Brusque montée en France et en Italie de cas de la maladie de Kawasaki associée au coronavirus, mort d’un enfant

Les médias français ont rapporté vendredi qu’un garçon de neuf ans était mort à Marseille il y a une semaine d’une maladie inflammatoire multi-systémique, que la recherche médicale a récemment associé à la pandémie de coronavirus. Cette maladie émergente, qui touche les enfants, produit des symptômes similaires à ceux de la maladie de Kawasaki. Son taux d’incidence a connu une brusque hausse depuis le début de la pandémie, et la plupart ou la totalité des enfants où les symptômes se sont montrés ont testé positifs au coronavirus.

L’enfant décédé avait été admis au service pédiatrique d’urgence de Marseille-Nord le 2 mai avec une éruption cutanée, mais on l’avait renvoyé chez lui après que les médecins eurent diagnostiqué une scarlatine. Plus tard dans la soirée, son état s’est rapidement détérioré et il a été transporté aux soins d’urgence où les médecins ont identifié ses symptômes comme ceux du syndrome rare de Kawasaki. Il est mort le 8 mai à l’hôpital après une crise cardiaque.

Selon les services de santé français, le garçon souffrait d’une comorbidité préexistante d’une forme ou d’une autre de trouble du neuro-développement, bien que l’on ne sache pas exactement comment cela a affecté sa réaction à la maladie. Il a testé positif pour le coronavirus, bien que ne présentant aucun symptôme. Cet enfant est le quatrième décès dû à cette maladie. Un enfant de cinq ans et un autre de sept ans sont morts aux États-Unis et un autre de quatorze ans, au Royaume-Uni.

La maladie de Kawasaki

C’est là une condamnation accablante des gouvernements capitalistes à l’international qui rouvrent les écoles en affirmant que le virus ne nuit pas aux enfants.

La nature précise du lien entre la maladie et le coronavirus reste à déterminer. Vendredi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un appel international aux chercheurs pour qu’ils étudient le lien entre le coronavirus et ce nouveau trouble inflammatoire multi-systémique chez les enfants et les adolescents.

Les symptômes sont entre autres une éruption cutanée, une hypotension ou un choc, des vomissements ou une diarrhée et des anomalies cardiaques. Un rapport note que: «Des informations en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord ont décrit des concentrations d’enfants et d’adolescents ayant dû être admis dans des unités de soins intensifs. Ceux-ci souffraient d’un un état inflammatoire de plusieurs organes présentant des caractéristiques similaires à celles de la maladie de Kawasaki et du syndrome de choc toxique. Des études de cas et de petites séries décrivent une maladie aiguë accompagnée d’un syndrome hyper-inflammatoire conduisant à la défaillance de plusieurs organes menant à un choc.»

«Il est essentiel de caractériser ce syndrome et ses facteurs de risque, de comprendre la causalité et de décrire les interventions thérapeutiques. Il n’est pas encore possible de déterminer avec précision tout le spectre de la maladie ni de savoir si la répartition géographique en Europe et en Amérique du Nord reflète un véritable schéma, ou si la maladie n’a tout simplement pas été reconnue ailleurs».

La plupart des enfants ayant présenté des symptômes de la maladie ont également été testés positifs au coronavirus, soit directement par prélèvement nasal, soit par tests d’anticorps. On estime qu’il y a un délai de quatre à six semaines entre l’infection par le coronavirus et l’apparition des symptômes de l’affection récemment découverte, y compris dans le cas de patients asymptomatiques atteints du coronavirus. (Pour une explication plus détaillée de la maladie, voir «Maladie de type Kawasaki affectant les enfants et les adolescents après infection par le SRAS-CoV-2» En Anglais)

Mardi, les services français de santé a fait état pour la première fois du nombre de cas de ce syndrome dans le pays, le situant à 125. Vendredi, le ministre francais de la Santé a indiqué que le nombre de cas était passé à 135. Selon le Guardian, entre 75 et 100 enfants reçoivent un traitement pour cette maladie dans toute la Grande-Bretagne.

Vendredi, des chercheurs italiens ont publié une étude dans l’hebdomadaire médical Lancet où ils examinent l’incidence de la maladie à Bergame, un premier épicentre de la pandémie. Ils ont constaté que l’incidence du syndrome de Kawasaki dans la région était trente fois plus élevée qu’avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus. Les chercheurs concluent que «l’épidémie de SRAS-CoV-2 s’accompagne de la forte incidence d’une forme grave de la maladie de Kawasaki. On s’attend à une épidémie similaire de maladie de Kawasaki dans les pays touchés par l’épidémie de SRAS-CoV-2».

Les études en cours sur le danger du coronavirus pour les enfants montrent clairement que les scientifiques cherchent toujours à comprendre tout son impact, et en particulier le péril couru par les enfants.

Mais alors même que ces études sont en cours, les gouvernements en Europe et dans le monde rouvrent les écoles, déclarant sans preuve que le virus ne peut nuire aux enfants et que même s’ils sont porteurs du virus ils ne le transmettront pas à d’autres.

Selon les chiffres du gouvernement français, plus d’un million et demi d’élèves sont retournés à l’école dans tout le pays la semaine dernière. Les écoles ont également rouvert en Belgique, aux Pays-Bas, en Finlande, en Norvège et dans certaines régions d’Allemagne, des réouvertures ayant lieu dans d’autres secteurs.

La force motrice derrière la politique de réouverture des écoles n’est pas la lutte contre la pandémie. Il faut mettre les enfants dans les classes pour pouvoir forcer les parents à retourner au travail. Le véritable objectif est la reprise et la poursuite du flux des profits en direction de l’élite financière et industrielle. En France, les réouvertures d’écoles se font au mépris de la recommandation officielle du Conseil scientifique national, qui avait recommandé un report jusqu’en septembre.

Hier, les réouvertures ont été étendues aux élèves de sixième et cinquième. Lundi dernier, le ministre français de l’Éducation nationale, Michel Blanquer, avait déclaré à Europe1 que les réouvertures d’écoles étaient nécessaires parce que les enfants étaient plus «en sécurité» dans les salles de classe que dans leurs foyers.

«D’une manière générale, nous sommes dans une société où circule le virus », a-t-il déclaré. «C’est un fait… il y a plus de risques à rester chez soi que d’aller à l’école… Si on raisonne a contrario, on pourrait dire qu'on reste tous chez nous sur le canapé à attendre qu'il y ait un vaccin » et la société s’effondrerait pour d’autres raisons que le COVID-19, a-t-il ajouté.

Blanquer a feint de s’inquiéter du sort des enfants qui ne peuvent pas manger à la maison ou sont victimes de violences domestiques. Il a occulté le fait que c’est la politique d’austérité du gouvernement Macron qui est le principal élément ayant exacerbé ces conditions et qu’il a refusé d’apporter un soutien significatif à la classe ouvrière.

La fin du confinement est accélérée alors même que des signes apparaissent de nouveaux cas à travers la France. Samedi, alors que le nombre total de personnes hospitalisées était passé de 22.614 à 19.432 par rapport à la semaine précédente, les nouvelles admissions augmentaient de près de 50 pour cent, avec 350 nouveaux cas contre 265 le 9 mai. De même, le nombre de patients nouvellement admis en soins intensifs était de 46 samedi, contre 38 la semaine précédente.

Depuis la levée du confinement le 11 mai, on a détecté 25 nouvelles concentrations du virus dans toute la France. L’Agence régionale de santé (ARS) du Centre-Val de Loire a indiqué samedi que 34 travailleurs d’un abattoir de Fleury-les-Aubrais avaient testé positif pour le virus. Dimanche, l’ARS de Bretagne a signalé que 69 cas avait été détectés parmi les employés et leurs contacts dans un abattoir des Côtes-d’Armor.

(Article paru d’abord en anglais 18 mai 2020)

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