Les États-Unis menacent l'Iran et le Venezuela de frappes militaires

Cette semaine, un haut responsable du gouvernement Trump a menacé que Washington mènerait une action militaire pour empêcher l'Iran de vendre des missiles au Venezuela, soit en confisquant les armes en haute mer, soit en les détruisant par des frappes aériennes si elles devaient arriver dans le pays sud-américain.

Le président Donald J.Trump affiche sa signature sur un décret imposant de nouvelles sanctions à l'Iran lundi 24 juin 2019, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Joyce N. Boghosian)

La menace a été lancée par Elliott Abrams, qui occupe les postes combinés d'envoyé spécial américain pour le Venezuela et l'Iran. Un agent d’expérience de la droite, Abrams a été condamné en rapport du scandale Iran-Contra dans les années 1980, lorsqu'il a joué un rôle central dans la création d'un réseau secret et illégal de financement des forces terroristes «Contra» organisées par la CIA pour attaquer le Nicaragua. Il est resté un brutal défenseur de tous les crimes commis par l'impérialisme américain à l'échelle internationale.

«Le transfert de missiles à longue portée de l'Iran au Venezuela n'est pas acceptable pour les États-Unis et ne sera ni toléré ni autorisé», a déclaré Abrams. «Nous ferons tout notre possible pour arrêter les expéditions de missiles à longue portée, et s’ils arrivent d’une manière ou d’une autre au Venezuela, ils y seront détruits.»

Il a ajouté: «Chaque livraison d'armes iraniennes déstabilise l'Amérique du Sud et les Caraïbes, et est particulièrement dangereuse pour les voisins du Venezuela au Brésil, en Colombie et en Guyane.» Les trois pays nommés ont été visités le mois dernier par le secrétaire américain Mike Pompeo lors d'une tournée anti-Venezuela et anti-Chine en Amérique latine qui a été accompagnée de manœuvres conjointes menaçantes des troupes américaines et des forces armées colombiennes.

Alors qu'Abrams n'a présenté aucune preuve d'un marché de missiles imminent entre Téhéran et Caracas, sa menace fait suite à la levée, le 18 octobre, de l'interdiction par les Nations Unies de l'achat ou de la vente d'armes classiques par l'Iran qui avait été imposée en 2007. La restriction a été levée dans le cadre de l’Accord nucléaire de 2015 conclu entre Téhéran et les grandes puissances, connu sous le nom de Plan d'action global conjoint ou JCPOA. Dans le cadre du JCPOA, l'Iran a accepté des restrictions sur son programme nucléaire civil en échange de la levée des sanctions.

Alors que le gouvernement Trump a unilatéralement abrogé l'Accord en 2018, imposant un régime de sanctions de «pression maximale» équivalant à un acte de guerre, il a néanmoins exigé avec arrogance que l'ONU invoque une disposition visant à réimposer les sanctions internationales et, en particulier, l’embargo sur les armes. La proposition n'a trouvé aucun soutien de la part des autres signataires de l'Accord – la Chine, la France, l'Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni et l'Union européenne – et a été rejetée par le Conseil de sécurité de l'ONU.

En réponse, Washington a intensifié son propre régime brutal de sanctions internationales. En plus d'imposer des sanctions secondaires contre toute entité commercialisant des armes avec l'Iran, il a étendu son blocus financier du pays à pratiquement toutes les banques iraniennes, entravant encore davantage l'importation par l'Iran de nourriture, de médicaments et d'autres fournitures humanitaires vitales.

Lundi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a annoncé une nouvelle série de sanctions, visant le ministère iranien du Pétrole, la National Iranian Oil Company (NIOC) et la National Iranian Tanker Company (NITC) en tant qu'entités terroristes au motif que les revenus pétroliers ont financé le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iraniens. Washington a également qualifié le CGRI d'organisation terroriste, la première fois qu'une telle désignation a été utilisée contre les forces armées d'un pays.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé l'escalade incessante des sanctions américaines au milieu de la pandémie mondiale de coronavirus. «Le coronavirus s'est avéré mortel, violent et brutal partout, mais c'est pire en Iran car il a un collaborateur cruel: [le] régime américain», a tweeté le ministère. Il a ajouté: «Les États-Unis ont élevé la pression maximale au niveau de terrorisme sanitaire et ciblé le peuple iranien avec des sanctions inhumaines alors qu'il combat la pandémie. Nous nous en sortirons, mais n'oublierons JAMAIS.»

Mercredi, l'Iran a signalé 415 décès dus au COVID-19, le total le plus élevé en une journée depuis le début de la pandémie. Cela porte le bilan officiel du pays à 33.714 morts. Il a également signalé 6824 autres infections à coronavirus confirmées, portant le nombre total à 558.648. L'Iran a été le pays le plus durement touché par le coronavirus au Moyen-Orient. Même avant la pandémie, des sanctions unilatérales américaines bloquaient l'accès de l'Iran aux médicaments, entraînant de nombreux décès évitables dus au cancer et à d'autres maladies.

A présent, les hôpitaux iraniens seraient débordés et sous-approvisionnés, les ambulances conduisant les patients d'un établissement après l'autre à la recherche de lits disponibles. En plus du régime de sanctions américain, la pandémie a été exacerbée par les politiques du gouvernement bourgeois iranien, qui a voulu imprudemment rouvrir les écoles et l'économie alors que la propagation du virus n’était toujours pas maîtrisée.

L'Iran a défendu son droit de vendre des armes en faisant fi des sanctions unilatérales de Washington. Le ministre iranien de la Défense, le brigadier général Amir Hatami a déclaré dimanche dernier que Téhéran était prêt à vendre des armes aux pays attaqués par Washington.

«De nombreux pays nous ont déjà parlé; nous avons eu des négociations avec certains pays, et les terrains sont totalement préparés pour les échanges [d'armes], à la fois pour la vente et pour la satisfaction de certains besoins» de l'armée iranienne, a déclaré Hatami .

L'Iran et le Venezuela ont fait des échanges commerciaux, en particulier en ce qui concerne les expéditions iraniennes de carburant et de produits pétroliers, malgré les menaces américaines de saisies de telles expéditions en haute mer. Une saisie d'un navire iranien expédiant des armes vers le pays sud-américain aurait le potentiel de déclencher des représailles et le déclenchement d'une guerre plus large dans tout le Moyen-Orient.

Washington a failli provoquer un tel conflit au début de cette année lors de son assassinat par drone de l'un des hauts responsables iraniens, le général Qassem Suleimani, après son arrivée à l'aéroport international de Bagdad pour une visite officielle.

Depuis lors, les États-Unis ont régulièrement intensifié les sanctions et les provocations militaires, y compris l'envoi d'une flottille aéronavale d'attaque de la marine américaine dans le golfe Persique pour la première fois en un an. Ils ont aussi proféré des menaces ouvertes de mener des frappes militaires contre des milices alignées sur l'Iran en Irak.

Une escalade similaire des menaces militaires est menée contre le Venezuela, avec le déploiement de la plus grande force américaine dans la région depuis l'invasion du Panama en 1989 sous le faux prétexte d'interdire le trafic de la drogue. Malgré l'échec lamentable de la marionnette de Washington, le président par intérim autoproclamé Juan Guaidó, à renverser le gouvernement du président Nicolas Maduro, notamment par une tentative de putsch militaire et une invasion par des mercenaires américains, le gouvernement Trump garde le cap pour un changement de régime.

Selon Bloomberg, il a envoyé son ancien ambassadeur en Allemagne Richard Grenell pour rencontrer le vice-président vénézuélien de la communication Jorge Rodriguez au Mexique le mois dernier dans le but de négocier l'éviction de Maduro. Les pourparlers n’auraient pas abouti. Le gouvernement Trump avait espéré réussir un coup publicitaire en politique étrangère, en particulier en lorgnant les circonscriptions électorales d'exilés cubains et vénézuéliens en Floride.

À l’approche des élections américaines dans une semaine à peine et la campagne de Trump en crise, il existe un danger imminent que son gouvernement ne provoque délibérément une guerre. Alors qu'une telle action a été généralement qualifiée dans la politique américaine de «surprise d'octobre», où Trump menace de rejeter les résultats de l'élection s'il perd, une telle «surprise» mortelle pourrait bien être organisée en décembre ou janvier pour faire dérailler un transfert de pouvoir et créer le prétexte à la loi martiale. Une telle manœuvre politique compterait sur la subordination des démocrates à l’armée dans des conditions de guerre.

La classe ouvrière doit se préparer à mener sa propre lutte contre le danger de guerre en construisant un mouvement politique de masse indépendant combattant pour des politiques socialistes et contre tous les partis de l'élite dirigeante capitaliste et du système de profit. C'est la perspective pour laquelle seul se bat le Parti de l'égalité socialiste.

(Article paru en anglais le 29 octobre 2020)

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