois que les autorités chinoises ont réalisé en décembre qu'une pneumonie non identifiée se propageait à Wuhan, elles l'ont signalé. Elles ont régulièrement notifié l'Organisation mondiale de la santé à partir du 3 janvier et, le 11 janvier, ont publié le séquençage génétique complet du virus COVID-19. Wuhan est entré en confinement le 23 janvier, avant que les cas européens ne soient identifiés pour la première fois et près de deux mois avant les grèves et les manifestations de masse en Italie et dans toute l'Europe forcent les gouvernements à adopter des mesures de confinement.

Deuxièmement, la responsabilité du plus grand nombre de morts dû à la pandémie en Europe par rapport à la Chine, où le COVID-19 a fait 83.000 malades et tué 4633 personnes, incombe non pas aux Chinois, mais aux gouvernements européens. Pendant des décennies, leurs politiques d'austérité anti-ouvrières ont affamé les systèmes de santé de personnel soignant et fournitures clés. Avec le refus d'ordonner des confinements pendant des semaines au début de la pandémie, ils ont plutôt préconisé la politique «d'immunité collective», ce qui signifiait que le virus infecterait largement le public, dans l'espoir que suffisamment de survivants deviendraient immunisés pour arrêter la propagation du COVID-19.

Alors que les responsables américains déclarent sans ambages que les travailleurs américains doivent s'habituer à l'idée que 3000 Américains meurent chaque jour du COVID-19, les responsables européens sont également déterminés à défendre leurs intérêts stratégiques au niveau international au détriment de la vie de leurs propres travailleurs. Cela a été révélé sans détour dans une tribune de Le Monde intitulée: «La Chine pourrait s’imposer comme la première puissance mondiale dès la fin de l’épidémie».

Avec une indifférence stupéfiante à la vie humaine en pleine pandémie, le journal a écrit: «Il s’agit d’évaluer dans quelles conditions les belligérants de la guerre commerciale démarrée avant la pandémie aborderont la sortie de crise.» C’est-à-dire que ce qui intéresse la classe dirigeante européenne, c'est sa lutte à mort avec l'impérialisme américain et la Chine pour le contrôle des marchés et des profits dans le monde. La question de sauver les malades dans cette pandémie n'est relativement pas d'un grand intérêt pour eux.

«Sachant que les faiblesses réelles de la Chine sont souvent sous-estimées», poursuit Le Monde, «tandis que ses atouts sont parfois surestimés, il est cependant possible de formuler l’hypothèse selon laquelle l’empire du Milieu pourrait s’imposer, sans conteste, comme la première puissance mondiale dès la fin de l’épidémie.» Il avertit que la Chine pourrait devenir «l’usine à valeur ajoutée du monde, et non plus seulement l’atelier de montage du monde […] le système économique chinois se remet en marche. Les usines et les activités de services tourneraient, à fin mars, et selon les régions, entre 50 % et 80 % de leur capacité».

Le journal a affirmé que les alternatives sont: «Entre un scénario de dé-mondialisation et celui d’une nouvelle mondialisation sino-centrée», appelant à la dé-mondialisation pour étrangler la Chine et l’écarter de l'économie mondiale. Il explique: «De nouvelles stratégies de relocalisation des usines, de diversification des fournisseurs et de maîtrise des technologies-clés, qui étaient d’ailleurs déjà à l’étude en Europe et aux États-Unis, ont désormais rang de priorités absolues.»

Le Monde asouligné que Washington et ses alliés européens sont prêts à tout pour prévenir le risque que le régime chinois ne bouleverse l'ordre mondial capitaliste actuel, dominé par l'impérialisme.

«C’est ce qui permet de comprendre pourquoi l’administration Trump fait le choix de la terrible option «business first», quitte à sacrifier une partie de sa population, pour ne pas laisser le champ libre à la puissance chinoise», écrit-il

De telles remarques révèlent que le capitalisme, accablé de conflits économiques et géopolitiques insolubles, est politiquement en faillite. Les travailleurs ne doivent pas être sacrifiés aux aspirations de domination mondiale de cliques irresponsables de banquiers et généraux à Washington ou dans les capitales européennes. La campagne pour séparer les travailleurs en Europe de leurs frères et sœurs de classe en Chine doit être rejetée, et la richesse de l'aristocratie financière expropriée afin de soigner les malades et d’empêcher de nouvelles guerres.

(Article paru en anglais le 7 mai 2020)

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