Un incendie endommage gravement la cathédrale de Nantes

Un incendie qui s’est déclaré samedi matin a gravement endommagé la cathédrale gothique, historique, «Saint-Pierre-et-Saint-Paul» de Nantes.

Les pompiers sont arrivés à la cathédrale juste avant 8 heures du matin après avoir reçu des appels de passants qui signalaient de la fumée et des flammes provenant du bâtiment. Ils ont découvert un «incendie violent, touchant l’orgue jusqu’à la rosace, et leur intervention s’est concentrée sur cette zone», selon le chef des pompiers Laurent Ferlay. Plus de 100 pompiers sont intervenus et ont pu éteindre l’incendie dès 10 heures du matin.

Si la structure d’ensemble du bâtiment semble jusqu’à présent avoir été sauvée, les plus grandes pertes ont été enregistrées au niveau de l’orgue et des vitraux situés derrière lui, qui ont été complètement détruits. Le grand orgue baroque avait été construit en 1620 et restauré cinq fois au cours des 400 dernières années. Mathieu Lours, historien de l’architecture, spécialiste de l’architecture des cathédrales, a déclaré à France Info: «C'est un drame parce que c'est un des plus beaux orgues de France qui vient de partir en fumée.».

Image avant-après du grand orgue et des vitraux de la cathédrale de Nantes détruits par l'incendie de samedi

Michel Bourcier, l’un des titulaires de l’orgue, interviewé par à France Info, a déclaré que l’orgue «avait survécu aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale [un bombardement allié de la France occupée par les nazis], il avait survécu à l'incendie de 1972 et là, en quelques heures, il est parti en fumée… C'était le plus important de la région donc c'est une valeur patrimoniale importante qui disparaît» et un «coup dur pour la culture».

Les vitraux avaient été installés au XIXe siècle mais contenaient des vestiges de verres du XVIe siècle. Parmi les autres objets perdus, on peut citer une peinture du XIXe siècle d’Hippolyte Flandrin.

L’orgue fut menacé de destruction au cours de la Révolution française, tout comme de nombreux autres objets de l’Église. Un organiste important de l’époque, Denis Joubert, aurait convaincu le comité révolutionnaire d’utiliser l’orgue pour jouer la Marseillaise et d’autres hommages à la révolution.

La cause de l’incendie reste incertaine. Le procureur de la République de Nantes, Pierres Sennès, a annoncé samedi qu’une enquête avait été ouverte pour «incendie volontaire». Il a déclaré que «Trois points de feu distincts» avaient été trouvés «à une distance conséquente les uns des autres».

Deux ont été trouvés au rez-de-chaussée, sur les côtés gauche et droit du bâtiment, et un troisième à 30 mètres du sol, à la hauteur du grand orgue. Il a ajouté que les enquêteurs n’avaient pas trouvé de « traces d'effraction dans les accès extérieurs».

Dimanche matin, Sennès avait annoncé qu’un bénévole de la cathédrale avait été arrêté et placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête, mais a confirmé dimanche soir qu’il avait été libéré «sans poursuite». Le recteur de la cathédrale, Hubert Champenois, a déclaré que le bénévole était un réfugié rwandais de 39 ans, arrivé en France il y a plusieurs années.

Le réfugié «était chargé de fermer la cathédrale vendredi soir et les enquêteurs voulaient préciser certains éléments de l'emploi du temps de cette personne». L’administrateur du diocèse, François Renaud, a déclaré que «quelques dizaines de bénévoles» travaillent à la cathédrale, mais que la nuit, «l'inspection est faite par un salarié de la cathédrale».

L’incendie de Nantes a lieu 21 mois après l’incendie dévastateur du 15 avril 2019 à la cathédrale Notre-Dame de Paris. La plupart des murs supérieurs de ce monument inestimable ont été gravement endommagés, son toit a été détruit et sa flèche s’est effondrée.

L’incendie de Notre-Dame a mis en évidence l’impact catastrophique des politiques d’austérité de la classe dirigeante française et le manque de fonds pour l’entretien et la protection des joyaux culturels de l’humanité.

Le système d’incendie de la cathédrale était très complexe et nécessitait un entraînement considérable pour pouvoir lire ses signaux d’alerte et déterminer l’emplacement d’un incendie. Lorsque l’incendie s’est déclaré, le seul employé sur place n’avait pas été en mesure de déterminer le lieu de l’incendie et avait conclu à tort que c’était une fausse alerte. Il avait été sur place trois jours de suite et commençait un deuxième quart de travail consécutif, son remplaçant n’étant pas arrivé.

De plus, selon «Le Canard enchainé», le système de sécurité était auparavant assuré par deux personnes, ce qui permettait à l’une de garder un œil sur les détecteurs tandis que l’autre se rendait – ce qui prenait beaucoup de temps – à la source potentielle des incendies. Le second poste de sécurité avait été supprimé en raison de coupes budgétaires.

(Article paru d’abord en anglais 20 juillet 2020)

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