Mardi, la Cour suprême des États-Unis a rejeté un procès intenté par les alliés du président Donald Trump pour annuler les résultats de l’élection présidentielle de novembre dans l’État de Pennsylvanie. Ceci est la première fois que la plus haute cour se prononce sur les tentatives dictatoriales de Trump d’annuler les résultats de l’élection.
Dans une brève ordonnance de deux lignes, la cour a rejeté l’affaire portée par le représentant républicain de Pennsylvanie, Mike Kelly, sans commentaire ni dissension. La Pennsylvanie a certifié ses résultats électoraux la semaine dernière, déclarant l’ancien vice-président Joe Biden vainqueur après avoir battu Trump par environ 80.000 voix.
Le procès de Kelly a fait valoir qu’une loi de 2019 ayant élargi le vote par correspondance dans l’État avait été adoptée de façon anticonstitutionnelle. Lors de précédentes comparutions devant des tribunaux inférieurs, Kelly avait fait valoir qu’environ 2,5 millions de votes devaient être rejetés ou que le corps législatif contrôlé par les républicains devrait choisir le vainqueur de l’État.
Bien que ses poursuites judiciaires aient échoué, Trump refuser toujours de concéder l’élection, alléguant d’une vaste conspiration, sans aucune base factuelle, qui viserait à truquer l’élection. Il a exhorté ses partisans à chercher à se «venger» de ses «ennemis» présumés, qui comprennent des politiciens démocrates et républicains, des responsables électoraux et des employés des bureaux de vote.
Des sections importantes du Parti républicain ont amplifié les incitations fascistes de Trump. Lundi soir, le compte Twitter officiel du Parti républicain de l’Arizona a demandé à ses partisans combien d’entre eux étaient prêts à se sacrifier pour faire gagner le coup d’État illégal de Trump. Le compte républicain a répondu à un partisan d’extrême droite de «Stop the steal» qui s’est engagé à «donner sa vie pour ce combat» : «Il l’est. l’êtes-vous?»
Mardi, L. Lin Wood, un avocat allié à Trump, a poursuivi ses attaques fascistes contre les officiels républicains qui ne veulent pas renverser les résultats des élections, affirmant sur Twitter à ses plus de 700.000 ‘followers’ que le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, «aime la Chine communiste» et «n’aime pas les électeurs [de Géorgie]». Wood représente également Kyle Rittenhouse, le tireur fasciste qui a tué deux manifestants à Kenosha, dans le Wisconsin, au début de l’année.
Dans un procès sans précédent, l’État du Texas, dirigé par le procureur général républicain Ken Paxton, demande à la Cour suprême de bloquer le vote du Collège électoral dans quatre États ou le vote a été serré, qui ont voté pour Biden: la Géorgie, le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
Ce procès État contre État ne peut être résolu par la Cour suprême que si celle-ci décide d’entendre l’affaire. L’action en justice allègue que les «révisions statutaires inconstitutionnelles» liées à la pandémie, apportées aux lois électorales dans ces États, qui portaient principalement sur l’extension du vote par correspondance, violaient la loi fédérale et permettaient la fraude électorale.
Dans une interview accordée mardi à Spectrum News, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a apporté son soutien à cette action en justice, déclarant qu’elle apporterait «certitude et clarté sur l’ensemble du processus électoral».
Les responsables électoraux et procureurs généraux des États cités dans l’action en justice ont répondu avec dérision. Le secrétaire d’État adjoint de Géorgie, Jordan Fuchs, a qualifié les allégations de «fausses et irresponsables». Il a ajouté: «Le Texas prétend qu’il y a 80.000 fausses signatures sur les bulletins de vote par correspondance en Géorgie, mais il ne présente pas une seule personne à qui cela est arrivé. C’est parce que cela n’est pas arrivé».
Le procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro, a déclaré sur Twitter: «Ces attaques continues contre notre système électoral libre et équitable sont plus qu’impitoyables, plus qu’irresponsables — il s’agit d’un stratagème du président des États-Unis et de certains membres du Parti républicain pour ignorer la volonté du peuple et nommer leurs propres vainqueurs».
Le procureur général du Michigan, Dana Nessel, a qualifié dans une déclaration l’action intentée de «coup de publicité, et non de plaidoyer juridique sérieux».
Quelle que soit l'issue de l'affaire devant les tribunaux, le procès intenté par le Texas est une déclaration que Biden n'est pas le président légitimement élu et ouvre la voie à de violents affrontements quoi qu'il arrive le 20 janvier.
Dans un entretien mené par Sean Hannity lundi sur Fox News, le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a exhorté le gouverneur Kemp de Géorgie, à convoquer une session législative spéciale pour annuler les résultats ou ordonner un audit des signatures des bulletins de vote par correspondance. Graham a averti: «Si vous ne vous battez pas pour Trump maintenant, alors qu’il a le plus besoin de vous en tant que leader républicain en Géorgie, les gens ne vont pas se battre pour vous lorsque vous leur demanderez leurs voix pour vous réélire»
Graham a poursuivi: «Une guerre civile se prépare en Géorgie sans aucune raison valable. Il n’est pas déraisonnable de demander au corps législatif de revenir et d’ordonner un audit des signatures dans la course présidentielle…»
En réponse aux commentaires de Graham sur CNN mardi, James Clyburn, le whip de la majorité démocrate à la Chambre, a déclaré «Oui, une guerre civile se prépare, et elle est tout aussi singulière que la guerre civile que nous avons connue auparavant. Et il se trouve qu’elle se déroule dans la même partie du pays où elle a éclaté auparavant. Le résultat serait le même».
La réponse du parti démocrate aux efforts continus de Trump pour renverser les résultats des élections et inciter à la violence fasciste est de minimiser la menace tout en continuant à appeler à «l’unité» avec ses «collègues républicains». Les démocrates sont avant tout terrifiés par tout mouvement qui vient de la base dans un contexte de colère populaire croissante face à la réponse de la classe dirigeante à la pandémie.
Biden n’a fait aucune déclaration publique qui s’oppose à la tentative de coup d’État de Trump. Il fait pression pour la nomination d’un cabinet de droite, y compris la sélection imminente du général à la retraite Lloyd Austin, ancien commandant des opérations militaires au Moyen-Orient, comme secrétaire à la Défense.
Dans ses tentatives continues de renverser le vote et la Constitution, Trump est jusqu’à présent personnellement intervenu dans trois États — le Michigan, la Géorgie et la Pennsylvanie — pour demander l’aide des législateurs et des procureurs généraux républicains afin de renverser le vote.
Lundi, le Washington Post a rapporté qu’au cours de la semaine dernière, Trump a appelé à deux reprises le président de la Chambre des représentants de Pennsylvanie, Bryan Cutler, pour lui demander son aide. Un porte-parole de Cutler a déclaré au Post que Trump et Cutler ont parlé de «problèmes à Philadelphie», et Trump a demandé à Cutler: «Que pouvons-nous faire pour y remédier?»
Cutler a informé Trump que le corps législatif de l’État n’avait aucun pouvoir sur la liste des électeurs choisis. Cela ne l’a cependant pas empêché, lui et 62 autres législateurs républicains de Pennsylvanie, d’envoyer une lettre aux représentants du Congrès de Pennsylvanie pour leur demander de s’opposer aux électeurs de l’État le 6 janvier, date où le Congrès acceptera officiellement les résultats basés sur le vote du Collège électoral du 14 décembre.
La date butoir de cette élection était le 8 décembre — avant-hier. Selon la loi de 1887 sur le décompte électoral, le Congrès est tenu d’accepter les résultats certifiés par un État. Si un État modifie ses résultats après la date limite « de sûreté » ou ne les certifie pas avant cette date, le Congrès n’est pas obligé d’accepter les résultats.
Une partie de la stratégie des actions en justice de Trump consistait à retarder la certification des résultats des élections avant que le Collège électoral ne se réunisse le 14 décembre pour voter pour le président. L’Associated Press a rapporté que tous les États, à l’exception du Wisconsin, ont respecté le délai et certifié leurs résultats. Le Wisconsin doit certifier ses résultats, qui montrent que Biden a gagné par quelque 20.000 voix, après la conclusion d’une action en justice de Trump, qu’une cour de l’État entendra jeudi.
En réponse à la date limite « de sûreté », les avocats de Trump, Rudy Giuliani et Jenna Ellis — qui ont tous deux testés positifs au COVID-19 la semaine dernière — ont déclaré leur intention, ainsi que celle de Trump, de poursuivre leur tentative d’annuler les résultats. Leur déclaration disait que «le seul jour fixé dans la Constitution américaine est l’investiture du Président le 20 janvier à midi».
(Article paru d’abord en anglais le 9 decembre 2020)