Perspectives

L’hiver de la mort du capitalisme

Une tragédie d’une ampleur sans précédent se déroule aux États-Unis. Plus de 13.000 personnes sont mortes rien que la semaine dernière, dont 2.918 jeudi, le nombre de décès quotidiens le plus élevé depuis le début de la pandémie. Plus de 218.000 personnes ont été déclarées positives au dépistage du coronavirus jeudi, un autre record.

Le nombre de décès aux États-Unis est stupéfiant: 283.000 personnes sont décédées. Au rythme de jeudi, 400.000 personnes seront mortes d’ici la fin de ce mois, et plus de 450.000 d’ici la fin janvier. On atteindra le cap d’un demi-million de morts à la mi-février, sans tenir compte de la hausse attendue du nombre de décès. Le directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), Robert Redfield, a déclaré cette semaine que les mois à venir «vont être les plus difficiles de l’histoire de la santé publique de cette nation».

Dans une déclaration extraordinaire, le président élu Joe Biden a déclaré mercredi: «Je ne veux effrayer personne ici, mais comprenez les faits: nous allons probablement perdre 250.000 personnes de plus d’ici janvier».

Biden a fait cette déclaration en laissant entendre que ces décès sont inévitables, comme s’il s’agissait d’un événement cosmique qui ne peut tout simplement pas être arrêté. Il n’a fait aucune proposition d’actions urgentes pour prévenir la mort d’un quart de million de personnes. En effet, il a fait suivre son commentaire par la déclaration: «Nous n’avons plus besoin de fermer». Ces remarques faisaient écho à sa déclaration du mois dernier: «Je ne vais pas arrêter l’économie, point final».

Le président élu sait très bien que la grande majorité de ces décès peuvent être évités en fermant la production non essentielle et en fermant les écoles aux États-Unis, avec une indemnisation complète pour les salaires perdus. Le Dr Michael Osterholm, le membre le plus éminent du groupe de travail COVID-19 de Biden, a appelé de toute urgence à une fermeture nationale le mois dernier, une position rejetée immédiatement par l’équipe de transition de Biden.

Près d’un an après le début de la pandémie, l’efficacité des mesures de santé publique n’est plus à démontrer. Tous les pays qui ont fermé des entreprises et des écoles ont connu une baisse du nombre de cas et de décès. Et chaque pays qui a assoupli les restrictions a connu une augmentation. Même aujourd’hui, si une fermeture nationale de la production non essentielle et des écoles était ordonnée, il ne fait aucun doute qu’elle permettrait de sauver des centaines de milliers de vies.

Pourtant, l’ensemble de l’establishment politique américain refuse de prendre les mesures les plus élémentaires nécessaires pour endiguer la pandémie. Au lieu de fermer des entreprises et des écoles, on élimine les restrictions restantes et les écoles, comme à New York, sont rouvertes. Au lieu de fournir une aide financière aux travailleurs, le Congrès refuse d’apporter l’aide la plus élémentaire aux chômeurs.

Trump utilise sa position de président pour faire tout ce qu’il peut pour faire avancer ses conspirations fascistes, qui ont progressé autour d’un appel à lever toutes les restrictions sur la propagation du virus. Le gangster à la Maison-Blanche ne mentionne même pas le nombre de morts qui continue d’augmenter. Biden, le futur président et chef de facto du parti démocrate, n’a rien de fondamentalement différent à proposer.

Depuis le début de la pandémie, on a subordonné toute la politique du gouvernement à la préservation des profits de la grande entreprise et des fortunes de la classe dirigeante. On a distribué des milliers de milliards de dollars à Wall Street, les marchés atteignant chaque jour de nouveaux sommets alors que les riches festoient autour de la mort et de la misère sociale.

Les attaques terroristes du 11 septembre ont tué 2.977 personnes. On les a utilisées pour lancer des guerres qui ont coûté quelque six mille milliards de dollars et pour mettre en œuvre de vastes attaques contre les droits démocratiques, tout cela sur la base d’une prétendue urgence nationale. Maintenant que l’équivalent d’un 11 septembre se produit chaque jour, l’establishment politique américain trouve qu’une mortalité aussi massive est inévitable. Et au milieu de la plus grande crise sociale depuis la Grande Dépression, prétendument on ne peut rien faire pour atténuer cet appauvrissement massif.

On doit prendre des mesures d’urgence immédiatement! Bien que le déploiement des vaccins a été rapidement mis en branle, on n’a aucune raison de croire qu’il sera mieux géré que la façon dont la classe dirigeante a réagi à la pandémie elle-même. Même dans les meilleures circonstances, au rythme actuel, des centaines de milliers de personnes mourront avant qu’un vaccin ne soit largement disponible.

La classe dirigeante, représentée par les démocrates et les républicains, refuse de prendre les mesures nécessaires. C’est pourquoi la classe ouvrière doit lancer le mouvement pour arrêter la pandémie – dans les quartiers, les usines et les lieux de travail. Il est nécessaire que les travailleurs prennent les choses en main.

Le Parti de l'égalité socialiste avance les revendications suivantes:

* Il faut immédiatement arrêter toute production sur les lieux de travail non essentiels et fermer les écoles. Si les experts en santé publique ont averti, à juste titre, que les déplacements pendant la pandémie présentent des risques massifs, le fait est que les usines et les écoles américaines sont tout aussi dangereuses que les aéroports. Et pourtant, les éclosions sur les lieux de travail et dans les écoles sont systématiquement dissimulées et ignorées.

* Il faut octroyer un revenu mensuel à toutes les familles, d’un montant suffisant pour garantir un niveau de vie décent jusqu’à ce qu’un retour au travail soit possible. Il faut octroyer une aide aux petites entreprises, d’un montant suffisant pour maintenir la viabilité économique de l’entreprise et les salaires de ses employés jusqu’à ce que les activités puissent reprendre.

* Il faut allouer de milliers de milliards de dollars pour accélérer la production et la distribution gratuite de vaccins et pour développer l'infrastructure de santé publique, notamment pour les tests et la recherche des contacts.

L’affirmation selon laquelle aucun argent n’est disponible pour de telles mesures d’urgence est un mensonge. Selon une étude récente de l’Institute of Policy Studies, un groupe de 10 milliardaires seulement a augmenté sa richesse de 42 pour cent depuis le début de la pandémie. La richesse de ces oligarques est générée par les travailleurs qui risquent leur vie chaque jour dans les usines et les entrepôts.

Il faut récupérer tous les fonds remis à Wall Street et aux entreprises dans le cadre de la loi bipartite CARES, et augmenter massivement les impôts sur les riches pour répondre aux besoins sociaux urgents. Toutes les grandes institutions financières et les entreprises doivent être converties en services publics contrôlés démocratiquement, et leurs activités doivent être réorientées pour mettre fin à la pandémie.

Puisque la COVID-19 a dévasté des usines, il est urgent de préparer dès maintenant des grèves et des débrayages. Le Parti de l’égalité socialiste a mené la lutte pour former des comités de base, indépendants des syndicats contrôlés par les entreprises, afin d’organiser les actions nécessaires pour sauver des vies, y compris des débrayages et des grèves pour arrêter la production non essentielle. Ces comités doivent être étendus et développés dans chaque lieu de travail et chaque usine.

L’offensive des travailleurs aux États-Unis doit être liée aux luttes des travailleurs en Amérique latine, en Europe, en Asie et dans le monde entier. La politique criminelle de la classe dominante aux États-Unis est l’expression la plus extrême d’une politique qui est menée dans tous les pays. La pandémie est une crise mondiale qui exige une réponse mondiale de la part de la classe ouvrière.

Les intérêts et les vies de centaines de milliers de personnes ne peuvent être défendus par les partis politiques et les structures institutionnelles existantes de la classe capitaliste. Cela nécessite une mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière dans la lutte contre le capitalisme.

L’ordre capitaliste s’est mis en guerre contre la société, exigeant le sacrifice d’un autre quart de million de vies pour l’enrichissement de la classe capitaliste. Ce sacrifice est inacceptable, et c’est le capitalisme qui devra disparaître. Le Parti de l’égalité socialiste mène le combat pour arrêter la pandémie et sauver d’innombrables vies en construisant un mouvement de masse de la classe ouvrière pour prendre le pouvoir politique, exproprier l’oligarchie financière et construire une société socialiste.

Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes à rejoindre le Parti de l’égalité socialiste et à s’engager dans cette lutte.

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