La réponse calamiteuse du Canada à COVID-19

Le discours suivant a été prononcé par Keith Jones, secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste au Canada, lors du rassemblement en ligne de la Journée internationale du mai 2020, organisé par le World Socialist Web Site et le Comité international de la Quatrième Internationale le 2 mai.La pandémie de COVID-19 a mis à nu la réalité brutale du capitalisme et l'antagonisme irréconciliable entre la recherche du profit par le capitalisme et la vie et les moyens de subsistance des travailleurs. Cela est vrai pour le Canada comme pour tous les autres pays.

Dans sa manière et son comportement, l'actuel leader et représentant politique de la classe dirigeante canadienne, le premier ministre Justin Trudeau, agit peut-être moins comme une brute que le milliardaire à l'esprit fasciste qui occupe la Maison-Blanche, mais la réponse du capitalisme canadien à la pandémie n'a pas été moins dure et désastreuse.

En dehors de l'Asie de l'Est, le Canada a été le pays le plus durement touché par l'épidémie de SRAS de 2002-2003. Pourtant, le Canada n'était absolument pas préparé au COVID-19, c'est-à-dire à une pandémie à la fois prévisible et prévue, y compris dans les documents du gouvernement canadien datant d'au moins 2006.

Depuis des décennies, le système de santé canadien, comme d'autres services publics essentiels, agonise sous les compressions budgétaires sans fin. De plus, les gouvernements canadiens, obsédés par la « santé » des marchés financiers et la construction de nouveaux oléoducs et gazoducs malgré l'opposition populaire, n'ont rien fait pendant deux mois pour mobiliser les ressources nécessaires à la lutte contre la pandémie. Ce n'est que le 10 mars, trois jours seulement avant que de larges pans du pays ne soient mis en quarantaine, que le gouvernement fédéral a écrit aux provinces pour s'enquérir de leurs inventaires d'équipements médicaux essentiels et des pénuries potentielles.

Pourtant, pratiquement du jour au lendemain, à la mi-mars, le gouvernement libéral de Trudeau et la Banque du Canada ont canalisé 650 milliards de dollars vers les banques et les grandes entreprises pour soutenir les marchés financiers et garantir les profits et les investissements des riches et des super-riches.

Pendant ce temps, pour les sept millions de travailleurs qui ont maintenant perdu leur emploi, représentant plus d'un tiers de la population active du pays, c’est le rationnement par des programmes d'aide temporaires et de fortune – des programmes tels que la Prestation d'urgence du Canada, dont les fonds sont déjà épuisés et que l'élite dirigeante s'apprête à retirer par un retour précipité et prématuré au travail.

Avec le soutien de Trudeau, la Coalition Avenir Québec, un gouvernement populiste de droite, a annoncé la réouverture des écoles, des garderies, des usines et des chantiers au cours des trois prochaines semaines, dans des conditions où même les travailleurs médicaux de première ligne ne reçoivent pas d'équipement de protection individuelle et où il n'existe aucune disposition pour des tests de masse et le retraçage des contacts.

Un « pari risqué » – c'est ainsi que le directeur de la santé publique du Québec décrit cette politique criminelle, alors même qu'il exhorte la population à s’y faire, et à s’habituer à la mort, en déclarant allègrement: « J'espère qu'il n'y aura pas trop de morts ».

Laissant échapper ce que disent en privé les chefs de gouvernement et d'entreprises partout au Canada, le premier ministre du Québec, François Legault, a proclamé la nécessité d'une "immunité collective" et a répété à maintes reprises le mensonge selon lequel les moins de soixante ans ne courent pas de risque grave avec le COVID-19 – tout cela pour que les grandes entreprises puissent rapidement relancer l'exploitation de la classe ouvrière.

Le Québec et sa métropole, Montréal, il faut le souligner, sont l'épicentre de la pandémie de COVID-19 au Canada, avec plus de la moitié des 55.000 cas confirmés de COVID-19 et un peu moins de 60 % des 3.200 décès.

La classe ouvrière au Québec et au Canada s'oppose massivement et de plus en plus à la politique criminelle de retour au travail de l'élite capitaliste.

« On nous envoie faire du gardiennage », a déclaré une enseignante de Montréal au World Socialist Web Site, « pour que les entreprises puissent faire des profits sur le dos des travailleurs.... Et nous savons que ces grands patrons n'attraperont rien dans leurs tours d’ivoire ».

Cette opposition ne trouve son expression qu'en dehors des appareils syndicaux procapitalistes et du NPD social-démocrate, et ne peut se développer qu'à travers une rupture politique et organisationnelle avec eux.

Les syndicats et le NPD ont réagi à la pandémie et à l'effondrement économique qui a suivi en renforçant leur partenariat de longue date avec le gouvernement fédéral-libéral. Lorsque la pandémie a éclaté début mars, le Congrès du travail du Canada a formé ce que son président a appelé un « front de collaboration » avec les grandes entreprises.

Les syndicats travaillent maintenant main dans la main avec les employeurs pour forcer le retour au travail. La Fédération des travailleurs du Québec salue ce qu'elle appelle le « plan de relance économique » de Legault, et Unifor, qui a été ébranlé par les arrêts de travail des travailleurs de l'automobile canadiens et américains protestant contre les conditions de travail dangereuses début mars, conspire maintenant avec les trois constructeurs automobiles de Detroit pour ramener les travailleurs dans les usines.

Les syndicats et le NPD, et notamment Quebec Solidiare, le parti de la pseuso-gauche proche de Syriza en Grèce, sont totalement silencieux sur le pillage du Trésor par l'État canadien au nom de l'élite financière et des entreprises. Ils sont silencieux parce qu'ils font partie intégrante du capitalisme canadien et se nourrissent de ses miettes.

De même, ces organisations cherchent à tromper les travailleurs sur l'intégration de plus en plus profonde de l'impérialisme canadien aux offensives militaires et stratégiques de Washington contre les puissances nucléaires que sont la Chine et la Russie, dans le Moyen-Orient riche en pétrole, et en Amérique latine et aux Caraïbes, où les banques et les sociétés minières canadiennes ont des dizaines de milliards d'investissements.

La lutte pour mobiliser la classe ouvrière en tant que force politique indépendante mettant de l’avant sa propre solution à l'échec manifeste du capitalisme exige une lutte politique implacable contre les idéologies réactionnaires jumelles de l'élite dirigeante du Canada, le nationalisme canadien et québécois. Depuis des décennies, les syndicats et le NPD, avec leurs laquais du pseudo gauche, ont promu le mensonge selon lequel le capitalisme canadien et son État sont « plus gentils et plus doux » que la méchante république du dollar au sud.

Ce mensonge est allé de pair avec une campagne systématique de dénigrement et de négation des traditions de lutte commune entre les travailleurs canadiens et américains, des Chevaliers du travail et de l'IWW aux grèves d'occupation des années 1930 et aux luttes sociales de masse de la fin des années 1960 et du début des années 1970.

Ces traditions doivent être ravivées et enrichies d'une perspective socialiste internationaliste. Pour vaincre l'impérialisme canadien, les travailleurs du Canada doivent coordonner leurs luttes avec celles des travailleurs des États-Unis, du Mexique et du monde entier dans le cadre d'une offensive mondiale contre le capitalisme.

Les travailleurs ne peuvent pas et ne veulent pas accepter le cauchemar du capitalisme du 21e siècle: l'appauvrissement de masse, la guerre impérialiste, le régime autoritaire, les pandémies et la destruction de l'environnement. Il y a une rébellion croissante de la classe ouvrière internationale. Le défi est de l’animer de la conception que sa logique mène à la révolution socialiste mondiale, la réorganisation de la société par et pour la classe ouvrière – ce qui requiert la construction d'un parti d'avant-garde des travailleurs, le Comité international de la Quatrième Internationale, pour diriger cette lutte.

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